jeudi 30 novembre 2006

Émotion autour d'une motion potion de la notion de nation


La semaine dernière, j'ai éclaté de rire, en entendant Stephen Harper lire sa motion déclarant que les Québécois forment une nation au sein du Canada.
Écoutez le phrasé originale de Harper à la Chambre des Communes (en english):
http://palomar.hostultra.com/blogue/harpers_quebecois.mp3
Ayant distraitement suivi la saga qui durait depuis deux bonnes semaines, je ne pus m'empêcher de trouver sa solution à la fois brillante et enfantine. Brillante bien entendu parce qu'il coupait l'heure sous le pied des uns et enlevait une épine sous celui des autres... mais enfantine car cela ne règlait en rien la question et soulève plus de questionnements que ne met fin à ce vieux débat. C'est le genre de boutade que je fais, assis à la table de cuisine pour rigoler, car j'aime la dérision. Mais de la part du chef du gouvernement, je m'attends à un peu plus de profondeur de champ.

"Mais qui est Québécois?" C'est la question que désormais se pose tout un chacun. S'il s'agit des francophones de souche française qui sont arrivés entre 9h et 16h30 en 1664, ceux-là ne seront plus qu'un million dans environ une centaine d'années, au rythme de la dénatalité présente. Sur une population qui serait alors peut-être autour de 15 millions, c'est peu. Une minorité dans la minorité. Si le terme Québécois est plus inclusif, il s'agira donc de tous ceux et celles qui vivent sur ce territoire (qui risque d'être tronqué passablement après une déclaration d'indépendance) et qui parlent français.

Dans ce cas-là, il faudra que ces Québécois qui ne seront pas de souche puissent à leur tour conquérir le territoire et sortir de Montréal, autrement le Québec, immense et à la population clairsemée, ne sera qu'un grand territoire de ressources naturelles. C'est un peu le cas en ce moment. Les Québécois de souche ne salue pas trop avec des banderoles l'arrivée "d'ethniques" dans leur villages et villes. C'est plutôt le contraire. Il y a quelques courageux qui sortent de Montréal pour aller s'installer en "région", vocable employé avec un certain dédain du reste par les Montréalais, pour qui les "régions" sont autant de planètes lointaines, à l'exclusion de Pluton qui n'en n'est plus une...
Alors il faudra bien que quelqu'un définisse ce qu'est un Québécois à Ottawa. Cela remet aussi sur la table la notion de deux peuples fondateurs... Les francophones hors Québec ne se sentiront pas trop inclus dans cette idée de "Québécois qui forment une nation au sein d'un Canada uni".
http://palomar.hostultra.com/smileys/patience40.jpg
Cliquez l'image pour agrandir
La mosaïque culturelle québécoise se distingue de la mosaïque culturelle canadienne par l'usage du français comme lingua franca. N'en déplaise aux puristes, ces citoyens-là sont Québécois tout autant que moi et, chez les jeunes issus des minorités visibles ou invisibles, le français pour une bonne majorité d'entre eux EST la lingua franca. Les Québécois de souche doivent impérativement cesser d'être frileux à leur égard et être plus qu'accueillant. Il faut impérativement que ces Québécois issus de l'immigration soient intégrés au plus crisse à tous les niveaux de la hiérarchie sociale. Il faut impérativement que plus de place leur soient fait au sein de la fonction publique. Si les Québécois de souche veulent l'indépendance du Québec, ils doivent s'assurer d'une continuité de l'esprit de ce que c'est d'être Québécois lorsque dans une centaine d'années il ne restera plus que ce petit million de Québécois de souche, car si nous avons en quelque sorte choisi le suicide collectif et que nous rêvons d'indépendance, notre incapacité à avoir intégrer en masse les "autres" rendra l'idée même du Québec souverain totalement caduque et loufoque.

samedi 25 novembre 2006

Poutine, le psychopathe


Alexander Litvinenko et Anna Politkovskaya
Montage: BBC
J'ai toujours soupçonné Poutine d'être l'un des principaux artisans de conflit tchétchène, pour m'être attardé spécifiquement à plusieurs aspects de l'histoire et de l'anthropologie du Caucase à l'université, avant cette sale guerre. La région du Caucase est l'une des plus complexes au monde, avec une cinquantaine de langues différentes et des us et coutumes de toute sorte sur un petit territoire somme toute. Vladimir aura poussé sa folie furieuse jusqu'à gamberger la destruction du peuple tchétchène. Il en connait moins que moi sur le Caucase apparemment. L'histoire russe est marquée par des hommes forts qui se sont toujours cassé la gueule sur le Caucase. Staline avait organisé la déportation de sept peuples du Caucase dont les Thcétchènes qu'il considérait alliés avec les Allemands. Petit à petit les peuples déportés sont rentrés chez eux. La présence russe sur leur territoire n'aura pas entamé leur résistance, ni engendrer l'assimilation tant souhaitée par Moscou. Ce n'est pas demain la veille que les peuples du Caucase pardonneront à la Russie ses exactions.

Ancien chef du KGB, Poutine connait tous les trucs du métier. On ne pouvait avoir pire chef d'État. Mais la même chose pourrait être dite de George Bush, père, à l'exception que Bush aura été plus discret, aidé en cela par une machine de propagande du même type que celle qui prévalait dans toute bonne dictature. Il y a très peu de différence somme toute entre la propagande américaine et la soviétique ou la russe. Dans le premier cas, la mainmise sur plusieurs grands médias, par le monde des finances, assure la stabilité du pouvoir central qui est ainsi à sa solde. Dans le second cas, le pouvoir central assure la mainmise sur les outils de communication.Depuis la proclamation du Patriot Act aux États-Unis, nul n'est désormais à l'abri d'abus de pouvoir du type que l'on retrouvait en URSS ou aujourd'hui en Russie. Il faut être une institution médiatique pour pouvoir affronter le gouvernement aux État-Unis ou assurer ses arrières, car on peut disparaître au fond d'une cellule pour le reste de ses jours. Avec un budget de près de 100 milliards de dollars US, les différentes instances de la sécurité nationale aux États-Unis font la pluie et le beau temps, avec une surveillance distraite du Congrès.
Il y a 15 ans le saccage des bureaux de la Stasi en Allemagne de l'Est par des citoyens avait permis de découvrir l'étendue de l'espionnage. On avait alors à peine ironisé en avançant que la moitié des Allemands de l'Est espionnait l'autre moitié. On est en voie de devenir tout aussi cinglé dans nos "démocraties".
George Orwell doit être constamment à se retourner dans sa tombe par les temps qui courent. Dans son Angleterre natale, il y a désormais une caméra par 14 personnes, des caméras qui épient tous les mouvements des citoyens. Trois millions et demi de caméras. Il en coûtera bientôt pratiquement moins cher d'insérer de manière sous-cutanée une puce électronique (comme on le fait pour les chiens et les chats) à tous les citoyen et de leur tatouer un code-barre à la nuque, pour connaître les aller et venus de chacun, etc. Les interdictions de courir, de crier sont déjà à l'horizon. À ce rythme un sourire en public sera bientôt considéré telle une menace à la sécurité nationale.

Extrait d'un vidéo Adbusters.org
Les hommes sont vraiment de drôles de bêtes. Ce sont des bêtes sophistiqués qui ne trouvent rien de mieux à faire que de s'entretuer. Fort heureusement, ils ne sont pas tous de cette espèce. Nous n'entendons parler par les médias que de ces bêtes qui s'entretuent. La majorité vaque à ses occupations sans ressentir le besoin de tuer son prochain pour avoir raison. Mais cela ne fait tout de même pas très longtemps dans l'histoire qu'il en est ainsi. L'instauration d'institutions un tant soit peu démocratiques et juridiques aura permis l'avènement d'une certaine paix et la diminution des meurtres et massacres systématiques.

