Le cordon • Le défi
Kieron Dwyer - "Consumer Whore" [Le consommateur-pute] - Graphic, 1999
Poursuivi par Starbuck, son logo peut être montré par d'autres que lui.
Je travaille pour une boîte tordue. Ce ne sera pas la première fois. Par contre, le seul défi à relever en y restant serait de ne pas péter les plombs. La première année fut très dure mais enrichissante, satisfaisante réciproquement. Après 4 ans, j'agonise. Mon expérimentation de vie hors la ville n'est pas basée sur un concept masochiste. Travailler pour des boîtes tordues faisaient partie des raisons pour lesquelles je ne pouvais rester une minute de plus à Montréal. C'est partout pareil? Je ne crois pas. J'ai tout de même à peu près toujours eu un malaise à Montréal, un malaise concernant le sens à donner aux choses. Ma capacité à trouver du sens sur cette île allait s'étiolant avec les années qui passaient. Sisyphe. Cette boîte, donc, est un lien malsain avec Montréal. Je termine ce que je fais et je coupe. Je ne travaillerai plus pour une entreprise qui a ses pénates à Montréal. C'est trop cinglé. J'ai juste un petit QI de 130 après tout.
Je ne sacrifie pas grand'chose en ayant quitté la ville, celle-là en tout cas. J'essaie toujours de comprendre ce qui par-dessus tout était en train de me rendre vraiment totalement stressé. Tout y est basé sur l'argent et la consommation en une frénésie qui n'est pas sans me rappeler des poules auxquelles on viendrait de couper la tête. C'est le sens qui supplantait tous les autres possibles, je pense. Pour moi. Partout. Une vacuité. Ça dégoulinait de fric comme le surplus de condiments d'un Big Mac et tout était consommable, marchandisable, même tenir une porte. Le calcul. Toujours le calcul.
La ville m'apparaît de plus en plus floue.
Depuis plusieurs années et malgré les vicissitudes, je baigne dans une sorte de sérénité sous-jacente. Rien à voir avec le bonheur. La sérénité c'est une quiétude. Je veux partager cette sérénité, mais certainement pas avec des trous noirs. Montréal était en quelque sorte un trou noir d'où ma lumière petit à petit m'échappait.
Pendant les 19 ans que j'ai été à Montréal, j'ai aussi souvent que possible ramasser les papiers et autres trucs qui trainaient sur les troittoirs. Il m'est arrivé de partir avec un sac à ordures et de faire ma rue. Faut-il à chaque fois attendre après le "gouvarnemain" pour poser des gestes? Faut-il vraiment toujours s'en remettre aux autorités pour faire le minimum?
Un été où il ne pleuvait pas et où la Ville avait décidé de ne pas arroser et que l'espèce de douche/piscine dans le parc près de chez moi fonctionnait à plein régime 24 heures sur 24 (même bien après que j'eus avisé la Ville de la chose et qu'on m'apprit que le manuel d'instruction du bidule avait été égaré), je partis de chez moi avec un grand seau blanc et allai arroser les arbres et les fleurs sur l'avenue du Parc, en entrant dans les commerces pour emplir mon seau d'eau, tout le long de la route. Cela ne fait pas de moi un héros. Cela fait de moi quelqu'un de libre. Sans aucune autre contrepartie que celle d'avoir évité que le peu d'arbres et de plantes que j'ai arrosé ne meurt. Bien évidememnt, je passais pour un « bizarre », ce faisant. Mais cela m'importait très peu. Ce qui comptait c'était la spontanéité.
Il faut vraiment avoir une notion de la vie très étroite et culturellement incrustée pour ne plus être en mesure de voir la destruction qui s'opère dans notre façon de fonctionner. C'est petit à petit que se perdent les repères, au compte-goutte du temps. La série Les citadins du rebus global ne devait pas être qu'un divertissement à la télé. Il faut vraiment se demander ce que l'on est en train de perdre à vouloir à tout prix se défoncer à gagner. Je fais le chemin inverse. Totalement. Je saute du train fou ici en coupant après avoir hésité, en croyant que j'allais me rompre les os ce faisant.
Je ne sacrifie pas grand'chose en ayant quitté la ville, celle-là en tout cas. J'essaie toujours de comprendre ce qui par-dessus tout était en train de me rendre vraiment totalement stressé. Tout y est basé sur l'argent et la consommation en une frénésie qui n'est pas sans me rappeler des poules auxquelles on viendrait de couper la tête. C'est le sens qui supplantait tous les autres possibles, je pense. Pour moi. Partout. Une vacuité. Ça dégoulinait de fric comme le surplus de condiments d'un Big Mac et tout était consommable, marchandisable, même tenir une porte. Le calcul. Toujours le calcul.
La ville m'apparaît de plus en plus floue.
Depuis plusieurs années et malgré les vicissitudes, je baigne dans une sorte de sérénité sous-jacente. Rien à voir avec le bonheur. La sérénité c'est une quiétude. Je veux partager cette sérénité, mais certainement pas avec des trous noirs. Montréal était en quelque sorte un trou noir d'où ma lumière petit à petit m'échappait.
Pendant les 19 ans que j'ai été à Montréal, j'ai aussi souvent que possible ramasser les papiers et autres trucs qui trainaient sur les troittoirs. Il m'est arrivé de partir avec un sac à ordures et de faire ma rue. Faut-il à chaque fois attendre après le "gouvarnemain" pour poser des gestes? Faut-il vraiment toujours s'en remettre aux autorités pour faire le minimum?
Un été où il ne pleuvait pas et où la Ville avait décidé de ne pas arroser et que l'espèce de douche/piscine dans le parc près de chez moi fonctionnait à plein régime 24 heures sur 24 (même bien après que j'eus avisé la Ville de la chose et qu'on m'apprit que le manuel d'instruction du bidule avait été égaré), je partis de chez moi avec un grand seau blanc et allai arroser les arbres et les fleurs sur l'avenue du Parc, en entrant dans les commerces pour emplir mon seau d'eau, tout le long de la route. Cela ne fait pas de moi un héros. Cela fait de moi quelqu'un de libre. Sans aucune autre contrepartie que celle d'avoir évité que le peu d'arbres et de plantes que j'ai arrosé ne meurt. Bien évidememnt, je passais pour un « bizarre », ce faisant. Mais cela m'importait très peu. Ce qui comptait c'était la spontanéité.
Il faut vraiment avoir une notion de la vie très étroite et culturellement incrustée pour ne plus être en mesure de voir la destruction qui s'opère dans notre façon de fonctionner. C'est petit à petit que se perdent les repères, au compte-goutte du temps. La série Les citadins du rebus global ne devait pas être qu'un divertissement à la télé. Il faut vraiment se demander ce que l'on est en train de perdre à vouloir à tout prix se défoncer à gagner. Je fais le chemin inverse. Totalement. Je saute du train fou ici en coupant après avoir hésité, en croyant que j'allais me rompre les os ce faisant.
Site définitif de la série.
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