dimanche 12 mars 2006

Dommages collatéraux: Milo est mort en roupillant.
Les corneilles bosniaques croassent une mélodie acerbe


Kiosque à journaux ce matin à Belgrade
Photo: REUTERS/Goran Tomašević

Voilà qu'on s'en prend au Tribunal pénal international pour la mort de Milošević.

« "Il y a des leçons à tirer pour l'accusation et des leçons à tirer pour les juges", a estimé Richard Dicker, un avocat de l'ONG new-yorkaise Human Rights Watch. "La longueur du procès souligne l'importance de se concentrer sur les chefs d'inculpation les plus importants." »
[Les Serbes versent peu de larmes sur Slobodan Milošević, par Douglas Hamilton et Monika Lahjner, pour Reuters]

Milo? Il est mort! Que voulait-on au juste? Justice ou vengeance? C'est toujours la même chose dans notre conception du rendu de la soi-disant justice. Le concept de justice que nous colportons en est un de pure vengeance. Il est mort. Que voulait-on de plus? Faire comme au Moyen-Âge et lui arracher les membres dans une agonie sans fin? Le brûler vif? L'enfermer pour le reste de ses jours. Eh bien, là-dessus c'est accompli. Mais il aurait fallu le voir pourrir en dedans pour les mille prochaines anneés pour satisfaire la vengeance des uns et des autres. Quel stupidité. Alors les Human Right Watch devraient aussi se poser cette question-là. La mort est l'ultime condamnation pour tout humain. Je ne dis pas que j'aurais voulu que Milo vive une vie paisible avec tout son fric volé. Mais on aurait vraiment besoin de s'inspirer de la justice amérindienne qui à mon sens est mille fois plus avancée que la nôtre.
Celui qui aura réussi à établir un concept novateur en terme de justice en se demandant véritablement à quoi est supposée servir la justice, ce fut Desmond Tutu avec sa Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud. Là on se rapproche tout de même d'une forme plus intelligente de justice.
Bien évidemment, ce genre de scénario ne saurait être systématisé, car n'importe quel con qui voudrait éliminer toute une population se dirait que devant l'éventuelle commission il avouera ses crimes pour éviter le châtiment. Le cas de l'Afrique du Sud est singulier. Il y avait urgence à éviter les règlements de compte. Cette espèce de thérapie collective a très bien répondu à l'objectif dans cette situation-là.
Moi j'aurais obligé Milošević à faire du travail communautaire pour le restant de ses jours auprès de tous ses gens — ceux qui restent, bien sûr — qui on subi ces exactions, en une sorte d'expiation: ramasser les ordures, tondre les pelouses, laver la vaisselle, etc... Garder les gens en cellule pendant 50 ans coûte une fortune et ne résoud strictement rien, sinon l'idée de vengeance. On revient donc toujours sur nos pas et le cycle de la violence continue éternellement. Ou alors on est commes les Américains et on en fait une industrie et comme la tôle c'est une école et une pépinière d'apprentissage de criminalité où de plus en plus on escamote les aspects de réhabilitation, on s'assure du renouvellement du cheptel.

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