Il reste qu'un bon nombre n'a toujours pas compris la nécessité du dialogue et en est encore à tuer l'adversaire lorsqu'il y a désaccord. "Mon fils est mort hier et il a été tué par une minuscule bombe nucléaire, tellement petite que vous ne pouviez pas la voir. Mais les gens qui l'ont tués ont de grosse bombes nucléaires et des missiles et on ne devrait pas leur faire confiance".
Walter Litvinenko, père d'Alexander Litvinenko.
Lecture devant l'University College Hospital, par Alex Goldfarb, un ami de Litvinenko, de la déclaration de ce dernier.


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jeudi 23 novembre 2006

Aller de l'avant


Bon... c'est à peu près correct
C'est une belle sensation que celle de pouvoir travailler à développer ses propres concepts plutôt que de constamment produire les idées des autres. J'en suis rendu là. Je suis à cette étape de devoir concrétiser quelque chose. En fait, la reconstruction de ma cabane me sert de tremplin psychologique car la nécessité de la refaire était pour moi indéniable mais ma volonté d'y parvenir n'était pas aussi grande. Cela représentait une telle entreprise qu'à chaque fois que j'y pensais, je faisais la grimace. Et puis, il y a eu cet ultimatum de l'automne qui m'a vraiment forcé à y consacrer le temps et l'effort pour ce faire. J'ai atteint cet objectif même si ce n'est pas Versailles. Ce n'était pas mon intention.

Coupe-vapeur sur les murs intérieurs avant la pose de planches de pins
Je vais aussi bientôt terminer les travaux chez Maude, en tout cas dans un premier temps de travaux planifiés. Je suis content de le faire pour elle dans la mesure où a peu de chose près, nous sommes à diapason sur ce qui doit être fait et les étapes pour y parvenir. Cela m'aide beaucoup à concevoir mon grand projet qui sera autrement plus gigantesque que la combinaison de tout ce que j'ai fait depuis que j'existe! Mais il s'agit justement de la combinaison de tout ce que j'ai expérimenté depuis toujours. C'est pour cela que mon enthousiasme est à la mesure de mes capacités de l'accomplir.

Maude, en tant que conceptrice de plusieurs musées), trouve le concept intéressant et va me fournir les documents dont j'ai besoin afin de commencer son écriture. De plus, une fois que cela sera mis sur papier, corrigé et revisé, je pourrai rencontrer l'un des spécialiste mondiaux en muséologie. Mais, ne brûlons pas les étapes...
Il faut d'abord que je trouve la façon de quitter la région puisque ce projet ne saurait vraiment s'inscrire dans la mouvance du coin, dans la mesure aussi où j'ai besoin d'un tas de contacts et d'un minimum de gens intéressés à collaborer. Il s'agit d'une étape essentiellement et laborieuse.

dimanche 19 novembre 2006

Retour précis piteux à l'hôtel...


Twins Trees On A Summer Night, Montréal
C'est tout de même l'un des seuls vrais exercices que je fais, celui de pratiquer mon expédition quotidienne de 8 km de collines à vélo. Autant cela peut parfois me faire ch..., autant j'apprécie l'exercice qui me nettoie ainsi.
Exceptionnellement ce soir je suis revenu à l'hôtel. Il fallait que quelque chose hors de l'ordinaire se produise pour ce faire, car j'avais quitté déjà très tard en termes d'éclairage diurne qui s'estompait à la vitesse des coups de pédales.
C'est qu'à 21h, prêt à passer la nuit à la cabane, alors que j'écoutais CBC Radio One, il y avait cette émission que j'écoute rarement, par oubli ou manque d'intérêt. Cela s'appelle Fuse et consiste à mettre en scène deux groupes de musique qui n'ont rien à voir ensemble, deux genres assez différents et de les faire "jammer" ensemble. Ce que j'entendais là ce soir était tout à fait exceptionnel et, à mon sens, méritait que je remonte à Scotstown pour enregistrer la performance. Il me restait deux occasions d'enregistrer: depuis l'Alberta à 23h et depuis Vancouver à minuit. Autant l'enregistrer deux fois plutôt qu'une en différents formats.
Les deux bands d'hier soir étaient Ohbijou qui lorgne du côté des harmonies délicates et douces et Kids On TV qui fait dans la dance music électro-punk house queer/gay... Le résultat aurait pu être désastreux, mais c'est au contraire une fusion de genres qui donne des résultats fantastiques. Cela mériterait d'être endisqué pour sûr. C'est mon genre. Celui de ma vingtaine revisitée. Leur performance d'une pièce de Whodini de 1983 - Haunted House of Rock - fut quant à moi un des moments forts de cette rencontre.
Diffusée en mono, donc repiquée comme tel:
Écoutez la toon
J'ai aussi reçu une réponse de frogmuseum2 concernant ses photos et l'esprit derrière cet espèce d'obsession avec des personnages. Ce bonhomme là, comme j'essayais d'écrire cet après-midi m'inspire. Il a aussi ce fan club impromptu de gens qui semblent comme moi éblouis par ses différents personnages. Je voulais savoir si je pouvais lui téléphoner pour en savoir davantage sur cette obsession. Il m'a laissé son numéro et je vais donc éventuellement prendre contact avec lui.
Tant qu'à être devant l'ordi, autant en profiter pour déjà tenter de mettre un peu d'ordre dans mon projet qui, en fait, devrait fortement intéresser l'UNESCO, notamment dans le cadre de la déclaration commune sur la diversité culturelle. Mais bien avant d'en arriver là, je devrai avoir monté un premier prototype et ce n'est pas une mince affaire. C'est un projet muséologique... Je vais tenter de mettre à contribution Maude dont c'est la profession, ne serait-ce que par des conseils qu'elle pourrait me prodiguer ou des contacts dont elle est si riche. Nous nous sommes d'ailleurs rendus compte au cours de nos conversations que nous avions connus les mêmes personnes en parallèle dans nos vies respectives, que de surcroît nous fréquentions aux mêmes époques...
Je ne vais pas spécifier ce dont il s'agit pour des raisons évidentes... Je suis donc inspirer par Micheal Titus et son frogmuseum mais aussi par la disposition des objects au musée d'anthropologie de UBC (Université de Colombie Britannique, disposition qui m'avait fort impressionné lors de mes visites là-bas à l'époque où je vivais à proximité. Cependant, mon angle est plus osé et interactif. Autant les éco-musées que les économusées m'inspire, autant dans certains cas des relations pourront être établies. S'il y a une chose qui peut être détestable dans un musée c'est l'ablation du sens tactile: on ne peut rien toucher! Or s'il y a une chose dans la vie que l'on veut faire par-dessus tout c'est user de ses sens. On veut sentir, voir, toucher, entendre, voire goûter! Non je ne ferai pas le musée des cinq sens, bien que l'idée serait tentante. Je me contenterai donc de quatre, mais surtout de trois: voir, entendre, toucher. Pour ce qui est de sentir, cela n'entre pas directement dans le cadre du projet et goûter comporte trop de risques, devient trop difficile à gérer et peut être fort onéreux. Le toucher en soi comporte des risques. Le toucher sera à disposition de qui voudra en profiter, sans obligation. Des questions d'hygiène sont à étudier, tels des gants qui seraient mis à disposition des visiteurs.
En plus de ces fonctions, il y aura donc aussi d'importants aspects d'histoire, d'anthropologie et d'ethnologie, le tout dans un cadre éducatif. Des conférences publiques seraient offertes, des séminaires de recherche instaurés. Le lieu pourra être relié avec une faculté universitaire, mais il intéressera tout autant les enfants que les personnes à la retraite dont la collaboration constitue un volet important.
Des CD-ROMs seront conçus et, en plus de toucher des éléments en montre, l'informatique permettrait d'en savoir davantage sur place. Seront mis à contribution des artisans et l'industrie, autant pour l'approvisionnement que pour certains aspects techniques. De plus des ateliers pour apprendre à faire usage de ce qu'il y a dans le musée seraient offerts. Le volet international consisterait à ouvrir ce type de musée un peu partout dans le monde et à permettre ainsi un échange d'expositions et d'expertise.
Bref, c'est de cela dont j'étais à la recherche, ce projet qui allait me remettre sur les rails pour les... 40 prochaines années! Faut être optimiste, n'est-ce pas... C'est énorme et c'est puissant. Il me reste à vendre ma salade; de préférence de la boston, de la romaine ou de la frisée. Surtout pas de iceberg: je ne voudrais pas laisser de glace mes éventuels baîlleurs de fonds...

