vendredi 30 juin 2006

Occupations estivales


Rid'eau sur la rivière au Saumon à Scotstown, ancienne centrale hydraulique
Non loin de l’hôtel existe un parc, en bordure de la rivière. J’y suis allé quelquefois pour lire ou simplement écouter et regarder l’eau qui se plie à la volonté de l’homme et forme un rid’eau. Le parc est plus long que je ne le croyais au départ. Une barrière semblait pourtant en marquer la fin. Elle n’est là, ai-je su, que pour s’assurer que l’endroit n’est pas fréquenté par les quatre-roues aux moteurs à deux temps tonitruants et autres véhicules à moteur.

Décor bucolique pour après-midi de lecture
Je m’y suis donc retrouvé et y ai passé l’après-midi d’un dimanche cuisant à l’ombre des mélèzes au bord de l’eau à lire le “Petit livre des couleurs”, de Michel Pastoureau, suite de chroniques estivales parues il y a deux ans dans L’Express.

Peinture grise par temps équivalent
Depuis trois semaines un copain et moi tentons désespérément de peindre un garage en forme de demi-lune à La Patrie, à 13 km d’ici. Il pleut pratiquement tous les jours et le travail n’avance pas très vite. C’est lui qui a eu le contrat, mais admettons qu’à ma grande surprise j’ai plus d’expérience que lui en peinture. De plus il a le vertige… Alors je fais les parties arrondies avec mon échelle articulé pendant qu’il est à plat sur le dessus ou dans le bas. Cela me permet à tout le moins de payer des petites dettes qui trainaient.
Depuis le début de la semaine, je n’ai peint que lundi. Ayant à parcourir 13 km pour m’y rendre et n’étant payé pratiquement qu’au coup de pinceau (si la pluie tombe, pas payé…) je ne suis guère intéressé à faire le trajet pour être payé 1½ heure pour 4 heures de présence, comme cela m’est arrivé l’autre jour. C’est sans doute la raison pour laquelle je ne suis guère enthousiaste à retourner officiellement sur le marché du travail, face à de telle radinage. À radin, radin et demi.
Lundi 19, j’ai dû déménager mes boîtes qui trainaient dans le garage à N D des Bois depuis l’été dernier, car la maison est vendue, celle dont j’avais justement peint la toiture l’été dernier. Décidément, je vais finir par m’en faire une spécialité… Puis Maude m’a demandé de fabriquer un garde-robe dans l’atelier de son compagnon qui servira désormais de chambre à coucher. Je suis donc parti samedi 24 de Scotstown, ai parcouru les quelques 30 km à vélo jusque là-bas, fabriqué la structure du garde-robe de 3 mètres par 1½ mètre en 5 heures et suis reparti dans l’autre sens pour un autre 30 km de joyeuses côtes. J’étais légèrement fatigué en entrant à l’hôtel. Mes boîtes sont maintenant dans la remise de jardin de Monique, responsable de la bibliothèque de Scotstown.
Randonnée à durée indéterminée
Dimanche, en fin d’après-midi, remis de ma fatigue de la veille, je décidai de faire une autre ballade à vélo, cette fois du côté de Bury. J’en fus quitte pour encore des côtes affolantes, à tel point que je me suis dit que je ne retournerais pas à Scotstown par ce chemin-là, d’autant plus que le vélo commençait sérieusement à m’inquiéter. La route est intéressante.

Maison et ferme abandonnée sur la route de Bury
La sensation d’un passé révolue est omniprésente le long du parcours, avec ces fermes à l’abandon, ces églises anglicanes qui marquent l’esprit de la région de cette présence anglophones de jadis.

La belle église anglicane Canterbury, non loin de Bury. Légèrement plus modeste que la maison-mère mais tout de même fort jolie

À Bury, je décidai de pousser jusqu’à Gould, par une route plus large par endroit et conséquemment plus passante. Je ne pouvais m’éterniser dans ce bled-là car, ayant quitté Scotstown vers 16h, après trois heures de route, j’étais encore assez loin de mon point de départ.

