jeudi 30 mars 2006

Éloge de la lenteur

Site des archives de l'émission
Il m'arrive parfois d'être impatient. Mais en fuyant la ville, je rejoignais la lenteur. La lenteur c'est aussi la douceur. Je fuis ce qui m'apparaît dépouvu de l'un comme de l'autre. On ne me voit pas beaucoup au village. Je ne fréquente certes pas les bars locaux, ces endroits, où la douceur est ensevelie sous des tonnes de carapaces et d'armures. Je ne fais pas dans le forage et ce ne sont guère des lieux qui se prêtent à de l'expansion d'âme, sinon sur le bord des larmes. Me manquent les cafés de ma jeunesse à Québec. Ces lieux comme le Temporel où j'ai tant discuté avec des hommes mais surtout avec des femmes avec lesquelles je terminais souvent la conversation dans les draps. Avec des gars aussi. Je me souviens entre autres d'une longue conversation avec un professeur japonais à l'université de Tokyo, attablé à mes côtés.
Je me délecte à écouter des écrivains durant ces longues soirées dans mon antre du village. Depuis plusieurs années, je savoure les entrevues de celui que je considère comme étant le meilleur interviewer, Alain Veinstein. Les soirs de semaine, Alain Veinstein reçoit. Il reçoit des écrivains. Ce soir j'ai écouté en différé tout à tour, David Le Breton pour son livre Les saveurs du monde, Tzevtan Todorov qui publie Les aventuriers de l'absolu, Jean Echenoz qui romance un Ravel et Antoine Volodine qui revient avec Nos animaux préférés. Un jour j'ai écouté Linda Lê. Lorsque je la rencontrai, peu de temps après, je lui demandai ce qu'elle avait pensé de son passage chez Alain Veinstein. Ses yeux se mirent à briller. J'aurais aimé le demander à Antoine Volodine, lui qui est allé au moins 4 fois chez Veinstein, mais cela m'est parti de l'idée. Malgré les difficultés que peut poser la littérature de Volodine, Veinstein réussit toujours à soumettre les bonnes questions en pâture à celui-ci, comme à tous les autres du reste. Mais ce qui distingue l'entrevue d'Alain Veinstein c'est qu'il ne répond jamais aux opinions des auteur·e·s, sinon par un “ Mmmm ”, tel un psychanalyste.
Alain Veinstein lit les livres des auteurs, non seulement les livres qui sortent mais tous les livres des auteurs qu'il invite. Cela lui permet de refaire le trajet de l'auteur avec lui. Il lit aussi entre les lignes et c'est là que ça devient intéressant au possible. Il met à jour l'os que l'auteur tente de cacher et le lui soumet en une question toute innocente, vers la fin, une fois que sa proie est engourdie ou, devrais-je dire totalement à l'aise, ce qui nous vaut des révélations intéressantes. Redoutable artiste de l'entrevue. Et puis, même si elle n'est pas longue - une quarantaine de minutes tout au plus - l'entrevue est jonchée de silences, d'hésitations, de respirs, telle une conversation entre deux amis qui n'ont plus rien à craindre d'être ensemble.

mercredi 29 mars 2006

Le long chemin de la réflexion


Le vaste champ spirituel est celui qui permet de donner un sens à l'existence. Depuis le début de l'adoslescence, j'ai toujours fait la distinction entre spiritualité et rituels religieux, telle la messe. Pourtant, j'ai été servant de messe pendant 3 ou 4 ans! De surcroît, toutes les semaines je passais le feuillet paroissial de porte en porte... avec des billets de loteries que je vendais en même temps, des billets de Loto-Québec! On ne peut plus contradictoire? Ce n'était pas pire que les bingos... à peu de choses près.
Toutefois, il se peut que le billet de loterie ait été symboliquement un autre clou au cercueil du partage, car le bingo, lui, servait à financer les Fabriques de paroisses. L'achat d'un billet de loto était, est et demeure un acte individuel. Le bingo a(vait)un aspect convivial. Mais, à 11 ans, je n'en avais aucune idée. Mon entourage ne s'en offusquait guère non plus. Toujours est-il qu'un jour, j'ai décidé que j'en avais marre d'entendre ânonner toujours les mêmes trucs et le reste de la semaine de voir la contradiction entre cela et le reste de l'existence.

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Dans le champ du spirituel, j'inclus les diverses confessions religieuses, les rites de passage, le paganisme, les cycles de tous genres, la mythologie, l'interaction entre les hommes et les forces de la nature, voire les mathématiques, la physique quantique et, par extension, les arts et la littérature. C'est un grand champ d'exploration. Comme dit Bernard Émond, réalisateur de la La Neuvaine dans l'entrevue qu'il accordait à Alain Crevier à l'émission Second Regard du 19 mars dernier: “ Si la vie se résume au magasinage de fin de semaine au centre d'achat, ça vaut pas la peine de continuer ”.

Il ne s'agit pas ici de nier l'importance du réel mais de le transcender, d'y apporter un sens. Il doit bien y avoir une continuité entre ce que l'on pratique dans le monde réel et l'autre. Tout ce qui ne tient pas la route entre l'un et l'autre, en termes de finalité, se solde par une faillite du sens. Pas très difficile de s'interroger là-dessus. On peut tous faire l'exercice de se demander ce qui a une importance et ce qui n'en a pas. Pour ça, il faut pouvoir s'arrêter pour y réfléchir.

Lire aussi l'essai d'Élaine Larochelle, prof. de philo au cégep François-Xavier Garneau dans le Devoir de samedi dernier. Elle s'interroge sur l'hypersexualisation de notre société et le propos d'Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes. Elle écrit notamment:
À la différence du Meilleur des mondes, nos sociétés libérales n'ont pas connu de campagne ouverte et violente contre le passé: personne n'a fermé les musées, détruit les monuments historiques et supprimé la grande littérature. Mais dans nos démocraties, alors que les grandes œuvres devraient être valorisées et accessibles à plus de gens (parce qu'elles stimulent la réflexion et que la réflexion personnelle est nécessaire pour que la démocratie ne soit pas démagogie), leurs effets sont neutralisés à l'avance par une campagne douce et insidieuse : celle du divertissement facile et de la sexualité, celle du divertissement empreint de sexualité.
Bien entendu, il n'y a pas que cela. Il s'agit en même temps d'un propos sur la fuite et sur le besoin à combler constamment et qu'il ne l'est jamais.

mardi 28 mars 2006

Retraite anticipée ou retrait préventif?


Au bureau, il y a dix jours
Photo: Mateusz Manikowski

A la fin du mois, je serai officiellement à la retraite... avec 17 ans de retard. Je voulais prendre ma retraite à 30 ans. Ce sera pour la prochaine vie.


À la cabane, il y a dix jours.
Photo: Mateusz Manikowski

Je me suis vraiment arrangé pour consacrer exclusivement mon temps à de la création personnelle. C'est surtout cela dont je parle quand je parle de retraite. J'ai quelques dettes à rembourser et ce n'est pas le marché du travail qui va permettre de le faire avec sa platitude. Faut donc qu'il sorte de cette caboche des choses « pètées ».


Photo: Mateusz Manikowski
Il faut que je m'associe à d'autres cependant, car seul je ne déclenche pas grand'chose. C'est discutable mais l'énergie que génére l'expérimentation, le collage à deux ou à plusieurs qui focalisent est puissant. Alors, je vais scruter l'horizon à la recherche d'un projet enthousiasmant. Je suis plein d'énergie. Le seul fait que je sois passé de r·i·e·n à être propriétaire, bâtir mon chez moi et y œuvrer en un an est fabuleux. Il fallait que je sois en sacrée colère...


Photo: Mateusz Manikowski
Être à la retraite signifie être à temps plein au service de la communauté de la meilleure façon possible. Je me suis affranchi d'une servilité. Prendre sa retraite maintenant alors que je suis en pleine forme et relativement jeune est un espoir réalisé. Je ne suis pas le genre à jouer au golf.

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Je ne saurais remercier ceux et celles qui m'ont soutenus depuis toujours dans ce projet autrement qu'en faisant fructifier leur constante conviction en moi.

lundi 27 mars 2006

Mais dis qu'à m'man, je l'appuie.