samedi 18 novembre 2006

Cogiter à plein


As the commuters disembarked from the train, she recognized the elusive Nikola Tesla
Je réussis maintenant à passer moins de temps à l'hôtel et plus à la cabane. C'est que le trajet ne me fait pas bander... Ces 8 km dans chaque direction finissent par me rendre las. Et puis les journées raccoucissent à vive allure (2m20s en moyenne par jour). Le soleil (celui-là on ne peut pas dire qu'on le voit souvent) se couche (tout de même) vers 16h10 en ce moment et il reste encore un mois avant de regagner de la durée, soit deux mois pour atteindre la durée du jour d'hier...
Je réfléchis mieux lorsque je suis à la cabane... Du reste, je n'ai pas le choix car, à part finir de colmater les brèches, faire un peu dans l'esthétique pour que l'endroit ne soit pas trop moche, je cajole les chats, je lis, j'écoute la radio... Mais je réfléchis aussi! À force de réfléchir sans trop me prendre la tête, je réussis à cogiter sur des choses intéressantes.
En fait, je crois avoir mis le doigt sur une idée de projet à la mesure de mes envies. Je ne vais pas en parler en détail mais cela a trait à l'histoire, l'anthropo/ethnologie, la pédagogie, la transmission du savoir, l'informatique, la photographie, le multimédia et la publication. C'est un projet rassembleur qui intègre tout le monde et génère de l'emploi. En ce moment dans ma tête, c'est une formule gagnante, d'autant plus que c'est exportable partout dans le monde. Hé! Hé! Je n'y vais pas avec le dos de la cuillère, hein! C'est que je dois absolument me concentrer sur quelque chose qui me fait vibrer, me passionne totalement pour le temps qu'il me reste à vivre qui dans des conditions normales devrait tout de même être assez long...

He remembers the time when they had nothing much to do all day except play pooh-sticks
C'est en me demandant ce qui depuis toujours m'intéresse pour essayer de cibler un peu la suite de mon existence que je suis tombé par hasard sur cet aspect auquel je n'avais pas vraiment songé. Et puis là je me suis dit: "Ben oui"! J'ai été aussi inspiré par un membre de la communauté flickr - frogmuseum2/Micheal Titus qui vit quelque part en Virginie Occidentale - dont les photos m'émerveillent pour ce qu'elles procurent de sensations. Mon projet n'a rien à voir avec le sien cependant. C'est autre chose, mais vaguement dans le même esprit.
Il s'est toujours agi pour moi de trouver un projet porteur à facettes multiples et qui posent des défis intéressants. Je veux éviter de faire affaire avec l'État pour le monter financièrement car ses critères finiront pas le tuer. Cela étant dit, il s'inscrira totalement dans la mouvance contemporaine et respectera toutes les lois et règlements. Il n'est pas d'ordre politique, religieux ou autre puisqu'il est rassembleur. J'en ai pour plusieurs semaines, voire des mois à mettre le projet sur papier et ce n'est que cette étape essentielle franchie qui me permettra de poursuivre l'idée. Bref, de quoi m'amuser tout l'hiver...

§ § §


J'ai lu et surtout écouter plusieurs choses intéressantes cette semaine, mais là je dois partir car l'après-midi achève... La température a pris une sacrée dégringolade en un peu plus de 24 heures. Hier midi il faisait 20ºC et il fait en ce moment 0ºC. J'en ai profité durant les deux ou trois jours cléments pour terminer de colmater et de peindre camouflage la cabane.

mercredi 15 novembre 2006

Le loup dans la bergerie


Photo: Radio Canada
Maude était arrivée à 10h15. Cela faisait plus d'une heure que j'étais prêt. Cela ne m'offusque pas, car dans notre sphère, le retard est une notion vague. Mais elle restait là dans sa voiture à écouter tout fort l'émission Christianne Charette. Il y avait quelqu'un qui scandait des mots et je n'avais pas envie d'écouter car elle voulait écouter. Alors j'ai attendu hors de la voiture. J'ai marché un peu le long de la route. Je lui ai dit de me laisser savoir lorsque ce serait terminé. Je suis retourné à la cabane.
Lorsque je revins à la voiture, elle était prête et me dit:"Tu aurais dû écouter cela, c'était bien". Je lui répondis que je n'avais pas envie d'écouter de chansons québécoises ou des propos supposément pourfendeurs parce que je suis fâché. Elle me demanda de quoi j'étais fâché. "De la mollesse, du fait qu'on est mou au Québec." Elle me rétorqua, "eh bien justement! C'est ce dont il était question ici.!" "Mais tu sais je me méfie de Christianne Charette", lui répondis-je.
J'aurais dû être moins tordu... Je suis allé sur le site de l'émission de lundi et j'ai lu et écouté de quoi il s'agissait. Je ne suis vraiment pas au courant de tout ce qui peut brasser le petit monde québécois... Alors j'en fus quitte pour me mettre à l'heure de la polémique à propos d'un article écrit pas Marc Cassivi dans La Presse du 7 novembre, il y a à peine une semaine et qui a valu, tant à son auteur qu'à celui dont il est question dans l'article, une myriade de propos à la mitraillette de tout un chacun. Il faut vraiment avoir les couilles solides pour s'ouvrir la trappe en public et un gilet pare-balle car ça te lance des rafales de partout.
Tellement je suis déconnecté: je ne savais pas que Jean Leloup était désormais Jean Dead Wolf Leclerc. Bon... c'est relativement important, ne serait-ce que pour savoir de qui on parle, car hier dans la voiture, Maude ne le savait pas semble-t-il. Et puis l'émission tournait autour d'un verre d'eau dans lequel on a plongé une pastille d'Alka Seltzer®, because au Québec on digère mal et on prend beaucoup d'Alka Seltzer® dès lors que quelqu'un ouvre la trappe ou est mal cité. Les bouillonnements ne se font pas attendre!