Belle grange du XIXe siècle aux environs de Bury
À Gould je m’informai de la route vers Scotstown. Je voulais surtout savoir s’il y avait des côtes. “Ah, non c’est plat tout le long”, me répondit-on. Parole de conducteur d’automobile pour qui finalement tout est plat. Mais lorsqu'on a à faire rouler avec sa force musculaire son moyen de transport, la platitude d'une telle affirmation est inversement proportionnelle à la morphologie du terrain. Sur 12 km, il faut en gravir 8 sur une dénivellation d’environ 300 m, dans le gravier. Là, le vélo devenait carrément chiant. La chaîne débarquait à tout bout de champ et j’ai dû faire le dernier kilomètre de montée à pied. Les 4 kilomètres restants furent plus facile, puisqu’il s’agissait d’une longue descente. En tout ce furent donc 54 km de côtes en 4 heures.

Bénévolat à la bibi

Et puis, j'ai refait la page de la bibliothèque de Scotstown en ajoutant des photos, en écrivant un nouveau texte et en insérant quelques liens utiles.
J'ai fabriqué un vélo à partir des morceaux des 4 vélos à ma disposition. Je passe de 6 à 18 vitesses! C'est classe!
À lire:
L'Écosse des bois, Voir - Estrie, 29 mai 2003
La culture rayonne à Gould, Voir - Estrie, 18 mai 2006

dimanche 11 juin 2006

Guillaume Apollinaire par lui-même ou lu par Ferré et Trintignant


Guillaume Apollinaire
En écoutant la deuxième heure de l'émission de nuit avec Ferré, il est question du Pont Mirabeau d'Apollinaire. Ferré en a fait une chanson qu'il fredonne ici en direct par-dessus sa version de 1954! Auparavant l'enregistrement du poème par son auteur. (Durée: 5m29)
http://palomar.hostultra.com/blogue/leo_ferre.mp3
Trintignant qui trimbalait sa prestation sur la poésie d'Apollinaire à Montréal en mars dernier a abordé la question des pauses dans la poésie d'Apollinaire. Il en parle au micro de l'émission Pourquoi pas dimanche de Joël Le Bigot, le 26 mars. (Durée: 2m11)
http://palomar.hostultra.com/blogue/trintignant.mp3
Le 24 décembre 1913, à 11 heures, Ferdinand Brunot, l'ingénieur délégué par Pathé, les écrivains Paul Fort, Guillaume Apollinaire, André Billy et André Salmon se retrouvent aux Archives de la Parole pour une séance d'enregistrement. Guillaume Apollinaire lira trois de ses poèmes : Le Voyageur, Le Pont Mirabeau et Marie.
Tiré de “Anecdotes et histoires phonétiques

samedi 10 juin 2006

La voix et les mimiques de Léo Ferré et le journal d'Anaïs Nin par elle-même


Je n'écouterais pas Léo Ferré à la journée longue, mais son intensité me fait du bien. En plus des entretiens entre Boris Cyrulnik et Edgar Morin, je suis tombé sur un véritable petit bijou: Une nuit avec Léo Ferré, diffusée sur France Culture en janvier 1988. Six heures d'émissions en haute qualité stéréo avec Ferré. J'ai écouté la première heure. Un gros effort a été fait pour retracer le parcours de Ferré avec des archives sonores inédites de toutes sortes, des témoignages, etc. C'est un mec qui a enregistré ça sur sa chaîne hi-fi et sur cassettes à l'époque et qui a décidé de la mettre à dispo sur eMule. C'est très lourd. Il a fallu deux jours pour télécharger le fichier (près de 600 megs zippés), mais je savais que je ne serais pas déçu. C'est sobre mais Ferré a un piano à portée. De temps en temps, il y va et reprend ses chansons endisquées il y a des décennies et qui l'énerve. Puis se déroule sa vie, ses rencontres, ses bons coups, ses mauvais, ceux qu'on lui a fait et les siens. C'est du direct. Durant toute une nuit...

Alors je me suis mis à chercher Ferré sur le net - tant qu'à être dans le coin - et j'ai trouvé cet autre mec qui a ouvert un site avec un tas d'entrevues avec Ferré des années 60 jusqu'à sa mort, dont deux “Radioscopie“ de 1975 et 1980. Ailleurs, il y a de petits bouts de vidéos.