Une double-catastrophe nous guette, provoquée par l'industrie pharmaceutique. La première partie concerne le Québec avec son assurance-médicaments qui sera bientôt ingérable, comme j'avais dit il y a plus de dix ans au ministre de la Santé et des Services sociaux d'alors, Paul Bégin, en tribune téléphonique. La raison que déjà je voyais à cette situation m'apparaissait évidente alors: étant donné que nous avons une assurance-médicaments, nous ne nous préoccuperons plus des coûts, puisque « c'est l'assurance qui paie ». Résultat prévisible: les coûts des médicaments n'ont cessé d'augmenter au point où le « régime » est sur le bord de la faillite et que la consommation de médicaments va bientôt dépasser le budget de l'alimentation sur une base moyenne annuelle! Si ce n'est déjà fait. Mais vu qu'on ne paie pas directement la note, on ne se rend pas compte. N'ayant aucun levier de négociations, nous avons laissé faire cette situation. Il en coûte maintenant 900 dollars par année par tête de pipe pour financer cette assurance-là, même si vous ne prenez pas une aspirine de l'année! Il me semble qu'on deviendrait dingue à moins. Et cela est en surplus du 22 milliards que coûte un système de santé très moyen au Québec... On lui injecterait 100 milliards par année qu'il serait encore en déficit. Il y a de sacrés problèmes structurels et personne ne cèdera un millimètre de terrain.
Serait-ce là un effet pervers de la laïcité? Le rejet de valeurs spirituelles liées à l'existence ferait-il qu'on ne veut plus mourir et que l'on tienne mordicus à vivre jusqu'à 100 ans sous perfusion, en chaise roulante, s'il le faut, etc.? Je n'irai pas jusqu'à être d'accord avec Jean-Louis Trintignant qui, à l'émission de Le Bigot dimanche, a dit quelque chose qui m'a sidéré: « Faudrait se débarasser des vieux. » Écoutez l'extrait (1m26s). C'est décapant... et intrigant. Reste que ma mère, elle, a le courage d'exiger que si elle n'est plus en mesure de s'occuper d'elle-même, de ne pas vouloir vivre plus longtemps... Mais je serais contre toute tentative de mise à mort d'une génération soi-disant parce qu'elle serait inutile. Je ne comprends pas que Trintignant tienne un tel propos.

Je suis pour un nouveau paradigme, une nouvelle société ou notamment les relations intergénérationnelles ne seraient pas cette ghettoïsation de maintenant, soit dit en passant. Mais je m'étends vachement là... Je conseille le visionnement de l'interview que donnait Bernard Émond, réalisateur du film La Neuvaine, à Alain Crevier pour l'émission Second Regard, pour un début de réflexion là-dessus.
Le second aspect de la catastrophe pharmaceutique - et conséquent du premier - vise le rejet dans les eaux, les nappes phréatiques, etc. de quantité ahurissante de médicaments consommés, soit pas les humains, soit par les animaux. On a commencé à remarquer dans la faune les effets pervers de cette situation. De plus, nous buvons de l'eau contaminé au médicaments sans le savoir. Pas besoin d'en avaler des flacons, mais en quantité infinitésimales et cumulatives, nous n'avons qu'à nous croiser les doigts.
◊ ◊ ◊

À part ça, y fait beau aujourd'hui, mais pas chaud. Les étourneaux sont arrivés à 15h pile en provenance du New Hampshire où on les a fouillé à la frontière jusque sous les ailes. L'attroupement étant désormais interdit aux États-Unis, Homeland Security oblige. Sous chaque attroupement d'étourneaux, c'est bien connu, un terroriste potentiel se cache. Les États-Unis sont toujours dans une situation
volatile.
◊ ◊ ◊

L'entrevue de Trintignant au complet. Il dit tout de même des choses intéressantes! Je dirais même plus. J'aime beaucoup Trintignant. Cette entrevue a été un moment de bonheur.

samedi 25 mars 2006

Cinoche : réaliser le dépassement de soi

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Sept Chutes, Saint-Féréol-les-Neiges, août 1976
Photo: Philippe Périer

Il y a 30 ans je faisais du cinéma... Rien d'extraordinaire mais j'explorais le médium. La vidéo n'était pas vraiment accessible à l'époque, sans être obligé de trimbaler tout un attirail avec soi. Les cassettes n'existaient pas encore. On tournait sur du ruban magnétoscopique qu'on enroulait à la main sur de lourdes machines. Pour le compact, il fallait se tourner vers le super 8. Une caméra achétée l'année d'avant près de 400 dollars - une fortune à l'époque - et l'achat à répétition de petites cassettes de film qui durait 3 minutes 20 secondes à 5 $ allait me permettre plus ou moins d'expérimenter. Je ne pouvais concevoir ni n'avait vraiment d'idées à l'époque sur des scénarios intéressants. C'était la lumière qui m'intéressait d'abord. La captation de la lumière dans diverses situations, jusque dans l'obscurité. Puis les techniques possibles. Le cadrage était important de même que les effets spéciaux. En tout 5 heures de films. Il m'a fallu abandonner lorsque le cour de l'argent - le métal - sur le marché mondial avait tellement monté qu'en quelques semaines le prix du film de 3m20 était passé de 5 à 15 $, trois heures de salaire pour 3 minutes de tournage... Nous étions en 1978. C'est Kodak qui fit des millions avec ça puisque le jour où les prix de l'argent redescendirent, eux ne baissèrent pas leur prix... Et moi, je passai à autre chose. Au tout début de la "Course autour du monde" ou "Course des Amériques", je fus bien tenté de poser ma candidature, mais je n'étais pas sûr de pouvoir être à la hauteur.
Je vais tourner quelque chose un jour, c'est sûr. Mais pour le moment, il y a trop d'éparpillement dans mes réflexions pour envisager un scénario qui tienne la route de bout en bout, car il est facile de se casser la gueule. Je suis parfois ébloui par ce qui sort de la caboche de certains réalisateurs et lorsqu'on a vu des chefs d'oeuvres il est difficile de ne pas prétendre faire des navets. Cela, du reste, a toujours été un obstacle. Comment croire que je pourrais faire quelque chose de sublime...

jeudi 23 mars 2006

Produits non-taxables:
1) la respiration,
2) le temps,
3) la réflexion,
4) le rêve,
5) la contemplation.
4. Le rêve

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Carte-mère Asus. Cela pourrait être le plan d'une ville nouvelle en Europe, le Brasilia ou le Chandigarh de Le Corbusier.
“Je voulais te faire entendre un truc mais ça déconne en ce moment.” La radio émettait un griche griche inutile. Ils s’assièrent et allumèrent des cigarettes. Darvo fit un faux mouvement et Planchon dit : “Bon ça y est! T’arranges pas pour foutre le feu en plus!”

“Ah ça alors!”, rétorqua Darvo, “je ne sais pas ce que vous avez tous avec le feu ici, mais partout où je vais il y a les boniments et puis cette phrase mot pour mot, partout : ‘t’arranges pas pour foutre le feu en plus’.” “Aïe!”, lui rétorqua Taboulé, “t’oublie que le bled est réputé pour ses incendies. Dans les années 60 la ville flambait comme une allumette.” “Non?!”, lui fit Darvo. “Eh oui...”, fit Planchon, opinant de la tête. “Et tu sais qui a mis fin à tout ça Darvo?”, lui demanda Taboulé qui n'attendit pas la réponse de Darvo, “c’est Herménégilde Bédard”.

Darvo regardait maintenant Taboulé d'un air tout a fait incrédule, les yeux grands comme des trente sous. “Comment tu sais ça toi!?”. “Simple!”, fit Taboulé qui feignait tout savoir. “Imagine toi que ton Herménégilde Bédard est venu ensuite travailler chez nous dès le lendemain de la révolution. Et pour ce service, le président lui donna son nom à un grand boulevard de la capitale. Nous on savait très bien que ça ne valait rien car son successeur allait s’impresser de le renommer dès son arrivée. Ainsi, trois ans après, le boulevard du citoyen Herménégilde Bédard devint le boulevard de la Puce!”. “De la puce!?”, s’esclaffa Darvo qui faillit s’étouffer. “Pourquoi de la Puce?” “Parce que ce fou était malade d’informatique, il avait renommé toute la ville de composants d’ordinateurs!”

Taboulé sortit une carte postale de sa poche. Plusieurs photos se trouvaient réunies en une sorte de mosaïque sur son recto. Taboulé expliqua que la ville avait été ordonnée comme une arborescence de mémoire d’ordinateur. “Alors t’as la ville, le grand boulevard, l’avenue, la petite rue, puis la maison sur une carte postale avec l’arborescence en dessous : Babelum/boulevard de la Puce/avenue des Octets/rue des Transistors/unité d’habitation.001 • Génial, ça leur permet de nous avoir à l’œil.”