Je ne vais pas tout reprendre cela à zéro. Je vous recommande d'aller faire un tour sur la page de lundi du site de l'émission de Christiane Charette où se trouve tout ce que vous aimeriez savoir sur la "controverse" et même la "chanson" chantée live par Leloup/Leclerc téléchageable en mp3, les liens vers les articles et tout le tra la la. Cependant, comme on a découpé l'émission comme un saucisson, je vous offre le lien pour écouter l'heure en entier car c'est vraiment la façon dont s'enchaîne cette partie de la matinée charettienne qui vaut le déplacement. Et puis s'il vous la voulez, demandez-la moi pour vos archives. Il a même été question de béatifier, voire de sanctifier Jean Leloup. Au mieux, il faudrait ajouter une bulle papale à l'Alka Seltzer® pour cela...

dimanche 12 novembre 2006

Une semaine dans le vie d'un homme des bois nouveau genre


Apparition du papier peint original avant son retrait
La semaine aura été intéressante. Il me semble que le temps passe de façon plutôt lente, ce que j'apprécie. Je suis vraiment ravi de passer du temps dans cette nouvelle cabane, à lire et à réfléchir à ce que je ferai quand je serai grand. C'est en même temps le côté pernicieux de la chose: ma notion du temps est plutôt étrange à tel point que ce qui s'est passé il y a 25 ans s'est passé hier.
Hier pourtant m'est venu une solution à un problème assez corsé concernant l'isolation de la maison de Maude qui se posait cette semaine. L'enlèvement du Masonite® et du préfini sur les murs à l'intérieur a mis à jour les planches originales de la maison. Ces murs n'auront été en leur temps qu'isolés au brin de scie et à la vermaculite, ce qui n'offre pas une grande résistance au froid. Plus récemment, on a revêtu l'extérieur de clin de vinyl, ce qui donne peut-être une apparence plus intéressante mais ne constitue pas le meilleur revêtement contre le froid et le vent, même si apparemment on aura soufflé une certaine épaisseur de styromousse avant de refermer. Et puis le vinyl, c'est du PVC, la fabrication duquel est assez polluante, sans parler de son rejet dans les dépotoirs.
L'intérieur sera donc paré d'un revêtement d'aluminium sur papier qui servira de coupe-vapeur. Puis je fabriquerai de minces lattes avec les panneaux de préfinis, histoire de ne pas acheter de nouveau bois et de recycler ce qui est là. Sur ces lattes seront collés les planches de pin à la vertical qu'ils restera à teindre. Le collage des planches est quelque chose qui me rend suspect. Je n'ai jamais coller de planches sur un mur au lieu de les y clouer. Cela m'apparaît un peu biscornu. On me dit qu'il s'agit désormais de la façon de faire. Bon, ben allons-y pour l'innovation...

Petit matin gentil à la cabane
Je lis toujours Tom Robbins, j'écoute la radio, je fais au compte-goutte le reste des travaux sur la cabane. Je vais prendre le reste des panneaux de Masonite® que j'ai enlevé chez Maude pour terminer des travaux de revêtement extérieur chez moi, histoire d'éviter les grands vents froids d'hiver et de garder l'isolant au sec. J'écris un peu. Bref, rien de très palpitant mais, somme toute, n'est-ce justement pas là ce que je recherche. Et puis je vais bien finir par en faire quelque chose...

Réaménagement de l'étage supérieur
En début de semaine, on m'avait offert de me rendre à la réunion d'information du réseau des bibliothèques mais à trop trainer les pieds, j'ai fini par ne pas (v)pouvoir m'y rendre. Je pense que je ne suis pas encore prêt à me remettre à la réunionite... J'ai tout de même fait mon bénévolat hebdomadaire à la bibliothèque, ce qui me fait toujours plaisir. L'été dernier, j'avais pensé faire la lecture aux enfants les samedis. Je ne sais pas si une telle idée serait vraiment intéressante pour les enfants

Un écolo actif et pragmatique


Vendredi dernier, alors que j'étais à la cabane, je me suis branché sur CBC Radio One, comme je le fais très souvent les soirs en semaine. Parmi les sujets traités, il y a eu cette conversation fort intéressante entre Carol Off, l'hôte de l'émission As it Happens et l'écrivain et environnementaliste britannique George Monbiot, au sujet de son plus récent ouvrage dont la publication au Canada est dotée d'une préface qui nous est spécifiquement destinée. Comme du côté francophone, des lunes vont passer avant que nous n'entendions parler de cet auteur et de ses propositions, j'ai décidé encore une fois de faire et la transcription et la traduction simultanées de la conversation.
As It Happens
CBC Radio One
Vendredi 3 novembre 2006, 19h06
Pour écouter/télécharger (mp3) en anglais la conversation. Durée: 22m39s

Barbara Budd (co-animatrice):

"Le Canada n'en fait pas assez pour combattre les changements climatiques". Il s'agit là d'un des commentaires ciblés par l'auteur George Monbiot. Mais peut-être les Canadiens peuvent se consoler en sachant que nous sommes en bonne compagnie. Cet environnementaliste britannique qui ne mâche pas ses mots considère que le monde entier doit faire plus d'effort et doit faire plus de façon drastique. Dans son plus récent livre, Chaleur - Comment empêcher la planète de brûler [Heat - How To Stop The World From Burning], monsieur Monbiot demande une réduction de 90% dans l'émission de carbone d'ici à l'an 2030 et il avance qu'une réduction aussi ambitieuse est possible. La publication du livre au Canada contient une préface spécifiquement au lecteurs canadiens. Nous avons joint l'auteur et environnementaliste George Monbiot à Oxford.

Carol Off:
Monsieur Monbiot, j'espère que nous n'allons pas utiliser trop de CO2 pour faire cette entrevue aujourd'hui? Avez-vous pris votre vélo pour venir au studio?

George Monbiot:
Oui en effet. Incidemment l'autre jour j'ai fait ma première vidéoconférence en Australie. J'ai réussi à faire une conférence de deux heures sans quitter Oxford, ce qui m'a fait très plaisir...

CO:
sans prendre l'avion...

GM:
...sans prendre l'avion.

CO:
Je veux vous parler de l'édition canadienne dont la première ligne de la préface a assurément attiré mon attention. Dans le cadre de l'opinion internationale, le Canada s'en sort trop bien.

GM:
Quand les gens pensent à qui sont le pires contrevenants dans les changements climatiques, ils ont tendance à penser aux États-Unis et à l'Australie et ils sont en effet vraiment mauvais car non seulement ne veulent-ils pas signer les Accords de Kyoto, mais ils cherchent aussi à les désavouer, en en sabotant les pourparlers et en instaurant ce processus alternatif appelé le Partenariat Asie-Pacifique [Asian-Pacific Partnership]. Mais lorsqu'il est question des émissions réelles de CO2 produites par le Canada, elles sont presqu'aussi aussi mauvaises que ce que font les États-Unis et l'Australie. Bon, nous avons un niveau assez honteux nous-mêmes ici en Angleterre. Nous avons une moyenne d'émission de CO2 produite par personne et par année de 9 tonnes et on pense que c'est plutôt mauvais. Mais au Canada c'est 19 tonnes, ce qui est juste sous les États-Unis avec 20 tonnes. Vous êtes presque les plus grands producteurs sur terre. Et maintenant il semble en plus de produire énormément de CO2, vous avez un gouvernement qui adopte un scénario très similaire à celui des États-Unis et de l'Australie.

CO:
Donc, j'imagine que vous n'avez pas trouvé agréablement honnête la déclaration de notre ministre de l'Environnement Rona Ambrose à savoir que le Canada ne pourrait pas rencontrer ses objectifs Kyoto, que cela était impossible. Vous dites dans votre livre que la réputation globale du Canada serait de tenter d'atteindre sa performance.