Puis sur le site de Radio Canada, dans la section Archives, il y a 13 minutes d'une entrevue d'une heure à la télé, dans le cadre de l'émission Le sel de la semaine, le 5 février 1970. (Window Media Player, haut débit) Andréanne Lafond, dont je me souviens, interview Ferré dans un décor totalement dépouillé, à savoir une table, deux chaises, eux deux et un fond noir goudron, avec parfois des photographies de Ferré projetées. Ce genre d'entrevue d'une heure est totalement impensable aujourd'hui où tout doit aller à la vitesse de la lumière. Andréanne Lafond déstabilise à quelques reprises Ferré, sans que ce soit agressif, comme le sont aujourd'hui certaines entrevues où l'on recherche le scandale ou la confrontation. Il y a une espèce d'authenticité dans cette rencontre. Ferré y tient des propos limites pour la télé d'ici à l'époque encore. Mais depuis lors, ce n'est guère mieux car on y dit plus rien...
Page des Archives de Radio Canada consacrée à cette entrevue.
◊ ◊ ◊

J'ai aussi regardé une entrevue avec Anaïs Nin à la même émission le 18 juin 1970. Elle a alors 67 ans. Elle était interviewée par Fernand Seguin, un des grands animateurs de la télé et de la radio de Radio Canada. Ce qui est très chouette dans les deux entrevues, c'est que sans la présence du micro, on aurait l'impression qu'il se serait agi de tête-à-tête dans un restaurant, devant un repas. Sous cette apparence d'intimité, Anaïs Nin parle surtout de son journal, d'Henry Miller, d'Antonin Artaud, ses engagements politiques, ses rapports avec la contre-culture américaine, pendant une heure.
Page des Archives de Radio Canada consacrée à cette entrevue avec Anaïs Nin.

jeudi 8 juin 2006

Culture de matière grise par temps similaire


Il fait pas beau là. Je ne vais pas peindre aujourd'hui je crois bien. Alors je cultive mon intérieur, faute d'avoir de jardin because je n'ai pas trop envie de désoucher avant de planter ou semer.
Alors, je suis tombé sur une série d'entretiens entre Boris Cyrulnik et Edgar Morin dans le cadre de l'émission “À voix nues” et diffusée sur France Culture du 11 au 15 septembre 1995.
Cyrulnik est un spécialiste, un expert alors que Morin est plutôt un généraliste. Pourtant Cyrulnik ne peut être targué d'obtu, bien au contraire. Edgar Morin ne l'est pas plus. Alors la dynamique entre eux deux est instructive et accessible.
Je vous propose d'écouter la dernière partie de cette série, soit l'intégralité de la diffusion du vendredi 15 septembre 1995. On y parle de diversité culturelle et d'identité. Il m'est difficile de dire si on y apprend quoi que ce soit que nous ne sachions pas déjà. Après tout, cela date de 11 ans. Je crois que l'intérêt ici est la qualité de l'échange entre ces deux hommes et la pédagogie qu'il y a derrière leurs propos respectifs. Cela dure 26 minutes.
http://palomar.hostultra.com/blogue/morin_cyrulnik19950915_ipod%20.mp3
Les entretiens ne sont pas disponibles en audio “officiellement” mais quelqu'un les a enregistrés par satellite, sûrement dans le cadre d'une rediffusion de nuit sur France Culture, en qualité CD. Les entretiens ont été publiés en 2004 tel que la couverture du livre ci-dessus le montre.
Parallèlement à cela, il y a eu en 2002 une série de conférences à l'université de Nantes où se sont retrouvés de nouveau Cyrulnik et Morin dans le cadre de cette série: “Université d'Été: Relier les Connaissances, Transversalité, Interdisciplinarité - Ateliers et Chantiers de Nantes”
Dans un volet intitulé “Ethique, science de l'homme et education.”, Cyrulnik aborde la question de l'éducation et met en relief moins l'importance de ce qu'on apprend à l'école que la socialisation que le lieu concrétise. Il remarque d'ailleurs que l'on apprend à peu près rien à l'école... Il lance de belles boutades dans ce sens. Très drôle. Mais ce n'est pas que drôle. C'est très révélateur sur les enjeux des interactions. À voir
La prestation d'Edgar Morin met en relation affectivité et rationnalité, entérinant et complétant les propos de Cyrulnik, en parlant de ce qu'est l'enseignement et la fragmentation des savoirs, avec cette vision de tunnel de chaque discipline. Edgar Morin n'a vraiment pas l'air d'un homme de 81 ans... À voir
Extrait (audio)
Les quatres premières minutes de la prestation de Boris Cyrulnik à Nantes en septembre 2002, dans le volet “Étique, science de l'homme et éducation”
http://palomar.hostultra.com/smileys/cyrulnik_nantes_200209.mp3

