dimanche 31 décembre 2006

Demain c'est lundi...



Le temps qui se compte

Hier, Claude, le gérant du supermarché s'est approché de moi et m'a dit tout étonné: “Te rends-tu compte, Marc, que nous allons être en 2007? 2007! Il me semble qu'il n'y a pas si longtemps, nous étions en 2000.” J'ai réfléchi au temps qui passe il y a longtemps, à force de me faire marteler les oreilles avec toutes les expressions possibles et imaginables sur cette notion du temps qui passe. Mon premier travail universitaire du reste portait sur la mesure du temps. D'entrée de jeu, j'avais cité Saint Augustin qui, comme on sait, avait écrit en forme de boutade dans ses Confessions:
“Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus”.


Histoire

La mesure du temps agit comme point d'ancrage concret et universel d'une notion autrement fort abstraite. L'histoire de la mesure du temps est en soi fort intéressante. Pour revenir à l'étonnement de Claude qui me lança une perche en parlant de l'an 2000 et comme ce passage du temps est quelque chose qui m'échappe complètement, il en fut quitte pour accepter, comme réponse à son étonnement, la description d'un monologue que j'avais vu à la télé, fin 1999, par un stand-up comic américain dont j'oublie le nom.
“Je suis heureux que nous arrivions enfin en l'an 2000, parce que lorsque j'étais à l'école [un bon 25 ans auparavant], il y avait cette fille avec qui j'aurais aimé sortir et qui m'avait répondu lorsque je lui ai demandé: 'On se reverra en l'an 2000'. Alors je vais enfin pouvoir l'appeler. Mais je ne vais pas l'appeler tout de suite le 1er janvier. Je vais attendre vers le mois de mai, pour ne pas avoir l'air idiot.”

Calendrier hindou en tissus correspondant aux années occidentales 1871-1872, provenant du Rajastan.
La colonne de gauche montre les dix avatars de Vishnou, la colonne du centre les douzes signes zodiacaux de l'astrologie hindoue.
Source: Bibliothèque du Congrès, Washington, D.C.


Des différents calendriers


Selon le calendrier juif, demain nous serons le 11 Tevet 5767. Selon le calendrier musulman, demain sera le 11 Dhu-I-Hijja 1427. Le calendrier perse nous donne le 11 Déi 1985, l'indien 11 Pausa 1928 et le chinois le 13 du onzième mois de l'année 95! Marquer le passage d'une année à l'autre devient donc une notion fort variée. On me reprochera sûrement de trop intellectualiser... Il reste que ce passage d'une année à l'autre commence vraiment à m'échapper, d'autant plus que nous ne pouvons pas être très sûr quant à notre propre échelonnage du temps, puisqu'il se pourrait que le Christ fusse né à un autre moment. Et alors? Bien, c'est la base de notre comptage et s'il n'est même pas bon...
Rabat-joie, moi?

Ce n'est pas que je ne suis pas passé dans mon enfance à me faire souhaiter la bonne année par toutes les tantes et tous les oncles de la parenté ou à avoir subi la bénédiction paternelle. Nous avons sans doute besoin de ces rites et j'y participe de bon gré normalement, même si je trouve ce marquage-là bizarre et restrictif. Je ne pense pas aller un jour à Time Square pour voir la boule de crystal descendre et percuter le coup de minuit. Il y a 20 ou 25 ans peut-être.

Ma vie doit être passablement triste d'aucuns diront... Pourtant ce n'est pas que je refuse tous les jalons mais sans doute qu'avec mon éloignement de la ville et d'un matérialisme exarcerbé, j'en viens à peut-être davantage penser en termes paganistes: le passage des saisons, des lunes, etc. Cela dit, je ne saurais oublier le passage de 1979 à 1980 à Vancouver où tous les cargos en rade dans la baie des Anglais se mirent à siffler le coup de minuit. C'était fort beau et impressionnant avec cette réverbération sur les montagnes et les tours du centre-ville.