Accueilli en chantant tous les matins

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What the pot said, artiste non cité, MONA de Détroit
Lorsque j'entre au bureau, je suis accueilli par le chant du "sink" accompagné de la chantepleure, histoire de blanchir la veille en nettoyant mon pot de café. Sur les entrefaits, se met en colère la bouilloire qui, de sa voix de soprano, entame en mi bémol majeur l'hymne matinal du premier café. Kettle à être si en voix? Je n'en sais rien. N'empêche que j'ai grande es-steam pour sa prestation.

Blue Period, artiste non cité, MONA de Détroit
En cherchant une bouilloire pour illustrer une partie de mon propos, je suis aussi tombé sur ceci qui se retrouvait de même sur une page du Musée du Nouvel Art (art contemporain?) de Détroit. C'est extraordinaire parce que tant qu'à être dans les jeux de mots, celui-là est fabuleux! Blue Period. Il y a au moins trois sens à la chose. D'abord dans un sens littéral on pourrait l'intituler aussi: « C'est bleu, point à la ligne ». Dans un sens spacio-temporel, on fait référence bien évidemment à la « période bleue » chez certains artistes en art visuel et, par extension, à quiconque ou quoique ce soit. Le troisième sens est un amalgame des deux en simplifiant au maximum l'effet de sens, voire en le ridiculisant. Allez savoir...

mercredi 22 mars 2006

À plat, c'est beau...


C'est pas les vrais...
Je cherchais un truc sur le net et je suis tombé sur eux. Comment puis-je être sûr que c'est bien eux? Avec un nom pareil, je me méfierais des sosies!

lundi 20 mars 2006

Pauline à la plage


Garnotte - Le Devoir, 14 juin 2005
Le départ de Pauline Marois est une grande perte. Il survient si peu de temps après la démission d'une fidèle collaboratrice, la députée de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, qu'il n'est pas difficile de croire que c'est la goutte qui a fait débordé le vase. Même si on pouvait trouver qu'elle avait l'allure d'une souveraine (ne l'était-elle pas après tout!), elle aura manipulé des dossiers très lourds avec somme toute, beaucoup de dextérité mais sans soulever d'opposition mur à mur comme on le voit depuis quelque années avec le présent gouvernement. Elle a aussi innové quand cela lui était possible. Le joyau de sa carrière politique, ce sont les centres de la petite enfance et les garderies à 5 $. Elle a terminé la laïcisation des écoles en faisant passer les commissions scolaires de Québec et Montréal de confessions religieuses à linguistiques, sans opposition et à l'unimité du Parlement canadien, car il faillait enchâsser cette décision puisque lesdites commissions scolaires sont des articles de la Constitution! Elle m'a aidé personnellement après un simple coup de fil à son cabinet, il y a très longtemps. Sacrement efficace. Je lui souhaite bonne continuation, elle qui est encore très alerte, efficace et sensible aux autres.

Calendrier lunaire


Calendrier lunaire 2006

J'ai reçu aujourd'hui le calendrier lunaire dont je parlais il y a peu. On m'a fait un cadeau: un certain nombre des dessins qui étaient parus dans les calendriers des années antérieures. Je me suis empressé d'enlever ce que j'avais mis sur les murs pour les y coller.


La lune, Vénus et le soleil, vus par la sonde Clémentine, le 1er avril 1994.
Source: US Naval Research Laboratory
Animation créée à partir d'un vidéo de ½ seconde en extirpant les 14 vidéogrammes disponibles.

dimanche 19 mars 2006

Retrouvailles inopinées et hygiéniques

En cet après-midi de juillet 1982, au Café latin de la rue Sainte-Ursule, la conversation avait été provoquée par sa lecture du Facteur sonne toujours deux fois, de James M. Cain qui – pas longtemps auparavant – avait été la cause d'une catastrophe dans ma vie, car un (deuxième) film qui était sorti sur les écrans à ce moment-là (Bob Rafelson), avait fait péter les plombs d'une autre fille de laquelle je m'étais amouraché, connue elle aussi... qui passe dans l'journal elle aussi.
Il y a quelque chose dans le regard de Brigitte à la fois triste et à la fois tout en délicatesse, quand vous lui parlez. Sous cet air délicat et fragile, se manifeste l'aura d'une fonceuse. Nous avions donc discuté un bout et nous nous étions revus là un autre jour, je crois. Mais j'ai vraiment la mémoire qui flanche, mais de manière très sélective, faut croire. Un jour j'ai aussi rencontré sa sœur, tout aussi charmante. Deux filles natives de Rivière Ouelle. Puis j'ai perdu leur trace. Je ne me souviens plus.
Je suis content de la retrouver à la Une du cahier Livres du Devoir. Après avoir cavalé comme tout le monde, elle a enfin trouvé sa niche*, une maison d'édition en l'occurence et qui roule fort bien, les Allusifs dont la mission littéraire est vraiment originale – dans la mouvance d'Actes Sud – à des prix agréables, comme son site les indique.

* Niche dans cet usage est un anglicisme. Le mot est passé à l'usage chez les Anglais, après l'invasion anglo-normande, il y a mille ans. Donc il est français. Il remplace bien « créneau » et à peu de chose près signifie la même chose à l'origine : creux dans un mur pour mettre une statue, infractuosité, etc. dans les deux langues.

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Y a quelque chose qui m'énerve royalement dans la critique livresque québécoise et que je ne vois nulle part ailleurs: les livres n'ont jamais de prix! Je trouve ça tout aussi déplacé que toute la jungle littéraire semble croire que le contraire l'est. Combien se vend-il le livre, sapristi? En France, aux États-Unis, les livres coûtent quelque chose et on l'inscrit à la fin des recensions dans les journaux ou ailleurs. Ici, c'est gratuit? C'est un renseignement qui a son intérêt. Désolé, mais je n'achète pas les livres les yeux fermés, comme si j'avais un million dans mes poches. En tout cas, il est certain que je vais m'acheter les livres neufs des éditions Allusifs, parce que le prix m'inspirent autant que les œuvres.

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Et puis... tant qu'à être dans l'coin...


Jeudi dernier au Saint-Supplice à Moréal était lancé la "première" revue littéraire québécoise en ligne, une initiative de la poète Claudine Bertrand, femme curieuse, à l'affût de tout, enthousiaste, etc. Une oeuvre multimédia de la charmante, asticieuse et douée Christine Palmiéri ouvre le site. On y retrouve des textes inédits d'auteurs connus qui ont ainsi prêtés leurs plumes à cette initiative: Jean-Pierre Faye, Fernando Arrabal pour ne nommer qu'eux. Mais il y a beaucoup plus que ça. Allez-voir!
Mouvances.ca

samedi 18 mars 2006

Bonheur au tofu avec huile d'olive


Ils sont venus me filmer chez moi aujourd'hui. C'est sur le bonheur... Moi et le bonheur. Mon point de vue sur le bonheur est un peu hors champ, mais pas si original car je ne suis ni le premier ni le dernier des Mohicans à tenter de se libérer de cet univers.
Jai déjà écrit ici et ailleurs, que je suis plutôt un animal social mais comme j'ai pu phraser aujoud'hui, même si mes meilleurs moments de bonheur l'ont été parmi les gens, mon entourage, je ne suis plus prêt a faire de compromis pour être entouré de gens. Il faut agir sur cette situation malheureuse qu'est notre monde. Ma façon de protester n'inclut pas de poser des bombes. Ce n'est pas non plus de prêcher. J'ai déjà donné. Fatigué.
En tout état de cause, comment moi qui semble si frustré puis-je avoir quoique ce soit à dire sur le bonheur? Je ne suis pas frustré. Je suis là où j'ai choisi d'être, même si c'est une adaptation aux circonstances. C'est idéalement toujours le cas. N'est-ce pas?
L'une des idées qui m'est spontanément venu en réponse à ce que signifie le bonheur, consiste à être en accord avec soi-même, à diapason avec sa voie intérieure, pour le dire ainsi. Même si ma situation présente peut sembler folle, je ne la crois pas pire que bien des modes de vie que je constate tout autour de moi et qui semblent consister à courir après sa queue, tel un jeune chien.
En fait, je ne prise guère le mot « bonheur » et y préfère de beaucoup celui de « sérénité », notion qui est plus près de mon entendement pour tout ce que j'ai dit plus haut au sujet du bonheur, mais j'ai bien accepté dans un premier temps de répondre à la question du « bonheur ». La sérénité est la base sur laquelle on peut construire. Être en accord avec soi-même. Mais le bonheur a une demi-vie plutôt courte. C'est un feu de paille lié à un événement et qui se volatilise tel la queue d'une comète. Le bonheur est renouvelable. La sérénité est la roche-mère, le socle solide.