GM:
Bien, quand Rona Ambrose dit qu'elle ne pourrait pas atteindre les objectifs, ce qu'elle voulait dire c'est qu'elle ne veut pas atteindre les objectifs. À l'aide d'un programme ambitieux, il serait possible au Canada de rencontrer ses objectifs de Kyoto et même d'aller plus loin. Mais il me semble que le gouvernement de Stephen Harper qui se réclame tant de la ligne dure, agit vraiment comme une bande de pleurnicheurs, des poules mouillées, devant quelques lobbyistes puissants et le besoin d'une contribution pour sauver la planète devant la plus grande crise à laquelle l'humanité fait face potentiellement. Ils sont du côté des lobbyistes et cela, pour moi, est un acte de poltron.

CO:
Vous n'acceptez pas l'idée que nous avons un problème que vous n'avez pas au Royaume-Uni, à savoir que nous avons un immense pays et très froid et que nous avons tendance à brûler plus de CO2.

GM:
Bien, je ne peux nier que cela est vrai, mais en fait, en autant que le climat est concerné, il nous faut réduire notre émission de CO2, car si nous ne le faisons pas, des gens vont mourir. Déjà nous voyons les changements climatiques provoquer l'augmentation des maladies sous les Tropiques. Il semble bien que cela ait le potentiel, durant ce siècle, d'obliger le déplacement de centaines de millions de personnes de leur lieux d'habitation et la création de zones désertiques à l'intérieur des continents, particulièrement en Afrique sub-saharienne. Cela pourrait devenir un désastre humain monumental et je ne veux pas de cela sur ma conscience et je soupçonne que les Canadiens non plus.

Peu importe les bonnes excuses pour produire ce CO2. Le CO2 produit avec de bonnes excuses est aussi mauvais que celui produit par avec de mauvaises excuses.

CO:
Juste pour que les gens comprennent que votre livre "Chaleur" [Heat] n'est pas un livre où il est dit que nous allons tous mourrir et qu'on ne peut rien y faire, parce que nous avons été négligents avec la planète. Vous avez beaucoup, vraiment beaucoup de suggestions pratiques (quoique cela exigera beaucoup de volonté politique devrais-je ajouter) mais vous offrez une recette pour survivre et votre thèse s'appuie principalement sur l'idée que vous pensez que nous pouvons réduire notre émission de CO2 d'ici 2030, de 90%, sans vraiment changer la façon dont nous vivons.

GM:
Bien certainement pas en dephasant la société industrielle que nous connaissons, en ayant la qualité de vie que nous connaissons en ce moment. Ce que j'ai fait c'est regarder l'économie secteur par secteur pour voir si des coupes de 90% peuvent en être faites. La raison pour laquelle je parle de réduction de 90% a trait à ce que demande la science en ce moment quand vous regardez le capacité déclinantes des écosystèmes à absorber le CO2, quand vous regardez à la croissance de la population mondiale et quand vous analysez une certaine concentration du CO2 dans l'atmosphère et la température globale, vous voyez que pour prévenir des changements climatiques majeurs, il nous faut cette réduction d'émissions de 90% vers 2030 dans les pays riches.

J'ai regardé par exemple l'habitat et aux genres d'efficacité énergitique que nous pouvons en obtenir et il semble que vers 2030, nous obtiendrons entre 30 et 40% et il nous faut aller bien au-delà.

Puis j'ai regardé à des sources renouvelables d'électricité et de chaleur pour compenser. J'ai examiné le système de transport, j'ai examiné l'aviation, j'ai examiné les supermarchés, j'ai examiné l'industrie du ciment pour identifier quelques-uns des plus grands pollueurs qui totalisent quelques 60% de tout le CO2 que l'on produit et trouver que dans chacun de ces secteurs cela peut être ramené à 10% des niveaux présents. Bien sûr qu'il s'agit là d'un gros défi, mais je pense que ce que j'ai réussi à démontrer, c'est que c'est plausible.

CO
Commençons pas l'habitat. Que suggérez-vous qui peut-être fait pour réduire [les émissions de CO2] dans ce secteur?

GM
Bien, je crois que nous devons avoir pour tous les pays un programme-éclair, comme celui que l'Allemagne vient d'introduire. Ce que le gouvernement allemand a déclaré, c'est qu'il va prendre chaque année 5% de l'ensemble du parc immobilier et en injectant environ 1 milliard d'euros, il va le transformer en habitation à haut rendement énergétique. Donc dans 20 ans, si le programme se poursuit tel que prévu, chaque maison en Allemagne sera doté de haut standard énergétique. Je crois que cela doit être fait dans tous les pays développés.
Parallèlement, nous devons avoir des mesures beaucoup plus strictes concernant le genre d'appareils électriques que nous avons dans nos maisons. Cela est fou que nous utilisions encore des ampoules à incandescence dans nos maisons. C'est une technologie incroyablement désuète, primitive et gaspilleuse. Il y a des façons de loin plus économique d'éclairer votre maison.

Il me semble fou qu'il soit si difficile d'acquérir les plus efficaces des frigos et congélateurs, avec des parois sous vides isolés qui conservent le froid à l'intérieur, de manière beaucoup plus efficacement que les modèles courants, avec une économie de 80%.

Il me semble fou que nous passions de l'écran cathodique à l'écran plasma, lui qui par pouce carré d'image utilise de 5 à 7 fois plus d'énergie que l'autre méthode. Il nous faut voir des règlementations beaucoup plus sévères qui disent qu'à l'avenir nous devons avoir des appareils ménagers qui soient efficaces en termes d'usage d'énergie.

CO
L'autre secteur où vous décrivez que nous pouvons modifier nos maisons, les rendre plus efficaces en termes d'utilisation de l'énergie - et vous étendez la mesure aux industries - vous parlez de formes durables d'énergie, que prescrivez-vous dans ce domaine?

GM
En ce qui concerne l'électricité, je suis devenu intéressé par le courant direct à haut voltage. La plupart des réseaux électriques dans le monde fonctionne au courant alternatif. Le problème avec cela, c'est que plus longue est la ligne de transmission, plus coûteux cela devient, parce qu'elles perdent de l'électricité et sont très onéreuses à construire. Les lignes de courant direct quant à elles, après un certain point, deviennent beaucoup moins onéreuses que les lignes de courant alternative et perdent moins d'électricité. Vous pourriez ainsi avoir des lignes de transmission jusqu'à 4500 km de longueur. La chose la plus intéressante à ce sujet c'est que cela vous permet d'exploiter des sources d'énergie qui n'étaient pas disponibles auparavant.
Par exemple vous pouvez alors commencer à utiliser de grandes portions des plaques continentales en haute mer pour ériger des éoliennes de grande portée, de 10 MW vraiment, en plus d'énormes convertisseurs d’énergie des vagues: le plus loin que vous allez dans la mer, le plus de vent et de vagues. Vous avez un mètre de vent de plus par seconde à chaque kilomètre de la côte. Avec ces câbles de longues distances, vous pouvez commencer à exploiter des sources d'énergie qui sont plus riches en termes de ce qu'elles peuvent donner par rapport au énergies renouvelables que nous avons utilisé jusqu'à présent.

CO
Et puis il y a l'énergie du désert, avec l'usage de panneaux solaires, avec tout le soleil qui darde là-bas.

GM
Oui. Et j'ai regardé spécifiquement au cas de l'Europe et voyant que nous avons cette immense ressource au sud de l'Europe, le désert du Sahara qui a beaucoup d'avantages, l'un c'est bien sûr que nous savons qu'il y a du soleil là-bas de manière constante et nous savons quand il fera soleil. Puis ce n'est pas si loin lorsque vous faites usage du courant directe pour le transport de l'électricité, 3) il s'étend de l'est à l'ouest, ce qui veut dire que lorsque le soleil va se coucher à une extrémité du désert, il se lève à l'autre extrémité, ce qui vous permet 15 heures ferme d'électricité totalement renouvelable par l'usage de grandes "fermes" solaires pour produire l'électricité.
Maintenant, en Amérique du Nord, vous avez assez beaucoup de désert. Vous avez les Great Basin, le Mojave, le Somora et plusieurs autres en plus. L'occasion ainsi de commencer à utiliser des parties de ces déserts aussi loin soit-il des grandes agglomérations pour desservir ces grands centres urbains.