mercredi 7 juin 2006

Sauvegarder le patrimoine religieux


Ce matin je me trouvais à la cabane. J'écoutais la radio et me souvenais que la tribune téléphonique de ce midi à Radio Canada traitait du sujet du patrimoine religieux, car au Québec comme en France notamment, la religion catholique a perdu ses ouailles... Il ne resterait que 5 à 10 % de pratiquants. C'est dire que les églises, les bâtiments se vident et que les gens ne paient plus pour leur entretien. On évalue la patrimoine bâti religieux catholique au Québec à au moins 4 milliards de dollars (3 milliards d'euros). Mais beaucoup d'églises ont un besoin urgent d'entretien, de restauration, de rénovation. Jusqu'à présent la désertion des églises a vu la conversion d'églises à d'autres fins, dont la transformation en logements de type condominium, avec parfois des résultats navrants, comme l'immense église Saint-Jean de la Croix dans la Petite Italie de Montréal. D'autres ont été démolis. La plus célèbres démolition fut l'église Saint-Denis qui a été intégrée en partie à l'architecture de l'université du Québec à Montréal au début des années 70.
Mais il ne serait pas très génial ni de démolir, ni de convertir en condos les églises qui se vident.

Alors j'ai enfourché ma bécane et suis descendu au village 7 km plus loin pour participer à la tribune téléphonique à partir du seul téléphone public disponible. Je suggère alors, dans le temps qu'il m'est imparti sur les ondes - et à l'instar des deux intervenants avant moi - de considérer ce patrimoine de manière plus inclusive, afin que des gens d'autres confessions et d'autres croyances puissent aussi profiter des ces lieux. Je pense ainsi que l'on devrait parler de patrimoine spirituel au lieu de patrimoine religieux. Cet aspect sémantique m'apparaît comme plus englobant. Il peut s'agir aussi de concevoir les églises comme autant de lieux de recueillement, de réflexion, de rencontres en rapport avec les éléments spirituels chez les humains. Il peut s'agir de lieux de conférences pour se familiariser avec la mythologie, les différentes formes de spiritualités, de culte, l'histoire des religions, la philosopie, etc.
Il y a eu mardi soir un court documentaire à la télé, suivi d'une rencontre avec deux hommes qui s'intéressent de près à ce patrimoine: Luc Noppen, prof au dép. d'études urbaines et touristiques de l'UQÀM et l'abbé Raymond Poisson, curé de la paroisse Saint-Antoine de Padoue.
À regarder ici en Window Média Player. Durée: 18 min.
La tribune téléphonique m'a un peu déçu. Il y avait en général une certaine linéarité et une redondance des points de vue. Elle peut être écoutée ici.
Ma voix est nerveuse. J'étais dehors depuis 20 minutes dans une cabine téléphonique, à attendre mon tour, à me rendre compte qu'il n'allait pas rester beaucoup de temps pour tout dire ce que je voulais dire, sans parler des voitures, camions qui passaient constamment sur la route :- (
Et puis, j'étais à La Patrie en fait... C'est que je proposais à un copain de l'aider dans son contrat de peinture, histoire de me faire quelques sous et de l'encourager car la tâche n'est pas évidente. Il s'agit de peindre une structure en demi-lune qui est un garage de mécanique automobile. La structure de tôle galvanisée rouille et a vraiment besoin d'être à la fois protégée des intempéries et offrir un look un peu moins détestable dans le village...

