† Ce qui est dit et ce qui ne l'est pas †
Paul VI en 1964 durant sa visite en Terre Sainte
Je suis tombé sur une nouvelle émission mise en ondes par l'INA et France Culture. On nous y fait découvrir des archives de l'audiovisuel français des anneés 40 à nos jours. En ce 23 janvier, deux émissions d'une demi-heure nous sont présentées. La première c'est la visite de Paul VI en Terre Sainte. Il s'agissait là de la première visite d'un pape en Terre Sainte.
Il y a monopole d'État en France à l'époque sur la radio et la télédiffusion et la critique n'est pas trop du ressort des gouvernants envers eux-mêmes et les amis. A première écoute, la description de la visite papale que donne un jeune Jean-Pierre Elkabach est semble-t-il correct.
Ce qui étonne tout de même c'est l'usage du français tant dans les allocutions papales que celle même du président d'israël d'alors, Zalman Shazar, qui l'accueille en français. Le français est la langue de la diplomatie encore à cette époque récente.
Les différentes descriptions du très bref séjour papal sont précises en ce qui concerne les lieux visités, les personnalités rencontrées, mais jamais nous n'entendrons ce qui n'a pas été fait, ce qui n'a pas été dit et ceux qui n'ont ni été visités, ni invités à rencontrer le "successeur" de Saint-Pierre.
Pour ça, il faudra se remettre dans le bain de l'époque sans doute, mais pour retrouver un début d'éclairage autre sur cette visite, une page du site de la BBC est plus loquace. On y apprend que Paul VI a réussi à ne jamais prononcer les mots Israël ou Juifs durant sa visite. Pour le Vatican, il n'y avait officiellement pas de pays ni de peuple qui portait le nom Israël.
Paul VI a profité l'occasion de sa visite pour saluer la mémoire de son mentor PIE XII, poussant le bouchon jusqu'à défendre le silence de ce dernier au sujet de l'Holocauste. Paul VI refusa aussi de rencontrer le Grand Rabbin d'Israël.
Deux ans après que son prédécesseur Jean XXIII eût appelé à la fin de l'accusation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus, Paul VII et son successeur refusèrent et pour trois autres décennies de reconnaître l'existence d'Israël, ce qui fit Jean Paul II, sans toutefois mettre fin à plusieurs points de friction.
Je recommande tout de même l'écoute de l'émission Inter Actualités du 5 janvier 1964 à 13h; première partie de cet audio de 60 minutes.
Second segment
Le second segment de 30 minutes est tout autre. Il s'agit d'une émission en détachement régional pour Paris/Île-de-France du 18 octobre 1964. Des étudiants français invités par la radio, posent alors des questions à Jacques Brel et à Georges Brassens sur leurs chansons et ce qu'elles signifient.
À titre d'exemple, un étudiant lui demande: « Dans votre chanson Jeff, vous faites l'apologie de l'amitié, il me semble, pour un vieux copain et il semble qu'à l'heure actuelle ce mot soit déprécié, ait perdu le sens profond qu'il avait avant. Qu'en pensez-vous et que pensez-vous à travers lui de l'amitié en général?
Brel: « Alors c'est pas exactement l'amitié dans mon esprit, c'est aussi la tendresse. Y a les deux choses qui se mêlent. Y a souvent encore qui existe maintenant une amitié – comment dirais-je – une amitié stricte, une amitié intellectuelle. [...] De toute façon, on veut le bien des gens. [...] Quand ils ont mal au dent, on dit: Faut absolument aller chez le dentiste. Y a pas une seconde où on se dit c'est quand même emmerdant d'avoir mal aux dents. C'est cette espèce d'amitié là. En réalité, c'est une amitié vieille. C'est une amitié qui est presqu'une tendresse de bête. Ce n'est pas un acte intelligent, Jeff. Mais l'amitié n'est pas un acte intelligent. C'est une chose toute bête, toute tendre, toute jolie. Enfin moi, je ne sais à peu près rien de plus joli que ça. Mais encore une fois, ce n'est pas une amitié intelligente. Ça ne veut pas aller quelque part, ça n'a pas de principes. Ça n'est pas un thèse, vous comprenez. C'est un acte de faiblesse presque. Enfin... J'crois que c'est comme ça qu'on vit. J'aime, j'aime. Voilà. C'est comme les fraises et les asperges. »
* * *
Incidemment, dans Le Devoir de samedi dernier 18 février, sous la plume de Stéphane Baillargeon, on a droit à une énième expérience de femme qui se déguise en homme pour voir comment c'est... My life as a man avait déjà été joué dans le Village Voice il y a plus d'une vingtaine d'années. Cela avait engendré toute une série de titres et d'articles, du style My life as a dog, as a duck, etc. Cette fois c'est une ex-journaliste de LA Times qui récidive dans le genre pour nous raconter les bons et les mauvais côté d'être un "homme". Norah Vincent nous fait part de son expérience dans un bouquin intitulé Self-Made Man. Mais l'article de Baillargeon ne rend pas le livre entièrement sympathique. Une entrevue avec Norah Vincent sur NPR par contre montre bien sa découverte d'aspects positifs à l'amitié entre hommes, au moins dans le non-jugement dans l'accueil du nouveau venu (qu'elle fut). Comme lesbienne, Norah Vincent est d'autant plus culottée!