CO
Sans doute la parties la plus intéressante du livre pour l'auditoire canadien traite du transport, à cause de l'immensité du territoire, des humains, des aliments à transporter. Et vous discutez de tout: combien de carbone il aura fallu pour que cette personne ou que cet article-là se retrouve à la table ou au consommateur. Pouvez-vous décrire un peu ce qui peut être fait pour réduire, pour réduire de manière radicale la quantité de carbone que nous utilisons pour le transport.

GM
Bien. J'accepte que le Canada ait un problème particulier ici. Vous êtes un si grand pays avec une si faible densité de population, cela veut dire que vos émissions par habitant seront plutôt grandes. Mais même à cela, je crois qu'il existe des façons intéressantes d'abaisser ces niveaux. Un de ces façons d'en venir à bout est d'assumer qu'une grande proportion des gens continuerons d'utiliser la voiture privée. Quelle est la façon la plus rapide et la plus efficace de "décarboniser" la quantité de carburant utilisée. Il me semble que ce n'est pas par le truchement des carburants, ni de l'hydrogène. En fait, c'est en faisant un meilleure usage de la voiture électrique. Mais le problème avec la voiture électrique en ce moment est que son rayon d'action n'est que d'environ deux cents milles [300 km]. L'accumulateur n'a plus d'énergie après cette distance et il vous faut brancher la voiture et la laisser là pour plusieurs heures avant de pouvoir vous en servir de nouveau. Et c'est ce qui rebute les gens au sujet de la voiture électrique. Mais ce que je propose c'est que tous le réseau des stations-service devrait être dans une position de vous louer des accumulateurs. Vous ne possédez pas l'accumulateur de votre voiture électrique, vous le louez dans ce réseau de stations. Dès le moment où l'accumulateur ne donne plus de rendement, vous allez à une station-service, un levier vient vers la voiture, enlève l'accumulateur déchargé, en met un nouveau et vous voilà reparti. Et ces accumulateurs pourraient être rechargés avec ces surplus d'électricité produite par ces éoliennes géantes dont je parlais qui continue de tourner la nuit au moment où la demande électrique est très basse. Et ce que vous faites là, c'est d'utiliser de l'électricité gratuite, bien plus ou moins gratuite, et libre de carbone aussi.

Maintenant, pour ce qui est de décourager les gens à utiliser la voiture, il y a une façon de complètement revitaliser le parc des autobus. En réalité, dans la plupart des pays, le voyage par autobus est désarmant et humiliant, mais il pourrait en être autrement, une expérience rapide et très confortable et cela dépend d'abord d'un concept d'autocars de meilleur design qui existent déjà du reste mais il n'y a pas beaucoup d'incitatifs pour les fabriquer. Fabriquer des autocars ressemble un peu à la classe Affaires dans un avion, des espèces de grandes limousines qui transportent un bon nombre de gens, mais il s'agit aussi d'implanter des gares d'autocars au jonction des autoroutes, de sorte que les autobus urbaines viennent le rejoindre, de sorte que ces grands autocars ne sont pas dans l'obligation de se rendre dans les villes. Puis il y a que l'on pourrait créer des corridors pour les autocars sur les autoroutes, de sorte que les autocars puissent rouler sans obstacles et cela pourrait vouloir dire qu'ils vont beaucoup plus vite, même plus que les voitures, parce qu'ils ne sont pas pris dans les bouchons. En d'autres mots, il s'agit de créer une alternative de transport public qui a le potentiel d'être plus attrayant que la voiture parce qu'il est plus rapide, plus commode et plus efficace...

CO
Il faudrait dire que nous parlons d'autocar qu'on appelle des autobus au Canada.

Gm
...Je suis désolé...

CO
...au cas on n'aurait pas déjà compris.

GM
... divisés par une langue commune...

CO
...oui, c'est vrai. Mais le secteur pour lequel vous n'avez pas de solution à la réduction des émissions de CO2, qu'il n'y a rien à faire pour cette réduction a voler dans les airs, et vous dites "Quoique nous faissions pour réduire nos émissions de CO2 au quotidien par habitant, on prend l'avion et on vient d'annuler tout ce que nous venons de réduire.

GM
Oui. Je me rends bien compte que ce n'est pas le genre de chose qui va bien passer au Canada, mais c'est là une réalité que les changements climatiques nous force de confronter: nulle part ailleurs contribuons-nous davantage au réchauffement de la planète que lorsque nous prenons l'avion et cela pour au moins deux raisons. D'abord en tant qu'individu vous produisez énormément plus d'émission de CO2 en une journée en prenant l'avion que vous ne produiriez de quelque manière que ce soit dans votre vie de tous les jours. Ainsi, en admettant que vous parcouriez 10 000 km en un année avec votre voiture, vous pouvez le faire bien évidemment en moins d'une journée si vous prenez l'avion. Puis il y a que les rejets des avions ne se limitent pas au CO2 qu'ils produisent. Quand vous prenez en compte les autres gazs qu'ils produisent, particulièrement les vapeurs d'eau produites à haute altitude, cela multiplie par 2,7 fois l'effet de serre que ces avions engendrent. Ce que vous découvrez c'est que le ratio km/passager, vous obtenez un effet disporportionné gigantesque, plusieurs fois supérieur que si vous voyagez seul dans votre voiture, quand on prend en compte l'ensemble des données du réchauffement et, bien sûr, sur une très grande distance.

Le problème avec les avions c'est qu'il s'agit là plutôt d'une grande prouesse technologique pour les amener dans les airs et les maintenir là-haut. Et alors qu'il y a un ensemble de susbtituts pour le transport terrestre, il n'y a pas de bons remplacement à l'avion dans un avenir visible, certainement pas dans la période dont je parle [d'ici à 2030], que ce soit en ce qui concerne les moteurs ou les carburants utilisés par les avions en ce moment, sans augmenter encore les problèmes que nous avons déjà.

CO
Vous avez parler au début de la politique et toutes ces solutions pratiques sont encourageantes et donnent bien la mesure de la possibilité de régler le problème. Je suppose que dans ce pays et dans d'autres pays où vous avez des législateurs qui n'acceptent pas vraiment la science, à savoir que les changements climatiques sont le fruit de l'homme, que faisons-nous?

GM
C'est une situation vraiment difficile, parce que lorsque les gens sont engagés dans un déni volontaire, il n'y a rien à faire pour les persuader directement et je me demande parfois ce qu'il faudrait parce que le consensus scientifique au sujet des changements climatiques est aussi robuste qu'en ce qui concerne l'évolution ou en effet qu'il s'agisse de n'importe quelle théorie scientifique. La seule façon de s'en sortir est en exposant la fausse science de ceux qui disent que cela n'existe pas. Je pense que c'est cela qu'il faut qu'il arrive de sorte que la vapeur monte à la tête des la population au point que cette position de déni volontaire devient complètement ridicule. Ce que nous avons observé - et cela est particulièrement fort en Amérique du Nord - est un réseau très efficace de dénigreurs professionnels de pacotille qui appartiennent à des instituts de recherche, des tink-tanks, même des OSBL (organisation sans but lucratif) de l'environnement.