Conversation

Tard hier soir, j'ai reçu un coup de fil d'Alain à Montréal, lui à qui je pensais justement téléphoner. Nous avons surtout parlé de notions de redistribution des richesses et de religions. J'aime bien son point de vue sur la redistribution des richesses dans une société capitaliste et les nuances à apporter dans les discours gauche/droite qu'il propose. Il est rarissime que quiconque parvienne à un tel degré d'approfondissement des discours et des doctrines sans que cela ne provoque chez moi une certaine montée de lait. Dans son cas, bien que son discours pourrait parfois être étiqueté de droite, il n'en est rien. Il va bien au-delà de la dichotomie gauche/droite pour extirper les contradictions des revendications des uns et des autres. En cela nous nous rejoignons et sa perspective me sied.

Des visiteurs

Hier aussi, un voisin de palier à l'hôtel est passé me voir à la cabane. C'est d'ailleurs le seul qui vient m'y rencontrer. C'est sans doute le seul que j'accepterais de recevoir... Il se dit impressionner de la façon dont j'ai pensé le lieu. Pourtant, lorsque moi y suis entré la veille vers 16h30, il faisait un gros 4ºC. Je n'étais pas très impressionné. Je me suis alors résolu à descendre dans mon "sous-sol" et à en extirper ma grosse Berta, une fournaise à convection au propane que j'avais acheté l'an dernier, mais dont je ne pouvais pas vraiment faire usage, étant donné sa puissance et sa consommation. Et puis j'ai réfléchi à des façons de ramener son usage à quelque chose de censé. L'autre chaufferette ne donnait vraiment plus assez de jus. Il faut dire qu'il faisait -20º dehors. Alors la grosse Berta m'a ramené le mercure très rapidement à 22ºC et je pourrais l'amener à 50ºC si je voulais! Vraiment très efficace. Mais la grosse Berta est toute petite en fait. Au maximum de sa puissance, elle fait autant de vacarme que la navette spatiale à son décollage entendue à 3 km de là... Elle me rappelle un petit chat qui rugissait comme un lion dans un dessin animé...

La semaine dernière c'était André un vieux d'la vieille qui était venu me rendre visite depuis Montréal. Je n'ai jamais prétendu que ma cabane était un château... Il a trouvé le montage intéressant lui aussi. Mais évidemment il y a les chats... Mais alors, je ne peux pas négocier ça, puisque c'est la raison première pour laquelle je me suis donné tant de mal. Autrement, il n'y en aurait pas de cabane. Heureusement que les chats étaient là. C'est eux qui m'ont forcé à me travailler les méninges et j'en suis fort content car je ne suis pas peu fier de mon concept de cabane qui sera toujours à améliorer, car construite en totalité avec des matériaux recyclés avec tout ce que cela implique de manipulation.


Les lentilles c'est bon pour les yeux

J'ai perdu ma précieuse lentille installée à ces lunettes de fortune que je porte aux yeux depuis un an. C'est la lentille qui me permettait de voir de près et de loin, à double-foyer progressif. C'est que je n'ai qu'un bon oeil. L'autre est pratiquement aveugle. Je fais de l'hypermétropie. Je vois assez bien de loin avec une perte d'environ 20% de zoom, et de près avec l'âge je suis totalement nul. L'automne dernier j'ai trouvé des lunettes Dollarama aplaties sur le parking de l'hôtel. Je les ai ramassé et les ai réparé. Ça fonctionne pas mal bien pour voir de près. Pour les instructions et autres trucs en petit caractères je me dois de prendre une loupe tout de même... Ironiquement, il a fallu que j'aie à lire quelque chose pour me rendre compte que j'avais perdu cette satanée lentille. Depuis quand? Qu'en sais-je... J'ai fait des chemins inverses mais dans la neige... J'ai bien cherché ma lentille, mais là c'est peine perdue. Il m'est arrivé quelque fois de la perdre à quelques reprises durant la dernière année et je réussissais toujours à la retrouver. Je me résouds donc à me rendre à Sherbrooke dès que possible pour avoir de nouveau des lunettes "sérieuses". Je pouvais de toute façon facilement passer pour un demeuré avec ces lunettes peu conforme. Il faut tout de même que je protège quelque peu mon image de gentleman homme des bois!
Incidemment, et de ce pas, je m'enfuis vers ma cabane jusqu'au 2 de prochain mois, pour lire, écrire, dessiner, écouter un peu la radio, faire silence ici et là, marcher, parler au chats... rigoler tout seul... Bref, je vous souhaite une bonne année 2007. Mes commentaires sur le comptage du temps sont à prendre avec un gros grain de sel. Ils sont aussi contextuels à ma vie présente.