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Sur le sujet du bonheur, je pense que le réalisateur britannique Michael Apted a contribué d'une façon significative sous la forme d'un documentaire débuté en 1964 et qui n'en finit pas de se poursuivre! En 1964, il filme une douzaine de jeunes de 7 ans toute couche sociale confondue, en leur donnant la parole. Il retourne voir les jeunes à tous les 7 ans pour voir où ils en sont rendus. Le dernier film de la série est 42 up, car en 1998, ce jeunes avaient plus ou moins 42 ans. La notion du bonheur est intrinsèque à la forme de documentaire qui se construit. Où en sont tous ces jeunes qui ont ainsi été suivis si longtemps. On peut lire les critiques du p'tit dernier 42 up sur ce site. L'approche du réalisateur qui est venu cet après-midi est différente. Mais j'ai accepté l'idée car son scénario me semble très intéressant aussi.

Recette
Ce soir j'ai pensé faire un truc végé. J'ai coupé le quart d'une brique de tofu en dés, j'ai mélangé à du taboulé, arroser d'huile d'olive, ajouter quelques épices et mis à la poêle à feu doux, couvert. Un petit délice.

vendredi 17 mars 2006

Le génie de David Irvine-Halliday
et de David Green.


David Irvine-Halliday, fondateur de Light Up the World avec le docteur Hashim Nazarwal à Kandahar, en janvier 2006.
Photo fournie par David I-H.

David Green avait mis au point un procédé d'éclairage aux diodes dans les années 90, combiné avec des piles et des panneaux solaires. A l'époque la diode avait dépassé le stade d'éclairage de calculatrices et autres affichages du genre pour passer d'un lumen par watt à cinq! Aujourd'hui son entreprise Carmanah rejoint toutes les infrastructures urbaines de la planète... sauf ici bien évidemment.
David Irvine-Halliday prof. de physique à l'université de Calgary se promenait au Népal. Il entendit des enfants réciter leurs leçons à haute voix dans une école et s'est rendu compte qu'il faisait très sombre dans les classes. Lui est alors venu l'idée de trouver un éclairage peu chère pour le tiers monde.

Diodes alimentées par piles et panneaux solaires: 60 dollars, garanti de 20 ans.
La rencontre de David Green de Victoria et David Irvine-Halliday de Calgary allait permettre à l'idée de voir le jour. Ils ont réussi à créer des diodes qui donnent une lumière blanche et qui peut donner jusqu'à 25 lumens par watts, ce qui est une avancé extraordinaire. Ainsi est né Light Up the World qui pour 60 dollars canadiens fournit un éclairage aux maisons du tiers monde qui vont cesser de dépendre du coûteux kérosène, qui est une des grandes sources d'émissions de gaz à effet de serre dans le tiers monde, la lampe à l'huile constituant encore pour la majorité des terriens, le seul éclairage possible.
◊ ◊ ◊

Il y a sept ans – SEPT ANS – j'avais pris contact avec les ingénieurs de la Ville de Montréal avec l'intention d'aller de l'avant avec un concept d'éclairage autonome des signalisations de stationnement pour l'hiver. A cette époque, incapable de s'entendre avec Hydro-Québec qui chargeait pour chaque signalisation électrique de stationnement le prix d'une installation électrique commerciale, la Ville avait été dans l'obligation d'enlever ses milliers de signalisations lumineuses, une tragédie si l'on considère que cette signalisation en soi avait été en son temps une avancé astucieuse. Encore une fois, Hydro-Québec démontrait son ineptie.
J'avais pris contact avec les gens de Carmanah à Victoria et j'étais prêt à organiser des conférences en vue de l'installation d'un projet-pilote d'éclairage aux diodes alimentés par une combinaison pile/panneau solaire, comme nouveau type d'éclairage des panneaux de signalisation déjà installés, afin d'éviter cette catastrophe. D'autres villes ont bougé sur ce plan. A la Ville de Montréal, comme j'aurais dû m'y attendre on m'avait répondu que c'était impossible dans une longue lettre: « si ça existait, ça se saurait ». Pas étonnant que le logo de la Ville de Montréal soit celui d'une compagnie de nouilles opérant à Hong Kong...
Maintenant, ce dont nous pouvons être assuré, c'est que tout le tiers monde sera éclairé au solaire avant qu'Hydro-Québec ou la Ville de Montréal ou qui que ce soit au Québec qui ait un poste de décision sorte de sa torpeur de fat cat à 100 000 $ par année. Une autre bonne raison de ne plus y être.



Modèle américain récent d'un camion de routier tout éclairé aux diodes, ce soir à la Patrie.

jeudi 16 mars 2006

Le cordon • Le défi


Kieron Dwyer - "Consumer Whore" [Le consommateur-pute] - Graphic, 1999
Poursuivi par Starbuck, son logo peut être montré par d'autres que lui.

Je travaille pour une boîte tordue. Ce ne sera pas la première fois. Par contre, le seul défi à relever en y restant serait de ne pas péter les plombs. La première année fut très dure mais enrichissante, satisfaisante réciproquement. Après 4 ans, j'agonise. Mon expérimentation de vie hors la ville n'est pas basée sur un concept masochiste. Travailler pour des boîtes tordues faisaient partie des raisons pour lesquelles je ne pouvais rester une minute de plus à Montréal. C'est partout pareil? Je ne crois pas. J'ai tout de même à peu près toujours eu un malaise à Montréal, un malaise concernant le sens à donner aux choses. Ma capacité à trouver du sens sur cette île allait s'étiolant avec les années qui passaient. Sisyphe. Cette boîte, donc, est un lien malsain avec Montréal. Je termine ce que je fais et je coupe. Je ne travaillerai plus pour une entreprise qui a ses pénates à Montréal. C'est trop cinglé. J'ai juste un petit QI de 130 après tout.
Je ne sacrifie pas grand'chose en ayant quitté la ville, celle-là en tout cas. J'essaie toujours de comprendre ce qui par-dessus tout était en train de me rendre vraiment totalement stressé. Tout y est basé sur l'argent et la consommation en une frénésie qui n'est pas sans me rappeler des poules auxquelles on viendrait de couper la tête. C'est le sens qui supplantait tous les autres possibles, je pense. Pour moi. Partout. Une vacuité. Ça dégoulinait de fric comme le surplus de condiments d'un Big Mac et tout était consommable, marchandisable, même tenir une porte. Le calcul. Toujours le calcul.

La ville m'apparaît de plus en plus floue.
Depuis plusieurs années et malgré les vicissitudes, je baigne dans une sorte de sérénité sous-jacente. Rien à voir avec le bonheur. La sérénité c'est une quiétude. Je veux partager cette sérénité, mais certainement pas avec des trous noirs. Montréal était en quelque sorte un trou noir d'où ma lumière petit à petit m'échappait.
Pendant les 19 ans que j'ai été à Montréal, j'ai aussi souvent que possible ramasser les papiers et autres trucs qui trainaient sur les troittoirs. Il m'est arrivé de partir avec un sac à ordures et de faire ma rue. Faut-il à chaque fois attendre après le "gouvarnemain" pour poser des gestes? Faut-il vraiment toujours s'en remettre aux autorités pour faire le minimum?
Un été où il ne pleuvait pas et où la Ville avait décidé de ne pas arroser et que l'espèce de douche/piscine dans le parc près de chez moi fonctionnait à plein régime 24 heures sur 24 (même bien après que j'eus avisé la Ville de la chose et qu'on m'apprit que le manuel d'instruction du bidule avait été égaré), je partis de chez moi avec un grand seau blanc et allai arroser les arbres et les fleurs sur l'avenue du Parc, en entrant dans les commerces pour emplir mon seau d'eau, tout le long de la route. Cela ne fait pas de moi un héros. Cela fait de moi quelqu'un de libre. Sans aucune autre contrepartie que celle d'avoir évité que le peu d'arbres et de plantes que j'ai arrosé ne meurt. Bien évidememnt, je passais pour un « bizarre », ce faisant. Mais cela m'importait très peu. Ce qui comptait c'était la spontanéité.
Il faut vraiment avoir une notion de la vie très étroite et culturellement incrustée pour ne plus être en mesure de voir la destruction qui s'opère dans notre façon de fonctionner. C'est petit à petit que se perdent les repères, au compte-goutte du temps. La série Les citadins du rebus global ne devait pas être qu'un divertissement à la télé. Il faut vraiment se demander ce que l'on est en train de perdre à vouloir à tout prix se défoncer à gagner. Je fais le chemin inverse. Totalement. Je saute du train fou ici en coupant après avoir hésité, en croyant que j'allais me rompre les os ce faisant.