CO
Donc on baisse le thermostat, on revêt le chandail, on ne prend pas l'avion, on fait pousser notre propre garde-manger, on achète localement et on montre du doigt nos politiciens.

GM
Oui! Vite dit, cela est vrai, mais la clé de tout cela est que nous sommes beaucoup plus puissant comme citoyens que comme consommateurs. L'un des problèmes de l'approche mise de l'avant par beaucoup de groupes environnementaux et qu'il mette ça entre les mains des individus à décortiquer. Il est en fait très difficile à l'individu de décortiquer tout cela. On ne peut pas utiliser le transport en commun si l'État ne le planifie pas. On ne peut pas utiliser des énergies renouvelables si celles-ci n'existent pas. Et en essayant d'agir comme consommateur concerné est de nous rendre impotent. Ce qu'il nous faut faire d'abord, c'est d'agir comme citoyen et forcer les gouvernements à prendre des meilleurs décisions politiques desquelles nous bénéficions tous. Et sans cela, même nos gestes d'abstinence sont complètement sans effet. Cela fait maintenant que j'existe sans voiture et ce dont je me rends compte c'est que je n'ai juste réussi qu'à créer plus d'espaces sur les routes pour que des gens qui conduisent des modèles moins efficaces que ce que j'aurais choisi puissent rouler. Ma décision est inutile sans ce cadre gouvernemental qui fasse que ma décision ait du sens.

CO
Monsieur Monbiot, merci beaucoup d'avoir roulé à vélo pour venir nous parler aujourd'hui.

GM
Cela m'a fait plaisir. Merci beaucoup.

CO
Soyez bien.

GM
Merci. Aurevoir

BB
L'auteur et environnementaliste britannique, George Monbiot, discutant de son plus récent ouvrage Chaleur - Comment empêcher la planète de brûler" [Heat - How To Stop The World From Burning]. Nous l'avons joint à Oxford.

George Monbiot pourrait penser que le gouvernement canadien somnole lorsque vient le temps du réchauffement de la planète, mais cet après-midi, notre ministre des Pêches et Océans nous a prouvé qu'avec un vent chaud dans vos voiles il est possible d'aller dans deux directions en même temps.

Pour les annales [For the Record], Loyala Hearn parlaient à des reporters à Ottawa:

Ministre
Il y a des choses qui se passent dans les océans au sujet desquels nous n'avons aucun contrôle. Il ne s'agit pas seulement de surpêche ou l'usage de certaines technologies. La température dans une des nos stations non loin de Saint-Jean, Terre Neuve a augmenté de 4,5ºC. Cela a un effet énorme. On ne voit pas autant de saumons revenir vers les rivières, comme il se devrait. On n'assiste pas à la croissance de nos stocks de poissons de fond comme nous devrions. On voit quand même quelques croissance chez certaines espèces pélagiques. Donc il y a une amélioration.

Journaliste
Quelle est la température que vous avez donné?

Ministre
4,5ºC

Journaliste
Est-ce que cela a à voir avec les changements climatiques?

Ministre
Bien, les gens vont avancer cela, mais je ne suis pas un expert en changements climatiques, mais sans doute assistons-nous à quelque chose qui se passe qui ne se passait pas auparavant. Donc vous pouvez jouer avec cela de la façon que vous voulez.

Journaliste
Même les experts dans votre ministère en parlent.

Ministre
Vous savez, j'ai déjà vécu dans la région de Terre Neuve où la joie au printemps était de surveiller les gros icebergs passer par nos côtes et dans les dernières années, même dans la partie septentrionale de la province où nous étions assurés de les voir, on ne voit aucune glace. Pourquoi, je ne sais pas...

Journaliste
Ils disent, vous dites que ce n'est pas à cause des changements climatiques?

Ministre
Ils ont, nous sommes inquiets j'imagine face et nous ne connaissons pas la cause exacte de ce qui se passe. Je pense qu'aux États-Unis, les scientifiques ont des opinions variés.

Journaliste
Quels signes attendez-vous?

Ministre
Ce n'est pas quelque chose où je dirais quel est la cause, parce que je pense personne ne vous donnera une réponse directe concernant la cause de la grande quantité de phénomène qui se passent dans les océans ont un effet sur la température.

Journaliste
...

Ministre
Bien, je pense que tout le monde est de l'avis que les changements climatiques doivent avoir quelque effet sur tout cela. Maintenant quelle est la définition de "changements climatiques" si large. Vous savez ce n'est pas si simple à dire. Ce n'est pas noir et blanc.

Pour mémoire [For the Record], le ministre Loyala Hearn répondant à des questions des journaliste plus tôt dans la journée, à Ottawa.

Fin de transcription

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lundi 6 novembre 2006

J'ai un deux pièces dans le 2 milliardième arrondissement


J'ai un jour entendu quelqu'un comparer la croissance de Paris et de l'Île-de-France à un oignon, pour expliquer notamment l'évolution des arrondissements, dans l'espace et le temps. En extrapolant un tantinet, c'est dire qu'ici le chiffre du titre, bien qu'approximatif, serait de cet ordre, si le cercle concentrique a un point de départ lutécien.
C'est que ce soir, las de ne faire que la voir, j'ai inauguré ma seconde pièce en y faisant le ménage, ce qui me permet à tout le moins de m'asseoir à la table de cuisine et de faire en sorte que désormais j'aie le choix de m'asseoir au futon-divan, sur la chaise pliante de mon salon ou à cette table qui en est une ronde de jardin.

Ce qui est chouette dans mon aménagement c'est cette cloison de verre qui sépare les deux pièces, cloison constituée en fait de deux portes de verre trempé Saint-Gobain, des portes d'entrée de commerce qui pèse chacune 50 kilos et d'une épaisseur de près d'un centimètre et demi. Ainsi, bien que ma cuisine fasse un léger 1m70 de profondeur, je vois jusqu'au fond de mon petit espace global, soit 4 mètres!
Je trimbale ces portes depuis bientôt 20 ans. Lorsque je les avais aperçu, alors que je marchais un après-midi d'hiver dans le quartier industriel d'Outremont, de toute évidence jetées du haut d'un quai de chargement de camions, sans qu'une éraflure ou qu'une égratignure en soit la conséquence, je m'étais dit que je devais les récupérer. Plus tard dans cette soirée d'hiver un copain avait bien accepté de venir m'aider à les amener jusqu'à cet aparte que j'occupais alors, appartement où j'ai malencontreusement oublié les 100 premiers numéros du magazine A Suivre, une bévue que je ne me pardonnerai jamais!

Depuis que je les ai, elles ont surtout servi de table, au cours des années. Ici je voulais en mettre une sur le toit de mon espace vitré, ce qui aurait fait un sacré puits de lumière. J'ai jugé la chose finalement peu prudence, étant donné le poids qu'elle apporterait à ma charpente, en surcroît de la neige. Et puis il y a que monter, seul, une porte de 50 kilos dans un escabeau qui n'atteint que la moitié de la hauteur de la paroi extérieur est plutôt suicidaire. À preuve, l'autre jour j'ai tenté une première fois de monter de cette façon une simple vitre qui, à peine avait-elle atteint la toiture, m'a éclatée dans les mains. J'en ai été quitte pour une frousse car dans la position où j'étais j'aurais pu me couper le cou avec les éclats de verre. J'ai alors réussi à m'abriter à lâcher tout, ce qui a provoqué un vacarme inusité dans la forêt...