vendredi 29 décembre 2006

Le pari


Parmi les sources auxquelles je peux me référer pour bâtir mon projet de musée, il y a bien entendu le CNAM et son musée des arts et métiers. Ce musée-là offre un savoir-faire de premier ordre. Sa démarche ressemble bien à ce que je cherche à créer, à tout le moins en partie.

Page de l'Encyclopédie
J'ai aussi l'intention de faire un usage substantiel de l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert, dont les planches sont un trésor iconographique qui permet notamment d'établir déjà une nomenclature d'objets sur lesquels il faut se pencher, ne serait-ce que pour l'établissement de leur évolution dans l'espace et dans le temps, cependant qu'une grande quantité des choses à voir dans l'Encyclopédie ne font plus partie de nos vies pour diverses raisons, notamment les développements de nouvelles techniques tant de fabrication des objets par des machines-outils ou simplement de leur remplacement par d'autres plus performants. Il n'en demeure pas moins que l'enjeu ici est justement de retracer l'évolution des objets depuis leur origine jusqu'à nos jours.

Autant l'on se réfère encore aujourd'hui aux philosophes grecs, histoire de tenter de ne pas tout répéter, autant est-il utile de montrer le comment et le pourquoi de l'existence de la myriade d'objets, histoire de ne pas réinventer la roue et de se demander pourquoi, justement, la roue n'était pas d'usage dans des contrées et au contraire omniprésente dans d'autres. Et ce n'était pas que les gens n'étaient pas aussi intelligents ici ou là.

Montre Breguet, Nº 4802
Tiré du Dictionnaire culturel des sciences (Seuil/Regard, 2001)

Ironiquement, c'est l'observation de mes nombreux chats à une certaine époque qui m'ont éveillé au besoin ou à son manque. Les chats sont pragmatiques. La fission nucléaire ne les intéresse pas, on s'en doute. Mais au fur et à mesure que la nécessité les y obligent, ils penseront à des méthodes nouvelles pour obtenir ce qu'ils veulent. Ainsi vont les hommes.

Je fais le pari ainsi qu'il ne faut pas perdre de vue qu'avant le i-pod il y a eu toute une évolution de l'objet sonore, depuis le paléolithique. Ce n'est qu'un exemple mais qui est substantiel, celui de la transmission. Je dresse le constat que les enfants et les adolescents, sans parler des adultes sont dans la plupart des cas ignorants de tout un monde d'objets et de leur usage. Ce n'est pas la nostalgie qui m'anime, mais bien plutôt la sensation qu'on ne peut vivre sans connaître un minimum de ce qui nous fabrique, de cela qui fabrique nos existences. En cas de catastrophe majeure, il serait de même utile d'avoir appris au préalable un minimum d'usage hors de la sphère informatique qui ne sera alors d'aucune aide pour survivre. Enfant, j'ai observé mon entourage utiliser maints objets, ce qui m'a été plus qu'utile par la suite. Aujourd'hui, en contexte urbain notamment, la coupure est net d'avec la genèse des choses.

Mais au-delà de l'objet et de sa technogenèse, il y a l'approche postmoderne en art qui détourne l'objet de son usage premier pour en faire un objet sans sens ou sans le sens auquel on l'associe. Pensons à la pipe de Magritte qui n'en est plus une ou à l'urinoir de Marcel Duchamp. Depuis les collages en 3-D de Max Ernst et autres créateurs, l'objet change de vocation dans les tableaux. Cette dimension-là aussi s'inscrit dans une réflexion sur la valeur et le sens.