Site définitif de la série.

mardi 14 mars 2006

Singulier regard sur le temps qui passe


Couverture du calendrier lunaire 2006 par Luna Press

Il y a de cela très longtemps, il y a ¼ de siècle, je me procurai un calendrier d'un type inhabituel, dans une librairie de femmes à Vancouver. C'était le Lunar Calendar publié par Luna Press à Boston. Je trouvais vraiment original de pouvoir regarder autre chose que des dates sur un calendrier. En forme elleptique le mois du calendrier lunaire m'avait à ce moment-là rappelé une boîte de pilules anti-concep tionnelles...

La forme elliptique revêt beaucoup de puissance en termes symboliques, puisqu'on la retrouve partout. C'est la forme de l'œuf, ce qui va bien avec l'idée de ce calendrier qui est d'abord lié au cycle menstruel. Puis c'est aussi la courbe que parcoure dans l'espace la lune autour de la terre. Pour chaque jour, le calendrier donne le lever et le coucher de la lune, son passage dans les sphères astrologiques, l'apogée, le périgée, etc. Les pages des mois du calendrier 2005 peuvent être vus ici. Cette édition 2005 donne des renseignements sur les aspects symboliques et médicinaux de quelques espèces de feuillus.

1982 "Au Set (Isis)", par Agusta Agustsson
Celui que je m'étais procuré, l'année 1982, lui regroupait des poèmes liés à la lune. Il y en avait notamment un magnifique de Doris Lessing, intitulé Moonstruck, avec en arrière-plan un paysage de la Nouvelle Angleterre en noir et blanc. C'est à la fois un calendrier visuellement très agréable à regarder, intéressant à consulter pour ceux qui ont encore le moyen de prendre le temps.
Je fus très content de savoir qu'il existait toujours. J'ai téléphoné cet après-midi à Nancy Passmore qui en est l'éditrice, pour qu'elle m'en envoit un exemplaire. De plus, je lui ai offert de collaborer à la publication d'une version en français, car je crois bien qu'il devrait y avoir quelques acheteur/se/s au Québec et en France notamment. Elle a semblé intéressée à l'idée. Du reste, il serait intéressant de le publier en plusieurs langues. À suivre...

dimanche 12 mars 2006

Forum sur la mise en accusation
en vue de la destitution de Bush


Le numéro de mars de la revue Harper's demandant la mise en accusation de Bush
Le magazine Harper's a tenu un forum intitulé, Y a-t-il matière à la mise en accusation du président en vue d'une destitution? Cela avait lieu à New York le 2 mars dernier. Plus de 1500 personnes se sont pointées à 10 $ chacune pour être présentes à ce forum de deux heures.
Les panélistes ont parlé des instances historiques de cette situation, de la définition de la destitution dans la Constitution américaine, de l'abus du pouvoir exécutif de Bush, de crimes, d'infractions, contraventions commises par l'Adiministration Bush pour atteindre diverses politiques concernant la sécurité nationale, garder dans l'ignorance le Congrès sur les décisions et l'histoire des présidents ayant été mis en accusation.
On y parlait aussi d'exemples spécifiques de la « tyrannie de l'exécutif », tel que mis en évidence dans les articles visant à la mise en accusation de Bush proposé par MIchael Ratner, président du Centre pour les droits constitutionnels, allant de la surveillance domestique illégale, mentir au Congrès et au peuple américains concernant l'urgence d'aller en guerre contre l'Iraq, l'abus des traités internationaux concernant le traitement des prisonniers et détenus.
Une séance de questions/réponses du public s'ensuivit, le tout modéré par Sam Seder, animateur de l'émissions The Majority Report sur Air America Radio.
Le panel:
John Convers, représentant démocrate du Michigan au Congrès, auteur de la proposition HR 635 qui cherche à créer un comité pour enquêter sur Bush et Cheney;
John W. Dean, conseiller de Nixon à la Maison Blanche;
Elizabeth Holtzman, representante démocrate de New York au Congrès;
Lewis H. Lapham, rédacteur en chef du magazine Harper's
John R. MacArthur, éditeur du magazine Harper's
Michael Ratner, président du Centre pour les droits de la Constitution;
Sam Seder, animateur de l'émissions The Majority Report sur Air America Radio.

Le seul fait qu'un tel événement ait eu lieu montre bien le ras-le-bol généralisé chez nos voisins du sud. On ne parle pas ici de gauchistes extrémistes (comme moi! Haha!). Il faut une certaine dose de courage et une certaine détermination pour oser faire une telle chose en ce moment aux États-Unis. En même temps, Bush à 38% dans les sondages et Cheney à 18%, le temps est venu de passer en 2e vitesse! Il est très improbable que Bush soit destitué, mais si le momentum est bon, la chose n'est pas exclue. Mais comme disait un des panélistes: « Voulez-vous vous débarasser de Bush et vous retrouver avec Cheney comme président?! » Il ne faut pas prendre à la légère ce qui s'est dit dans ce forum par des gens de bonne tenue.

The Case for Impeachment, by Lewis H. Lapham, rédacteur en chef d'Harper's Magazine, mars 2006 (extrait, en anglais);
Six Three Five Dot Com, All about House Resolution 635 which proposes to investigate the criminal acts of George W. Bush and Dick Cheney.
Impeaching George W. Bush, par Onnesha Roychoudhuri, AlterNet.

Moments oniriques


L'éléphant, vitrail par Susie Comtois

Le rêve occupe un espace important désormais dans ma vie. Je rêve beaucoup. Je socialise beaucoup dans mes rêves. Je rencontre de belles personnes et les interactions sont plaisantes.
Je ne me souviens pas d'avoir tant rêver qu'ici. On dit que l'on rêve toutes les nuits, mais dans très peu de cas suis-je en mesure de me souvenir de mes rêves. J'ai toujours voulu m'acheter un petit enregistreur qui s'active avec la voix. Je le mettrais près de moi la nuit et dans le demi-sommeil, je ferais la narration de mes rêves. Serait-ce une bonne idée que d'inventer la machine à enregistrer les rêves? Au réveil on brancherait à l'ordi ou à la télé et l'on visonnerait les rêves de la nuit... Mais je crois que ce genre d'outils comme tous les autres tomberaient dans des mains néfastes.
Cette nuit, j'étais avec des gens dans un endroit et l'on discutait gentiment. Il y avait une jeune femme qui m'est tombé dans l'œil. Je vois souvent les personnages de façon précises. Ce qui m'intrigue beaucoup c'est la quantité d'interaction que je peux avoir avec un paquet de monde que je ne connais pas. Faut dire que j'ai passé une bonne partie de ma vie dans les mondanités. Ça aide sûrement!

Je crois bien que ce rapprochement avec la nature permet cette recrudescence de rêves. Cela n'est pas sans me rappeler que le rêve est omniprésent chez les peuples encore proches de la nature. Je n'en suis pas à rêver à des entités tels les elfes mais le plaisir du rêve se manifeste pas un sentiment d'euphorie au réveil, ce qui n'est pas rien.
Je rêve aussi très très vite lorsque je fais des roupillons d'à peine 10 ou 15 minutes. Ce sont autant de charnières à ma journée. J'en ressors toujours totalement apaisé.
Dommages collatéraux: Milo est mort en roupillant.
Les corneilles bosniaques croassent une mélodie acerbe


Kiosque à journaux ce matin à Belgrade
Photo: REUTERS/Goran Tomašević

Voilà qu'on s'en prend au Tribunal pénal international pour la mort de Milošević.