D'aucuns diront que j'ai beau avoir un deux pièces gratos dans le 2Gigième arrondissement, cela me fait tout de même une sacrée trotte jusqu'au Louvre! Qu'à cela ne tienne, mon désir d'aller au Louvre, au musée d'Orsay ou ailleurs est proportionnel aux moyens que j'ai pour m'y rendre...

Le café et moi

Quand vient le temps du café - ce qui chez moi est tout le temps - je suis plutôt exigeant. Je le mouds moi-même à même le moulin qui broie les graines à jus de bras.

Récemment à la boutique Santé-Lumière à La Patrie, Lucie, l'hôte de la maison, est revenue de Sherbrooke avec une nouvelle marque: William Spartivento! Café équitable et biologique en provenance de plusieurs régions du monde. Depuis un mois je bois du "Sumatra Réserve Sibolga", café acidulé et corsé, comme le sont tous les cafés de l'île. Tant qu'à carburer au café, autant en acheter qui soit équitable et biologique. Même avec les meilleures intentions, il n'est pas dit que l'on ne déboise pas les forêts pour faire des plantations de café...
Mais l'Indonésie qui a la superficie du Québec (incluant le Labrador) abrite pas moins de 223 millions d'habitants, ce qui crée une énorme pression sur son territoire. Cette question-là n'est pas innocente. Elle est même bourrée d'obstacles de toute nature.
J'ai l'intention d'essayer les différentes variétés de café sous étiquette bio et équitable de cette marque. L'autre solution consisterait à cesser de boire du café. Je n'ai pas atteint ce degré de courage...

Paysage et jachère


Sur la 257, pas loin de ma cabane
L'autre jour en revenant de Lac Mégantic avec Maude, je lui fis valoir que nous ne devrions pas laisser tous nos champs s'en aller en jachère, que ces champs, des gens les ont conquis à force de bras et qu'ils font partie du patrimoine au même titre que le bâti. Ainsi, je suggérai que nous devrions continuer de faire les foins dans les champs abandonnés, histoire de conserver ces champs, surtout ceux qui offrent des vues intéressantes, voire spectaculaires.
Elle m'a alors appris qu'en France, la question faisait l'objet d'une attention particulière et qu'elle avait aussi des amis géographes qui commençaient à regarder ce qu'on pouvait faire ici. Mais de la façon qu'elle me parlait, j'avais l'impression que l'on proposerait une façon systématique de procéder, notamment en coupant jusqu'à 30 mètres des routes pour notamment voir les montagnes.
Là je dois dire que je ne suis pas d'accord. Je lui parlais de sauvegarder les champs qui étaient déjà là et elle me parlaient de couper autres choses qui n'était pas nécessairement coupé. Autant il ne faut pas conserver tous les champs, autant commencer à couper les bords de route jusqu'à 30 mètres à des fins touristiques m'apparaît pour le moins exagéré, voire absurde et même dangeureux, autant parce que cela sent un aménagement bureaucratique, technocratique, autant parce cela peut entraîner d'autres problèmes, notamment d'érosion, de difficultés d'entretien, d'envahissement de certaines espèces, alors que dans le cas des champs existants, tous ces problèmes ont déjà été observés et traités sur des centaines d'années, au fur et à mesure des besoins.

dimanche 5 novembre 2006

L'émulation du voisinage


Il y a à coup sûr un décalage monstre entre moi et l'environnement immédiat de cet hôtel: ses habitants. Nés sur la même planète, il appert que nous n'en interprétons pas le séjour ni de la même manière, ni sous le même angle, ni dans les mêmes registres. Cela n'a rien à voir avec un statut social car je n'en ai pas plus qu'eux et elles. Cela tient au sensible.
Voilà deux années et demi que je suis hors Montréal. J'en suis fabuleusement et à jamais ravi. Cela m'aura permis d'aller au bout de mes idées folles et de me casser la margoulette dans le processus. Je suis indéniablement un casse-gueule, un stunt man. Cela m'aura aussi permis de décanter assez systématiquement ce qui est un échec et ce qui est une expérience, car la peur de l'échec est le refus de l'expérience.
J'aurais pu m'épargner les malheurs qu'ont entraînées bien des choses que j'ai fomenté jusqu'à présent, depuis que j'existe puisque, dans la plupart des cas, l'échec pointait à l'horizon et j'en étais conscient. Inexorablement, la chrysalide alla percuter la flamme. Qu'est-ce à dire? Il m'est totalement impossible de comprendre la nature de mon engouement à échouer! C'est l'expérience qui compte. Elle fait fi des ouï-dires, des quant-à-soi et autres impressions altières qui jalonnent mon parcours, tel le passage d'une limace.
Le cheminement toujours sûr me fait fuir. Je ne vois pas l'intérêt de facilement réussir. Il y manquera toujours quelques chose. Je crains la finalité. Les images que me renvoient le dehors sont celles de la réussite. Il est sûr que ces images exercent un immense pression, mais la réussite de l'Autre n'est pas le reflet de l'Autre. Elle est un commentaire, une promotion. À bon escient sans doute. Mais l'on ne parle pas des échecs des autres ou très peu. Par respect. Pourtant pour une réussite, il y a souvent dix échecs. Il ne s'agit pas ici de dénigrer la réussite mais de décanter la propagande. La réussite des autres me stimule tout de même.
Les idées de création cogitent dans la caboche, à n'en pas douter. Mais le saut dans l'inconnu que représente la mise en marche d'un processus auquel se tenir n'est pas au rendez-vous. Il faut bien avoir quelque chose de sensé, de différent ou d'original à apporter qui s'insèrent dans l'ambiance du moment ou qui s'en extirpe de façon magistrale. Bref, je ne suis pas si kamikaze que j'en ai l'air. Il n'y a ni ligne d'arrivée ni rien à percuter. Que l'idée alchimique du processus de la recherche de l'or dans le plomb.
Parmi les idées qui me parcourent, il y a celle d'un one-man show sans décor autre qu'éclairages et sons. Il s'agit d'exprimer le parcours d'un individu à partir des différents sons qui traversent son chemin au quotidien. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. La scénarisation exige beaucoup de réflexion, ne serait-ce que pour éviter de tomber dans ce qui me hante constamment: le kitsch. En tout cas, il s'agit pour moi d'utiliser des heures d'enregistrement stéréo faites dans les rues de Paris, il y a longtemps.
Dans le même veine, j'avais déjà écrit l'an dernier à propos d'une photo de Reuters

Goran Tomasevic - Reuters
Je ne voudrais pas être cynique mais lorsque j'ai vu cette photographie, je n'ai pu m'empêcher d'y voir une occasion en or de devenir chorégraphe! Ma première création serait une performance à grand déploiement par une troupe de danseurs, sous des musiques modernes arabes et israéliennes, beaucoup de percussion, des voix de minarets, et des bruits d'explosions. Il y aurait un grand écran à l'arrière avec des images de ruines et une projection en plongée verticale de ce sol de gravier que l'on voit sur la photo. Cette photographie plus que tout autre récemment me fait vraiment penser à une chorégraphie… 7 mai 2005
Voilà que cette photo me hante de nouveau, seul dans la cabane à lire et à cogiter sans but. A tout le moins, on ne pourra pas dire que je broies du noir, seul dans mon antre. Il ne faut vraiment pas me connaître... Je pense que ce m'éloigne à jamais de la faune de cet hôtel réside justement dans le type de démarche qui nous différencie. Il semble que l'on prenne un malin plaisir à se contrarier et à se confronter constamment sur des choses auxquelles je n'accroche pas. en un conflit permanent entre les uns et les autres, à l'état brut. Pas besoin d'aller au Moyen Orient pour voir à l'oeuvre les pires aspects de la nature humaine.