lundi 5 juin 2006

Les tics et les tacs


Déjà l'automne... Il me semble qu'on a pas vu passer l'été.
Ben, t'as pas r'marqué, couillon!
Non? Quoi? L'été?
Ben, de quoi on cause là? Ben oui, l'été! C'était mardi.
Ah ouais, c'est vrai. Y faisait beau et chaud.
Ben alors, le gouvernement y a pas d'sous pour nous les chauffer. C'est tout l'fric qu'y avait. Du coup, on va avoir un long automne de six mois.
Ah ben. Tu veux dire quoi? Que c'est le gouvernement qui fabrique l'été? Ça va pas dans ta petite caboche.
Y a pas d'été au Canada, que j'te dis. Y faut monter le chauffage. C'est tout. Et là le pétrole coûte cher et y vante pô assez fort pour que les éoliennes nous te chauffe ce pays de m...
Et puis y a les problèmes des "tics".
Des problèmes d'éthique? Où ça?
Dans les mécanismes.
Dans quoi???
Ben ouais: quand les pales elles tournent, ça fait "tic" "tic", à tous les tours et ça énerve les voisins.
Aaaaahhhh! Les "tics"! Je pensais à l'éthique, tu sais euh, les choses pas faites selon les règles.
Pareil. Y a pas eu d'éthique. C'est pour ça qu'il y a des "tics" et moi ça me fait tiquer à la fin. Il aurait fallu demander à des horlogers.
Des horlogers? Pour les pales?
Ben ouais.
Pourquoi les horlogers, nom de Zeus!
Ben, parce que les "tics" des horlogers, au moins elles ont du "tac".
L'éthique qui a du tact, tu veux dire.
Ouais, bon. Si tu y tiens. Mais je pensais à tic tac. C'est plus joli.
J'imagine que c'est une question de temps...
Bon, bon. Résumons. Or, loge dans les pales des "tics" qui n'ont pas de "tacs".
Il faut du tact à l'éthique. Faut mettre les pendules à l'heure, sinon on risque de se faire empaler.
J'aime pas les jeux de mots.
Moi non plus...

dimanche 4 juin 2006

Les questions éthiques dans le monde des affaires


J'ai toujours l'impression que dans le monde des affaires, très peu de personnes s'interrogent sur le sens à donner aux objectifs de leurs entreprises autre que le pur profit. Or, je suis étonné d'apprendre qu'existent au Québec des gens d'affaires qui se réunissent pour discuter spécifiquement éthique des affaires. C'est l'émission de télé Second Regard que je vais visionner de temps à autre qui m'a appris cela (voir tout en bas de la page en lien). Le reportage de Claude Sauvé nous introduit à Rémi Tremblay, ex-pdg d'Adecco Canada qui un jour a décidé de laisser l'entreprise pour fonder Esse Leadership qui anime des ateliers de réflexion pour les dirigeants d'entreprise axés sur l'éthique et les valeurs morales. Un intéressant reportage de Claude Sauvé, à regarder en rediffusion sur le site de Radio Canada. Rémi Tremblay a publié Les fous du rois sur le sujet chez Transcontinental. Suit un reportage sur des obsèques chez les Attikameks, nation autochtone amérindienne.

Si c'est pluvieux, ce ne sera pas plus jeune

C'est la boutade que j'ai lancé hier pour expliquer l'absence des jeunes aux travaux d'aménagement du parc Walter-Mackenzie ici à Scotstown. Nous étions donc à peu de choses près que des adultes sous la pluie. C'est que les jeunes ont la chair tendre qui pourrait fondre sous la pluie...
Voilà un autre bon moyen de m'impliquer dans la communauté où je suis. Ce samedi matin, je suis donc allé rejoindre une quinzaine de citoyens en vue d'aménager le petit parc près de la rivière. Avec deux autres hommes, parfois 4 et 5, nous nous sommes concentrés à un îlot de verdure à créer à l'entrée du parc. Il s'agissait de créer une clôture de grosses pierre qui en fait le pourtour. Nous avons dû travailler sous la pluie toute la matinée, ce qui est tout de même un défi en soi pour des bénévoles... Mais le résultat est là.
Les femmes plantaient des arbustes et des fleurs sur les différentes plates-bandes créées quelques jours auparavant. Plus loin on a créé un joli chemin en pente avec de la roche, des traverses de chemin de fer et de la terre.
◊ ◊ ◊


Ce matin j'ai écouté l'émission Pourquoi pas dimanche de Joël Le Bigot et son équipe. On a parlé du Bill of Rights britannique qui date de plus de 400 ans. Intéressant. Il s'agissait aussi de parler des derniers Start de la Couronne britannique.

Jean Fugère s'est entretenu par téléphone avec Benoîte Groult qui a publié La Touche étoile, chez Grasset et qui en s'est vendu à plus de 120 000 exemplaires jusqu'à maintenant. Elle y explore les liens intergénérationnels notamment, sujet qui me préoccupe moi aussi.

Et Philippe Frey, auteur de Nomades - Rencontres avec les hommes du désert paru récemment aux éditions Robert Laffont, a longuement parlé de son expérience des déserts avec Joël Le Bigot.