À la maison mauve à Vancouver en 1982
Photo: Pascal Schimmel-Hallé

jeudi 28 décembre 2006

Il y a des choses plus importantes, me direz-vous...


Route couverte d'arbres près de Prospect Point,
Stanley Park, Vancouver, 17 décembre 2006
Photo: Ralph Murray
Autres photos: CBC Vancouver et la série de Jox sur flickr


... mais je ne pouvais passer sous silence la destruction de Stanley Park à Vancouver, cet oasis de verdure tout au bout d'une presqu'île de gratte-ciel et d'humains tassés les uns sur les autres en une densité de 30 000 hab/km². J'ai eu le privilège durant des mois de vivre tout à côté et même d'y travailler. Ainsi, je parcourais à pied la distance qui me séparait de ma piaule au parc, environ 300 mètres, puis parcourais le Seaboard, promenade sur le bord de mer, avant de monter dans la forêt où se trouvait le Teahouse, restaurant huppé qui servait notamment des brunchs copieux dans un décor spectaculaire et à des prix défiant toute compétition... vers le haut.

Le Teahouse s'appelle désormais le Sequoia Grill, sans que l'on ait pu abandonner Teahouse qui trônait depuis des décennies.Mes ami/e/s et moi parcourions avec beaucoup de plaisir les sentiers forestiers, le bord de l'eau et longions les étangs et les champs cachés qui s'y trouvaient. Il faudra plus de temps que j'en ai pour reconstituer le parc, lui redonner un air de santé car les dommages sont de l'ordre de ceux qui ont frappés la France en ce jour il y a 7 ans.

Dans Stanley Park en 1981, arborant ma jument blanche...
Photo: Annick Saugy
Cela m'amène à parler de ma jument blanche. Qu'est-ce? Simplement un écusson que je m'étais procuré dans une librairie lesbo-féministe-grano de l'époque et que j'arborais fièrement. Je croyais l'avoir perdu à tout jamais, ce qui m'aurait chagriné. Mais je l'ai retrouvé et cela est en soi étonnant avec tous mes déménagements des derniers temps et mes effets éparpillés au quatre coins. Dessous est écrit “Feminist & Jewish Buttons Preston Hollow NY 1978”. Preston Hollow est une petite communauté au sud d'Albany, New York, ai-je découvert.

J'étais légèrement grano à l'époque et m'intéressait à toutes les formes de vie alternatives possibles, sans vraiment avoir participé d'une façon stricte à aucune. L'intérêt demeure pourtant bien vivant et ancré, vissé avec de longues tiges qui traversent la terre, avec des écrous et des rondelles, là-bas dans les îles Kerguelen, exactement aux antipodes.
Je ne parle pas de cela à tout hasard. C'est que pas plus tard qu'hier je crois, j'entendais à la radio des propos concernant la soi-disant génération "Y", celle qui a suivi la "X" dont je dois faire partie. La génération "Y" est plus affirmative que la "X", avec des exigences qu'aucune génération auparavant auraient osé invoqué auprès d'un employeur en commençant un emploi. Je ne suis pas sûr que l'effronterie mène plus loin que le pognon qu'il génère. C'est la génération garderie, la génération Passe-Partout, la génération dont les membres ne se souviennent pas d'avoir pris un repas en famille. Ça fait des enfants fort... chiants. Ainsi il paraît qu'elle est impolie, cette génération, qu'elle manque de civisme.
Avec ces rapports inexistants dans la famille ou purement techniques, ce que la télévision colporte en terme de téléromans et autres publicités, les droits mis sur un piedestal sans leur équivalents de responsabilités, pas étonnants que l'on assiste à ce dérèglement sociétal.
J'ai noté il y a un bon moment à Montréal, une nouvelle stratégie des ados pour ne pas avoir à ouvrir une porte: ils se faufilent entre la porte et vous dès que vous l'avez ouverte! Systématiquement. En ce qui me concerne, j'ai développé des stratégies pour contrecarrer cela, car j'atteignais là mes limites de tolérance, moi qui ouvre les portes à tout le monde, les tiens aussi longtemps qu'il le faut pour l'autre qui suit, même s'il est à 5 mètres ou plus. Il faut un minimum de collaboration entre les gens.
Alors les ados qui s'apprêtent à me faire la manoeuvre du faufilement avait droit à ma main sur leur poitrine et à mon avancé ainsi, les faisant reculer pour que je sorte. À d'autres moments, j'attendais qu'eux entrent en ouvrant eux-mêmes la porte. Puis j'ouvrais à mon tour la porte pour quitter les lieux ou y entrer. Fort heureusement je ne suis plus à Montréal. Mais ne charrions pas. Il n'y a pas que les ados qui sont ainsi. Mais le pli est mauvais. Faudra repasser...
À l'émission Maisonneuve à l'écoute du mercredi 27, les gens comparent les comportements montréalais avec le reste des pays occidentaux. Il y a unanimité à dire qu'il y a ici un sacré dérapage, un manque de courtoisie minimal qui diminue comme peau de chagrin. Très intéressant.
Maisonneuve en direct (Window Media Player, le mercredi 27 décembre 2006, 12h08, avec des commentaires écrits.