♀ ♂
P.S. Au fond, ce nouvel article du blogue a une grande cohérence: il commence avec le pape et finit avec une lesbienne qui se fait passer pour un gars! Trouvez l'erreur!
Il y a monopole d'État en France à l'époque sur la radio et la télédiffusion et la critique n'est pas trop du ressort des gouvernants envers eux-mêmes et les amis. A première écoute, la description de la visite papale que donne un jeune Jean-Pierre Elkabach est semble-t-il correct.
Ce qui étonne tout de même c'est l'usage du français tant dans les allocutions papales que celle même du président d'israël d'alors, Zalman Shazar, qui l'accueille en français. Le français est la langue de la diplomatie encore à cette époque récente.
Les différentes descriptions du très bref séjour papal sont précises en ce qui concerne les lieux visités, les personnalités rencontrées, mais jamais nous n'entendrons ce qui n'a pas été fait, ce qui n'a pas été dit et ceux qui n'ont ni été visités, ni invités à rencontrer le "successeur" de Saint-Pierre.
Pour ça, il faudra se remettre dans le bain de l'époque sans doute, mais pour retrouver un début d'éclairage autre sur cette visite, une page du site de la BBC est plus loquace. On y apprend que Paul VI a réussi à ne jamais prononcer les mots Israël ou Juifs durant sa visite. Pour le Vatican, il n'y avait officiellement pas de pays ni de peuple qui portait le nom Israël.
Paul VI a profité l'occasion de sa visite pour saluer la mémoire de son mentor PIE XII, poussant le bouchon jusqu'à défendre le silence de ce dernier au sujet de l'Holocauste. Paul VI refusa aussi de rencontrer le Grand Rabbin d'Israël.
Deux ans après que son prédécesseur Jean XXIII eût appelé à la fin de l'accusation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus, Paul VII et son successeur refusèrent et pour trois autres décennies de reconnaître l'existence d'Israël, ce qui fit Jean Paul II, sans toutefois mettre fin à plusieurs points de friction.
Je recommande tout de même l'écoute de l'émission Inter Actualités du 5 janvier 1964 à 13h; première partie de cet audio de 60 minutes.
Second segment
Le second segment de 30 minutes est tout autre. Il s'agit d'une émission en détachement régional pour Paris/Île-de-France du 18 octobre 1964. Des étudiants français invités par la radio, posent alors des questions à Jacques Brel et à Georges Brassens sur leurs chansons et ce qu'elles signifient.
À titre d'exemple, un étudiant lui demande: « Dans votre chanson Jeff, vous faites l'apologie de l'amitié, il me semble, pour un vieux copain et il semble qu'à l'heure actuelle ce mot soit déprécié, ait perdu le sens profond qu'il avait avant. Qu'en pensez-vous et que pensez-vous à travers lui de l'amitié en général?
Brel: « Alors c'est pas exactement l'amitié dans mon esprit, c'est aussi la tendresse. Y a les deux choses qui se mêlent. Y a souvent encore qui existe maintenant une amitié – comment dirais-je – une amitié stricte, une amitié intellectuelle. [...] De toute façon, on veut le bien des gens. [...] Quand ils ont mal au dent, on dit: Faut absolument aller chez le dentiste. Y a pas une seconde où on se dit c'est quand même emmerdant d'avoir mal aux dents. C'est cette espèce d'amitié là. En réalité, c'est une amitié vieille. C'est une amitié qui est presqu'une tendresse de bête. Ce n'est pas un acte intelligent, Jeff. Mais l'amitié n'est pas un acte intelligent. C'est une chose toute bête, toute tendre, toute jolie. Enfin moi, je ne sais à peu près rien de plus joli que ça. Mais encore une fois, ce n'est pas une amitié intelligente. Ça ne veut pas aller quelque part, ça n'a pas de principes. Ça n'est pas un thèse, vous comprenez. C'est un acte de faiblesse presque. Enfin... J'crois que c'est comme ça qu'on vit. J'aime, j'aime. Voilà. C'est comme les fraises et les asperges. »
Incidemment, dans Le Devoir de samedi dernier 18 février, sous la plume de Stéphane Baillargeon, on a droit à une énième expérience de femme qui se déguise en homme pour voir comment c'est... My life as a man avait déjà été joué dans le Village Voice il y a plus d'une vingtaine d'années. Cela avait engendré toute une série de titres et d'articles, du style My life as a dog, as a duck, etc. Cette fois c'est une ex-journaliste de LA Times qui récidive dans le genre pour nous raconter les bons et les mauvais côté d'être un "homme". Norah Vincent nous fait part de son expérience dans un bouquin intitulé Self-Made Man. Mais l'article de Baillargeon ne rend pas le livre entièrement sympathique. Une entrevue avec Norah Vincent sur NPR par contre montre bien sa découverte d'aspects positifs à l'amitié entre hommes, au moins dans le non-jugement dans l'accueil du nouveau venu (qu'elle fut). Comme lesbienne, Norah Vincent est d'autant plus culottée!
P.S. Au fond, ce nouvel article du blogue a une grande cohérence: il commence avec le pape et finit avec une lesbienne qui se fait passer pour un gars! Trouvez l'erreur!
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