L'exil intérieur
Il faisait -10º ce matin. Je suis sorti en chemise. Avec cette moue sceptique.
Ayant vécu dans de grandes maisons bourgeoises tout autant que dans des chambres minables dans les centre-villes, il n'y a qu'un pas, à dire que je fais un compromis en choissisant de vivre dans... ceci. Du reste, cet hiver je passe les ¾ de mon temps au bureau.
Je n'ai jamais été vraiment en admiration envers les gens qui vivaient dans des châteaux et palabraient sur le sort du monde devant un Dom Pérignon — le plus haut où je suis allé c'est du Moët & Chandon Brut Impérial ou du Bollinger brut :-).
On dira que je m'exagère un peu avec ma piaule de Favela! Incidemment cela me fait plus rigoler qu'autre chose, à chaque fois que j'arrive devant chez moi.
Étant donné, les circonstances inouïes qu'étaient les miennes l'été et l'automne dernier, complètement ruiné, je trouve que je m'en sors avec brio puisque j'ai le strict minimum. Qu'a-t-on besoin de plus que le strict minimum? Cela dépend toujours de l'envie ou non d'une reconnaissance et d'un statut social pour faire chic. Comme disait Gandhi, « si je me réincarne, je veux être un Intouchable ». C'est tout à fait mon point de vue en ce moment. Soit dit en passant, il se pourrait bien qu'avant longtemps la Favela deviennent trendy, car je ne suis pas seul à ne pas pouvoir me payer des condos à 250 000 tomates. Mais passons...
C'est mon imaginaire que je cantonne dans ce petit espace pour pas qu'il s'éparpille trop dans un grand bidule de 25 pièces avec tours de guet, pont-levi, crocodiles et tout. Le problème avec les crocodiles c'est lorsque vient le temps de leur brosser les dents, ils ont tendance à garder la bouche ouverte trop longtemps.
Lorsque je suis dans ce petit espace, je sens vraiment que je confine mes pensées, que mon imaginaire s'envole. Je redeviens cet enfant qui avait fait sa cabane à 6 ans sous les escaliers du sous-sol avec du carton. Est-ce de la régression? Pense pô. Faut que ma tête crache du matos! J'ai besoin de ce confinement-là. Bien sûr, ce que je vais me construire sera plus grand tout de même et pas si mal équipé, mais comme une maison de poupée grandeur nature, en quelque sorte.
Francis Bacon, Portrait de Goerge Dyer parlant, 1966
Roland Jaccard
L'exil intérieur
Schizoïdie et civilisation
Paris, Points/Seuil, 1975 (78)
(Coll. Sciences humaines)
Page 4 de couverture:
Sur-contrôlé de l'extérieur, auto-controlé de l'intérieur, décorporalisé, désexualisé, hyper-normalisé, l'homme de la modernité sera de plus en plus l'image même de l'homme administré coulant une existence paisible dans les sociétés d'abondance totalitaires — sans jamais prendre conscience que si ses besoins y sont satisfaits, c'est au détriment de sa vie même.
Roland Jaccard a tenté de tracer ici le portrait psychologique de l'homme de la modernité. Et de préciser le rôle que joue les employés de la santé mentale (psychologues, psychothérapeutes, psychiatres...) dans la vaste entreprise de normalisation des conduites indispensables au bon fonctionnement de nos médiocraties anonymes.
◊ ◊ ◊
Les ouvriers vivront un jour comme vivent aujourd'hui les bourgeois. Au-dessus, il y aura la caste supérieure. Elle se distinguera pas son absence de besoins Nietzsche
Je n'ai jamais été vraiment en admiration envers les gens qui vivaient dans des châteaux et palabraient sur le sort du monde devant un Dom Pérignon — le plus haut où je suis allé c'est du Moët & Chandon Brut Impérial ou du Bollinger brut :-).
On dira que je m'exagère un peu avec ma piaule de Favela! Incidemment cela me fait plus rigoler qu'autre chose, à chaque fois que j'arrive devant chez moi.
Étant donné, les circonstances inouïes qu'étaient les miennes l'été et l'automne dernier, complètement ruiné, je trouve que je m'en sors avec brio puisque j'ai le strict minimum. Qu'a-t-on besoin de plus que le strict minimum? Cela dépend toujours de l'envie ou non d'une reconnaissance et d'un statut social pour faire chic. Comme disait Gandhi, « si je me réincarne, je veux être un Intouchable ». C'est tout à fait mon point de vue en ce moment. Soit dit en passant, il se pourrait bien qu'avant longtemps la Favela deviennent trendy, car je ne suis pas seul à ne pas pouvoir me payer des condos à 250 000 tomates. Mais passons...
C'est mon imaginaire que je cantonne dans ce petit espace pour pas qu'il s'éparpille trop dans un grand bidule de 25 pièces avec tours de guet, pont-levi, crocodiles et tout. Le problème avec les crocodiles c'est lorsque vient le temps de leur brosser les dents, ils ont tendance à garder la bouche ouverte trop longtemps.
Lorsque je suis dans ce petit espace, je sens vraiment que je confine mes pensées, que mon imaginaire s'envole. Je redeviens cet enfant qui avait fait sa cabane à 6 ans sous les escaliers du sous-sol avec du carton. Est-ce de la régression? Pense pô. Faut que ma tête crache du matos! J'ai besoin de ce confinement-là. Bien sûr, ce que je vais me construire sera plus grand tout de même et pas si mal équipé, mais comme une maison de poupée grandeur nature, en quelque sorte.
Francis Bacon, Portrait de Goerge Dyer parlant, 1966
Roland Jaccard
L'exil intérieur
Schizoïdie et civilisation
Paris, Points/Seuil, 1975 (78)
(Coll. Sciences humaines)
Page 4 de couverture:
Sur-contrôlé de l'extérieur, auto-controlé de l'intérieur, décorporalisé, désexualisé, hyper-normalisé, l'homme de la modernité sera de plus en plus l'image même de l'homme administré coulant une existence paisible dans les sociétés d'abondance totalitaires — sans jamais prendre conscience que si ses besoins y sont satisfaits, c'est au détriment de sa vie même.
Roland Jaccard a tenté de tracer ici le portrait psychologique de l'homme de la modernité. Et de préciser le rôle que joue les employés de la santé mentale (psychologues, psychothérapeutes, psychiatres...) dans la vaste entreprise de normalisation des conduites indispensables au bon fonctionnement de nos médiocraties anonymes.
Les ouvriers vivront un jour comme vivent aujourd'hui les bourgeois. Au-dessus, il y aura la caste supérieure. Elle se distinguera pas son absence de besoins Nietzsche
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