mercredi 27 décembre 2006

Philanthropie vs État

La question de la philanthropie
versus
la redistribution des richesses par l'État



Illustration: Jeffrey Docherty
Il s'agit ici de la question centrale au cœur même du contexte économique présent. Dans un long article paru l'édition du New York Times Magazine du 17 décembre dernier, l'éthicien, professeur à Princetown et auteur de plusieurs livres sur l'éthique, Peter Singer, se penche sur le cas de la philanthropie qui a cours en ce moment en la comparant un tant soit peu à ce que fait l'État; dans ce cas-ci le gouvernement américain.
Est-on, dans les faits, en train de remplacer les dictateurs d'État par des dictateurs d'argent qui décident de cela qui est juste et bon, en lieu et place des États dont les gouvernements démocratiquement élus, mais auxquels on enlèverait les moyens de redistribution des richesses par des fiscalités molles notamment?
La notion même de démocratie, telle que nous la vivons en ce moment, est-elle un gage de redistribution des richesses? Et démocratie rime-t-elle avec égalité/partage? Aux États-Unis comme au Canada et ailleurs, comme en Australie (des pays anglo-saxons), des gouvernements démocratiquement élus de droite sapent dans le principe de redistribution des richesses de diverses manières: allégement fiscaux aux plus fortunés, coupures des subventions et autres types d'aides à des organismes, des directions, des ministères, dont le mandat ne rejoint pas celui des chefs de gouvernement (aide à l'avortement, arts et culture) qui, bien qu'élus démocratiquement, ne forment parfois que des gouvernements minoritaires, etc. Ainsi la démocratie n'a jamais été un gage de neutralité bien évidemment et il ne faut l'oublier quand on accuse un parti politique au pouvoir de contrôler ce qui est bon et bien. Il faudra alors poser de nouveau la question du mode de scrutin, de l'éducation, etc.
Si des chefs de gouvernement au nom de leur parti se permettent légitimement de décider de la pluie et du beau temps jusqu'à un certain point, de même en est-il à plus forte raison de philanthropes milliardaires qui injectent quant à eux de l'argent dans des causes qui font leur affaire, tant pour leur image, leurs principes, leurs croyances, les retombées, etc.
Ainsi, à un moment de sa vie par exemple, Bill Gates a découvert que des enfants mouraient à la pelleté, à cause notamment de ce qu'on appelle les rétrovirus. Jusque-là cela n'était pas dans ses préoccupations. Ayant atteint un statut social et financier difficilement accessible, il a pu dès lors consacrer plus de temps à réfléchir à ces choses qui lui avaient échappé jusqu'alors. Ainsi, à elle seule, la Fondation Bill & Melinda Gates a injecté plus de 35 milliards $ US dans diverses causes. De plus, Warren Buffett a fait don de 31 milliards $ à la Fondation Bill & Melinda Gates en juin dernier.
On devrait applaudir une telle générosité ou le devrait-on au fait? Je reviens à ma question de tout à l'heure, posée autrement: comment se fait-il que des individus aient tant d'argent dont ils sont les seuls à décider de l'usage, alors que la moitié des gens qui vivent sur cette planète crèvent de faim?
Dans son long article, Peter Singer fait aussi ces réflexions. Sans critiquer la forme ou le fond, il trace les grandes lignes du sens de cela et il met en place les éléments qui permettent de voir dans quelle mesure le scénario peut aboutir à des résultats positifs.