« "Il y a des leçons à tirer pour l'accusation et des leçons à tirer pour les juges", a estimé Richard Dicker, un avocat de l'ONG new-yorkaise Human Rights Watch. "La longueur du procès souligne l'importance de se concentrer sur les chefs d'inculpation les plus importants." »
[Les Serbes versent peu de larmes sur Slobodan Milošević, par Douglas Hamilton et Monika Lahjner, pour Reuters]

Milo? Il est mort! Que voulait-on au juste? Justice ou vengeance? C'est toujours la même chose dans notre conception du rendu de la soi-disant justice. Le concept de justice que nous colportons en est un de pure vengeance. Il est mort. Que voulait-on de plus? Faire comme au Moyen-Âge et lui arracher les membres dans une agonie sans fin? Le brûler vif? L'enfermer pour le reste de ses jours. Eh bien, là-dessus c'est accompli. Mais il aurait fallu le voir pourrir en dedans pour les mille prochaines anneés pour satisfaire la vengeance des uns et des autres. Quel stupidité. Alors les Human Right Watch devraient aussi se poser cette question-là. La mort est l'ultime condamnation pour tout humain. Je ne dis pas que j'aurais voulu que Milo vive une vie paisible avec tout son fric volé. Mais on aurait vraiment besoin de s'inspirer de la justice amérindienne qui à mon sens est mille fois plus avancée que la nôtre.
Celui qui aura réussi à établir un concept novateur en terme de justice en se demandant véritablement à quoi est supposée servir la justice, ce fut Desmond Tutu avec sa Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud. Là on se rapproche tout de même d'une forme plus intelligente de justice.
Bien évidemment, ce genre de scénario ne saurait être systématisé, car n'importe quel con qui voudrait éliminer toute une population se dirait que devant l'éventuelle commission il avouera ses crimes pour éviter le châtiment. Le cas de l'Afrique du Sud est singulier. Il y avait urgence à éviter les règlements de compte. Cette espèce de thérapie collective a très bien répondu à l'objectif dans cette situation-là.
Moi j'aurais obligé Milošević à faire du travail communautaire pour le restant de ses jours auprès de tous ses gens — ceux qui restent, bien sûr — qui on subi ces exactions, en une sorte d'expiation: ramasser les ordures, tondre les pelouses, laver la vaisselle, etc... Garder les gens en cellule pendant 50 ans coûte une fortune et ne résoud strictement rien, sinon l'idée de vengeance. On revient donc toujours sur nos pas et le cycle de la violence continue éternellement. Ou alors on est commes les Américains et on en fait une industrie et comme la tôle c'est une école et une pépinière d'apprentissage de criminalité où de plus en plus on escamote les aspects de réhabilitation, on s'assure du renouvellement du cheptel.

samedi 11 mars 2006

Projets pour la prochaine décennie


Je m'isole pour créer. Redite. Parmi les projets en vue, il y a d'abord le pratico-pratique. Autant le solaire et l'éolien constituent des sources alternatives d'énergie prometteuses que je vais utiliser, autant je vais m'attarder à concevoir une génératrice autonome, sur le principe de la radio à source autonome d'énergie [Crank radio] inventée par le Britannique Trevor Baylis au début des années 90. Le concept est clair. Il s'agit maintenant de le concevoir pour générer une plus grande quantité d'énergie que pour une radio.
Sur une très longue période, je veux faire de la recherche pour le transport d'électricité par fibre optique! Il se peut fort bien que la chose ne se puisse pas en bout de ligne, mais comme c'est le lot de beaucoup de recherches, les résultats sont parfois négatifs. Peu importe. Pour le moment je pars des ébauches de transport d'électricité sans fil de Nicolas Tesla qu'il a expérimenté à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. L'électricité est un domaine qui m'intéresse particulièrement. Il y a d'autres concepts, mais là, il faudrait que je me lance dans un cheminement publique, ce qui m'ennuie terriblement.

Je veux réaliser au moins un film, écrire un opéra, des romans, chorégraphier un spectacle de danse ou un ballet, faire des jardins, du dessin, etc. Vraiment pas de quoi s'ennuyer en tout cas.
Mais il y a d'abord cette dure année à passer encore, de maintenant à décembre. Il y a tellement de pain sur la planche...
C'est ma façon de m'isoler, une façon constructive mais qui répond très peu à l'esprit ambiant yéyé. Je suis pessimiste pour la civilisation mais pas pour moi. Peu importe ce qu'il adviendra. Je m'ennuie dans cette fausse jovialité faite d'humour et de festivals à n'en plus finir, de putasseries du genre Tout le monde en parle et autres artifices cosmétiques, tout pour se divertir et ne rien faire sur soi. Toujours la fuite, le divertissement à mort, comme écrivait Neil Postman dans Se divertir à en mourir.
Hysteria, insomnia,
Stress, neurosis
Please give a better impression, with clever use of cosmetics.

Vangelis - See you Later - Not a bit, all of it (1980) (mp3)

◊ ◊ ◊

Pendant longtemps et quoiqu'en pense certains, Jean Larose a fait une démarche publique utile à la radio, notamment avec son émission Passages à feue la Chaîne culturelle de Radio-Canada. Il est l'un des derniers d'une lignée d'hommes et de femmes pour qui être intellectuel n'est pas une tare, mais un devoir, surtout au Québec. Son bureau à l'université est l'un des plus fantaisistes que je connaisse, un endroit où il crée une ambiance chaleureuse. Il m'a sollicité pour un projet mais, dans ma tête, j'étais déjà sur mon départ et ne voulais pas m'engager, d'autant plus que lui-même était un peu imprévisible.
Je n'ai pas son niveau de connaissance livresque du monde, ni sa facilité à s'exprimer oralement, quoique... Je n'ai pas la même démarche que tous ces intellectuels, même si je peux converser avec eux sans complexe. Je ne m'inscris pas dans cette lignée-là. Je parle de lui ici car un article lui est consacré dans Le Devoir de ce samedi, à la Une du cahier Livres, sous la plume de Christian Desmeules qui l'a rencontré.
Je ne cite que le passage le plus percutant:
« Ça ne me tente plus de faire des essais, lâche-t-il. Et surtout, ce qui ne me tente vraiment plus, c'est de faire des essais sur le Québec. » Y a-t-il une « fatigue culturelle » de Jean Larose, pour reprendre l'expression d'Hubert Aquin? « Mais qui n'est pas fatigué du Québec? demande-t-il avec l'air de celui qui en a ras le bol. On a l'impression qu'on est allés au bout de quelque chose, qu'on est en pleine régression. Je pense, en fait, que le Québec est un pays en pleine dépression. Et comme toute dépression digne de ce nom, c'est caché par des réussites épisodiques et par un humour débordant. On rit tout le temps... »

jeudi 9 mars 2006

L'exil intérieur


Il faisait -10º ce matin. Je suis sorti en chemise. Avec cette moue sceptique.
Ayant vécu dans de grandes maisons bourgeoises tout autant que dans des chambres minables dans les centre-villes, il n'y a qu'un pas, à dire que je fais un compromis en choissisant de vivre dans... ceci. Du reste, cet hiver je passe les ¾ de mon temps au bureau.
Je n'ai jamais été vraiment en admiration envers les gens qui vivaient dans des châteaux et palabraient sur le sort du monde devant un Dom Pérignon — le plus haut où je suis allé c'est du Moët & Chandon Brut Impérial ou du Bollinger brut :-).
On dira que je m'exagère un peu avec ma piaule de Favela! Incidemment cela me fait plus rigoler qu'autre chose, à chaque fois que j'arrive devant chez moi.
Étant donné, les circonstances inouïes qu'étaient les miennes l'été et l'automne dernier, complètement ruiné, je trouve que je m'en sors avec brio puisque j'ai le strict minimum. Qu'a-t-on besoin de plus que le strict minimum? Cela dépend toujours de l'envie ou non d'une reconnaissance et d'un statut social pour faire chic. Comme disait Gandhi, « si je me réincarne, je veux être un Intouchable ». C'est tout à fait mon point de vue en ce moment. Soit dit en passant, il se pourrait bien qu'avant longtemps la Favela deviennent trendy, car je ne suis pas seul à ne pas pouvoir me payer des condos à 250 000 tomates. Mais passons...
C'est mon imaginaire que je cantonne dans ce petit espace pour pas qu'il s'éparpille trop dans un grand bidule de 25 pièces avec tours de guet, pont-levi, crocodiles et tout. Le problème avec les crocodiles c'est lorsque vient le temps de leur brosser les dents, ils ont tendance à garder la bouche ouverte trop longtemps.
Lorsque je suis dans ce petit espace, je sens vraiment que je confine mes pensées, que mon imaginaire s'envole. Je redeviens cet enfant qui avait fait sa cabane à 6 ans sous les escaliers du sous-sol avec du carton. Est-ce de la régression? Pense pô. Faut que ma tête crache du matos! J'ai besoin de ce confinement-là. Bien sûr, ce que je vais me construire sera plus grand tout de même et pas si mal équipé, mais comme une maison de poupée grandeur nature, en quelque sorte.