Photo: Michel Leclerc
Hier nous apprenions qu'en ce début d'hiver, il continue de pleuvoir en Artarctique, ce qui n'est guère rassurant pour notre climat. L'équipe du Sedna souffre du manque de soleil aussi, avec une journée de 4h41 de clarté et aucun rayon qui ne descent jusqu'à eux.
Faute – pour le moment – d'avoir des expériences palpitantes, je me contente bien de connaître celles des autres et d'y trouver bien des sources d'inspiration. D'ailleurs, peut-être cet été mais plus sûrement l'automne prochain, je vais tenter des expériences de lecture à voix haute en groupe, à partir de livres comme ceux-là notamment. Cela pourrait être fort intéressant avec musiques appropriées en arrière-plan, du bruitage, des projections d'images, etc. Bien entendu, c'est le genre de chose à faire à la ville plutôt que dans un bled de 650 habitants. Mais, comme je ne retournerai pas à la ville, je me contenterai des quelques personnes qui se pointeront

vendredi 2 juin 2006

Une brève histoire du temps


Calendrier aztèque de 1507 ap. J.-C.
Maintenant que j'approche les 50 ans, j'ai une perspective sur ce que peuvent être 50 années de suite. À moins que j'eus dormi tout ce temps, cette durée m'est familière. En fait, j'ai même souvent ménagé sur le sommeil et ne crois pas avoir dormi plus du quart au lieu du tiers habituel associé à cette période de la journée au cours de ces pas loin de 50 ans.
Lorsque j'avais 7 ans, mon père avait acheté une voiture qui avait dix ans! Une Plymouth Belvedere 1956, donc. Pour moi, il s'agissait là d'une si vieille voiture... C'était un des ces modèles américains des années 50 qui en imposaient par ses dimensions de "caisse", sans parler de son poids ou de sa consommation de chaudière de paquebot. Ça faisait, genre 16 km aux 4,3 litres... C'est dingue...

Plymouth Belvedere 1956
Lorsqu'il parlait à ses potes, il faisait beaucoup référence à “dans le temps de la guerre”. C'était là, à n'en pas douter, le Néandertal pour moi! Mais ce n'était que 20 ans auparavant!
Un jour que j'avais 23 ans, me promenant sur un bord de mer, me vint soudainement une drôle de réflexion. Je ne sais pas si la petite pilule bleue de lithium (que devait normalement ingurgiter un copain schizo et que je voulais essayer) ait eu quelque chose à voir avec cette observation-là. Toujours est-il que je me suis mis à me penser qu'il ne me restait que cinq périodes de 5 ans avant d'avoir 50 ans... Cela me paru tout de même long et court, car je pouvais évaluer une période de 5 , mais non de 50 ans. Sauf que de mettre les choses en perspective de la sorte me mis dans un état second, un début de "bad trip" et là le lithium me tomba dessus assez lourdement avec des envies de vomir... Ma promenade sur le littoral me donna soudainement le mal de mer.
Cette évaluation du temps, de la durée m'est centrale mais on ne pense généralement pas en des termes comme ceux-là. Ado, l'an 2000 était encore immensément loin et autour de moi tout les ados calculaient quel âge ils auraient en l'an 2000. La plupart était incapable d'envisager la chose. Cela me rappelle une anecdote hilarante narrée au tournant du millénaire par un stand-up comic américain très connu: “Je suis content que l'on soit enfin en l'an 2000, parce que lorsque j'étais adolescent, il y avait cette fille à l'école que j'avais dans ma mire. Quand je lui demandai pour sortir ensemble, elle me répondit: On se reverra en l'an 2000. Alors, je ne vais pas l'appeler tout de suite pour ne pas avoir l'air con. Je vais attendre vers le mois de mai”.
Or donc, mettons que je sais à peu près ce que sont 50 ans... Tout prend alors une autre échelle. Le “durant la guerre” de mon père devient ma jeunesse à moi, dont je ne saurais parler à ma fille sans qu'elle me regarde d'un air de zombie. Si je connais une durée comme 50 ans pour avoir passé au travers, je peux facilement me figurer ce que sont 50 ans avant moi, ce qui nous mène en 1908! Et puis comme ce n'est pas très loin, je peux reculer comme ça 10 fois! Elisabeth 1re commençait son règne. C'était y a pas si longtemps finalement, 1558. La découverte de l'Amérique est aussi à peine onze fois mon âge! Je peux remonter comme ça 40 fois, ce qui nous mène au début de l'ère chrétienne. Et 40 fois avant moi, ce n'est pas si loin dans le fond. Et puis les dinosaures, je les entends ricaner dans les forêts de fougères qu'ils ont foulés avant moi...