Francis Bacon, Portrait de Goerge Dyer parlant, 1966
Roland Jaccard
L'exil intérieur
Schizoïdie et civilisation
Paris, Points/Seuil, 1975 (78)
(Coll. Sciences humaines)
Page 4 de couverture:
Sur-contrôlé de l'extérieur, auto-controlé de l'intérieur, décorporalisé, désexualisé, hyper-normalisé, l'homme de la modernité sera de plus en plus l'image même de l'homme administré coulant une existence paisible dans les sociétés d'abondance totalitaires — sans jamais prendre conscience que si ses besoins y sont satisfaits, c'est au détriment de sa vie même.
Roland Jaccard a tenté de tracer ici le portrait psychologique de l'homme de la modernité. Et de préciser le rôle que joue les employés de la santé mentale (psychologues, psychothérapeutes, psychiatres...) dans la vaste entreprise de normalisation des conduites indispensables au bon fonctionnement de nos médiocraties anonymes.


◊ ◊ ◊

Les ouvriers vivront un jour comme vivent aujourd'hui les bourgeois. Au-dessus, il y aura la caste supérieure. Elle se distinguera pas son absence de besoins Nietzsche

mercredi 8 mars 2006

Vive les femmes!


Conception de l’affiche du 8 mars 2003: Michèle Lapointe
Fédération des Femmes du Québec

Selon les néo-darwinistes, tout est le fruit du hasard: la vie telle que nous la connaissons s'est fait sans organisation, sans « déterminisme ». On peut alors se demander pourquoi il n'y a que deux sexes. C'est Anne Dambricourt, paléoanthropologue au Muséum d'Histoire naturelle à Paris qui aura su argumenter le plus adéquatement en faveur d'un déterminisme dans l'évolution des espèces.
Elle ne s'est pas avancée sur ce terrain-là sans au préalable avoir fait des recherches sur une décennie, en analysant les boîtes craniennes à partir des hominidés jusqu'à homo sapiens. Elle a des solides assises et, en ce qui me concerne, mérite un prix Nobel (mais elle n'en voudrait pas après toute la controverse), car à elle seule, elle bouleverse bien des théories et cela devrait nous obliger à remettre en question la base sur laquelle se sont construits nos schèmes concernant l'évolution et son rôle.
Cela m'amène à parler des femmes. Si elles n'existaient pas, faudrait les inventer... Extraordinaires, fascinantes les femmes. Chacune à sa manière. Je ne me sens pas dans l'obligation de toutes les aimer ni d'être d'accord avec chacune. Par contre, elles ont totalement droit à la moitié de tout. Mais même cette notion de moitié de tout n'est pas juste. Car moi je ne veux pas la moitié de quelque chose, je la veux au complet. Ainsi en va-t-il des femmes qui ont droit à TOUT, simplement en partage. Il y a encore très très loin de la coupe aux lèvres cenpendant.
Je parlais des deux sexes tout à l'heure. Je ne suis jamais très sûr de devoir appartenir à mon sexe. J'en suis parce que je n'ai pas trop le choix physiquement. Mais mon association s'arrête souvent là. Je ne me sens aucunement dans l'obligation d'appuyer les hommes, surtout quand ils font et disent des bêtises. Je n'en ferai certainement pas la nomenclature ici, car alors je bloque le blogue avec cette immense bêtisier.
Je ne suis ni Aragon, ni Brel pour clamer que « la femme est l'avenir de l'homme ». Dans son acception littéral, l'énoncé est pourtant assurément indéniable. Sans les femmes les hommes ne naissent pas! Mais de là à leur jeter le dévolu de la civilisation sur les épaules, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas, 1) parce que la question est hautement hypothétique, 2) parce que, comme dirait l'autre, ça se fait à deux ces choses-là. Mais encore là, faudrait-il véritablement que ça se FASSE à deux car, pour le moment, nous n'en sommes pas encore vraiment là. Y a encore pas mal de chemin à parcourir.
Ainsi, le Canada, le Québec et les États-Unis qui se croient le nombril du monde n'ont même pas encore l'intelligence de laisser une femme prendre le pouvoir politique suprême! Il faut se faire faire la leçon par l'Inde, Israël, le Chili, voire le Libéria! C'est tout de même incroyable.
On pourrait aller jusqu'à dire que le fait même qu'il y ait une Journée internationale des femmes (de la femme, selon l'ONU) est une incongruité, puisque c'est comme si les 364 autres jours de l'année étaient tant dominés par l'homme. Historiquement, c'est la manifestation « Du pain et la paix » des femmes russes en 1917 qui déterminera cette date qui méritera toujours d'être remémorée, peut-être un jours sous un autre vocable, lorsque la vraie égalité ira de soi.
* * *

Mais il n'y a pas que la politique, même si on pourrait dire que tout est politique.
Nous sommes loin des communautés des chasseurs-cueilleurs où tous les membres de la famille avaient un rôle à jouer pour le maintien de la famille, de la communauté.
L'indépendance de chacun dans nos sociétés organise la contrainte autrement, celle d'être ensemble, s'entend. Le dur désir de durer est plus evident lorsque les assises sociales permettent de ne pas être contraint de rester. Quelque prétexte que ce soit peut devenir une raison de partir car ce n'est pas la jungle et le grand inconnu qui nous attend mais toute une structure qui nous permet de se refaire. A-t-on vraiment gagné quoique ce soit à ce jeu-là, considérant les énormes contraintes économiques de notre temps? Puisque tout a toujours été basé sur une forme d'économie, d'échange, on peut se demander si pour la plupart des gens, la possibilité de l'indépendance permet tant de s'épanouir.
Les femmes semblent avoir une longueur d'avance sur le plan de la petite communauté. C'est toujours remarquable de les voir s'organiser. Il y a un esprit femme fait à la fois de pratico-pratique et de spiritualité, qui inclut le rire, de paroles, de chants. En cela les femmes sont admirables. Cette contrainte d'être ensemble n'en est plus une à ces moments-là. Ce sont des moments sans (trop de) hiérarchie.
Il est de plus en plus difficile par contre de voir ce genre de choses. Les sports, les réunions ont remplacé ces rencontres-là. Plus le temps de faire la popote ensemble durant une réunion. On fait venir un traiteur. Le rapport de l'un à l'autre est hautement hiérarchique, selon le poste de chacun. Et il n'est pas lié à la vie en commun. C'est la réunion d'individus pour une occasion dans un lieu donné, désincarné. Ceci n'est pas une thèse. C'est une observation du rapport aux choses.
Dans le confort et l'indépendance a-t-on tant gagné? Je ne sais pas.
◊ ◊ ◊

J'essaie de ne pas être trop naïf en ce qui concerne les femmes. Je sais très bien qu'entre elles se jouent parfois des games extraordinaires de méchanceté, de jalousie, comme je ne réussirais pas à m'en imaginer chez les gars. Mais cela est d'abord culturel et non naturel. Un long article sur le sujet est paru dans le Toronto Star du 5 mars, sous la plume de Leslie Scrivener, The cult of the mean girl. Scrivener s'attarde à la question, à la suite de la sortie du film Mean Girls qui était basé sur le livre Queen Bees & Wannabe, de Rosalind Wiseman. Ce phénomène de "bitcherie" semble avoir tellement d'ampleur dans certains cas que Scrivener écrit [traduction]: « C'est assez pour finir par croire qu'il y a une véritable guerre, où les combattants sont des femmes, les armes sont les mots, la tricherie et la bataille fait rage depuis le Neanderthal quand une femme a regardé de manière suspicieuse une autre femme pendant que leurs maris étaient partie à la chasse pour rapporter le souper. »
L'article n'est pas aussi tordu cependant. A lire.

mardi 7 mars 2006

Dura ce mythe errant en fait d'hiver
qui n'en est presque pas un


À gauche, le massif du mont Mégantic, à droite les "White Mountains": la frontière du Maine et du New Hampshire.
Cela ressemblait plutôt au printemps ce matin. La route était de macadam sec, le soleil était enfin là, le vent était doux, juste assez pour ne pas avoir à revêtir mon capuchon, car à vélo/cité égale, le facteur éolien n'autorise pas la tête froide.
* * *

En 1985, L'Autre Journal — magazine français singulier depuis lors disparu — commençait à publier chaque semaine en mettant en vedette des entretiens entre Marguerite Duras et François Mitterrand, entretiens demandés par Michel Butel l'éditeur du magazine.
Duras qui avait publié L'amant peu avant, aux Éditions de Minuit, était au faîte de sa gloire. Mitterrand était président depuis quatre ans, solide à la barre, mais tirant de l'aile (de l'eau?) déjà, pas du tout aidé par l'économie mondiale. Duras est brouillonne. Elle ne prépare rien. Elle improvise, ce qui finit par exaspérer Mitterrand qui met fin aux entretiens, au bout de cinq. Je l'aurais fait à moins. Autant l'écriture de Duras est belle, autant son côté brouillon finit par énerver.
En sortent tout de même cinq numéros de L'Autre Journal, faits de ces entretiens entre autres choses, bien sûr. Dans l'écrit on ignore le côté brouillon de Duras que révèle les enregistrements. Mais, heureusement pour lui, Mitterrand a tout revu et corrigé avant publication. Rien n'est laissé au hasard car, comme il le dit, « je suis un peu embarassé par ce sujet de conversation, parce que je ne peux pas oublier que je représente la France et donc je dois m'exprimer avec précaution, puisque je risquerais d'être mal compris », quand Duras insiste trop pour l'amener sur le terrain politique, notamment à l'égard des États-Unis de Reagan.

En même temps que paraît le livre de l'intégral des Entretiens, France Culture a offert ses ondes à Michel Butel, samedi dernier dans l'émission Radio Libre. Il nous fait entendre (RealAudio) deux heures de ses entretiens. Étant donné que l'on parle ici de Duras et Mitterrand qui se connaissent tout de même depuis 50 ans alors, et malgré le statut de Mitterrand qui se rend chez Duras pour les premiers entretiens, nous avons droit à une conversation un peu à brûle-pourpoint entre deux amis.
Fasciné à l'époque par la France — j'ai tout de même travaillé deux ans au consulat de France — Mitterrand représentait une certaine culture qui ne me déplaisait pas, la gauche caviar... mais lui n'en était pas vraiment. Il était à la fois terroir et lettré. Je ne suis pas sûr que toute sa carrière politique soit si brillante, par contre. Je dirais même qu'il y a des taches sombres sur ses prises de positions. Quant à Duras qui est deux ans ans son aînée, elle aussi incarne un certain rapport aux choses qui n'est pas détestable. Mais comme lui dit Mitterrand lorsqu'elle lui déclare qu'elle est Reaganienne: « c'est normal, vous étiez communiste! ».

Une des affiches de la campagne présidentielle de 1981
À lire aussi: l'élégante recension que fait du livre des entretiens, Eric Aeschimann, dans Libération du 23 février dernier.
Marguerite Duras/François Mitterrand
Le Bureau de poste de la rue Dupin
Préface et notes de Mazarine Pingeot
Gallimard, 165 pp, 13,50 €.

lundi 6 mars 2006

Petite routine matinale


Mon château... avec ce que j'avais de matériaux.
Ce matin comme à tous les deux jours environ, j'ai sorti mon vélo.

Et je m'en suis allé chercher de l'eau au ruisseau à 200 mètres de là.

Comme je n'y étais pas allé depuis plus de deux jours en fait, il m'a fallu pelleter environ 1 mètre de neige.
Après avoir déposé l'eau, j'ai préparé ma besace et je m'en suis allé au bureau.

dimanche 5 mars 2006

Dans neuf mois... c'est l'hiver


La société capitaliste occidentale contemporaine est une infamie. L'équation Bien commun - capitalisme - démocratie n'existe pas. Je crois qu'il fallait que je sorte de la ville pour commencer à décanter l'absurdité. Certains diront: on sait tout ça. Soit. Ce qui est tristounet c'est que, le sachant, on continue à s'y complaire. Il faut un nouveau paradigme. On ne parle pas ici d'une société nécessairement homogène, mais plutôt d'une société qui s'oriente bel et bien vers le bien commun, ce qui n'est absolument pas le cas de notre état. Il est presque fatiguant de même tenter d'écrire là-dessus, tellement tout semble avoir été dit et redit.
Qu'est-ce qui me prend aujourd'hui de prendre la peine d'écrire là-dessus? C'est d'abord d'avoir entendu quelqu'une parler à la radio d'un article de Louis-Gilles Francœur paru dans Le Devoir d'hier samedi (non disponible sur le net) et que je me suis empressé de lire. On y parle désormais et ouvertement d'une augmentation des températures de l'ordre de 10 à 12º C, ce qui mettra sans doute fin à l'activité humaine tel que nous la connaissons en ce moment. Puis, pour ajouter aux mauvaises nouvelles et sans que je les cherchasse, je tombai sur le dernier article du blogue de Jeff Masters, directeur de météorologie du site www.wunderground.com qui fait la recension d'un article paru dans le dernier numéro de Scientific American (extrait) où il est question de l'acidification des océans par l'accumulation de CO2 qui fabrique de l'acide carbonique. Et c'est pas jojo.
Ces deux articles démontrent bien les résultats de notre belle société capitaliste/me-myself-and-I. Je suis incapable de faire fi des ces infos-là. Cela équivaudrait pour moi à être un ver de terre, à avancer totalement dans le noir au gré de la mollesse du sol qui m'entoure. Comme ver de terre, à moins que le sol ne se dérobe sous moi ou qu'une pression indue affaisse et pressurise la matière qui m'entoure, je continuerais d'aller mon p'tit bonhomme de ch'min sans me préoccuper du reste.
Mais cela n'est-il pas justement ce que je fais?... Il se pourrait que l'Être suprême (s'il existe) nous ait laissé des instructions, sous forme d'une cassette, un peu comme dans MISSION IMPOSSIBLE et que, soit quelqu'un l'a déjà écouté et le message s'est détruit dans les 5 secondes qui ont suivies, soit la cassette a été perdue.
Il se pourrait aussi que les instructions soient parvenues jusqu'à nous. Ainsi, ne pourrait-il pas s'agir que la transmission des Tables à Moïse constituait le guide, le manuel d'instruction? À les lire dans le contexte contemporain, on pourrait croire que de tels Commandements sont impossibles à respecter et donc que le bien commun ne peut exister, si à la base un consensus de vie en commun, de partage, ne peut être conçu dans la mesure où l'on rejetterait des préceptes par trop sévères à l'échelle de l'individu.
Exemple: « Tu ne voleras pas le bœuf de ton voisin [...] ». Qu'est-ce que le vol au juste? Grosso modo, disons que c'est prendre ce qui ne nous appartient pas sans le consentement de l'autre. Hmmm... On pourrait ainsi dire que travailler à 8 $ l'heure quand le boss se promène en Mercédes et qu'il a un domaine dans les Cantons de l'Est, est un consentement à être volé! Ici n'entre pas en ligne de compte la question de savoir si on a le choix ou non. Mais cette complicité au vol qui s'exerce sur notre propre personne est tout de même intrigante. Bien évidemment, je n'élabore pas assez ici. Il me faudrait un bouquin pour exposer ça...
En attendant, il y a cette rubrique sur le site de CBC: Paid to be poor

vendredi 3 mars 2006

G-astronomie du regard
 pour clochard céleste
 ∅


Firmament limpide en 2 D

Rares sont les moments où je déambule à vélo en ayant vraiment l'impression de faire partie de l'univers. Hier soir, m'en allant chez moi, sur deux roues dans l'obscurité, le ciel s'offrait tapissé de points blancs à l'infini, une étoile filante au travers, un froid sibérien et la sensation que les corps célestes s'en venaient avec moi. J'étais sur le vaisseau spatial Terre, parcourant l'espace au même titre que toutes elles là-haut. En bordure de forêt, je n'ai pu faire autrement que de rester là, muet, en pâmoison, sans un bel autour. Sans un son! Le firmament et sa myriade d'étoiles, les arbres chargés de neige, au travers desquels pointaient aussi des astres jusqu'à presqu'horizon, la cryogénie, l'obscurité. Le silence. Divin

Page couverture du New York Times Magazine du dimanche 11 décembre 2005
Photomontage: Zachary Scott pour le New York Times.
Constellation illustration par Christoph Niemann