Bien sûr Bill Gates ne financera pas Al Qaeda, puisque de toute façon c'est le gouverment américain qui a financé l'avènement du groupe terroriste! Il n'est peut-être pas si mauvais dans le fond que face à des bozos au pouvoir d'État, existent en contrepartie des richissisimes qui eux pourraient financer ce que l'État sous gouvernance religieuse, idéologique ou autre ne fait pas. Dans ce sens, Bill & Melinda Gates et Warren Buffett sont moins minables que George Bush, père et fils. Je dirais même des premiers qu'ils sont de beaucoup plus sensibles, parce qu'ils agissent sans croyances religieuses dangeureuses qui sous-tendent toute la démarche des derniers. On ne peut pas en plus faire le reproche aux autres d'être dominé par des concepts religieux faux, dans la mesure où toute notre démarche mentale s'appuie sur les mêmes principes. Autrement on additionne les écueils inhérents à la détention de la vérité pour soi, jusqu'à ruiner des pays et des économies pour prouver qu'on avait... tort.
Mais revenons à nos moutons. Au-delà de l'intrigant puzzle que constitue la vie politique et publique américaine, il reste que ce pays regorge de gens sensés... Il faut juste mettre en place les mécanismes qui permettraient une plus grande générosité et bien que la taxe Tobin pourrait constituer une voie de financement, l'heure n'est pas à plus de mainmise fiscale des États. Avec des collaborateurs, Peter Singer s'est ingénué à calculer combien pourraient donner les 10% les plus riches familles américaines à un panier mondial, sans que leur modes de vie n'en soient même modifiés. Il est arrivé aux résultat astronomique de 404 milliards de dollars, soit 3 fois plus que les besoins financiers du soi-disant Défi du millénaire de l'ONU! Ses calculs sont hilarants, car les revenus qu'il revoit à la baisse atteignent des proportions difficiles à imaginer pour les gens qui prennent l'autobus 55 Saint-Laurent ou quelqu'autre numéro dans quelqu'autres villes.
À titre d'exemple, “La tâche est rendue plus facile pas des statistiques fournis par Emmanuel Saez et Thomas Piketty, economistes l'École Normale Supérieure, Paris-Jourdan, et à l'université de Californie à Berkeley, respectivement et basés sur les données fiscales américaines pour l'année 2004. Dans le haut il y a le 0,01% des revenus les plus élevés. Ils sont 14,400 ayant gagné en moyenne 12,775,000 $, avec des revenus totaux de 184 $ milliards... Le revenu le plus bas de ce créneau est de plus de 5 $ millions annuel. Il appert donc raisonnable que sans tomber dans la misère, ceux-là puissent donner le tiers de leur revenus, soit 4,3 $ millions chacun, soit un total de 61 $ milliards. Cela laisserait chacun d'entre eux avec au minimum de 3,3 $ millions pour passer au travers de l'année.” Par la suite, on parle du 1% suivant, etc. jusqu'au 10% les plus riches; toujours avec l'idée de ne pas diminuer le train de vie de chacun, donc en diminuant le pourcentage à donner.
Singer trouve que les autres pays de l'OCDE devrait avoir ce genre d'exercice et de contribution selon les moyens de leurs plus fortunés. Il insiste cependant pour dire que le PNB américain est 36% de tous les PNB combinés des pays de l'OCDE et que les riches américains devraient contribuer jusqu'à 50% du financement. En tout, il parle de revenus disponibles ainsi de l'ordre de 808 milliards... annuellement, sans que cela n'engendre de sacrifice de la part des donateurs et viennent en grande partie résoudre le problème des disparités mondiales.

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vendredi 22 décembre 2006

Les étoiles me tiennent compagnie...


"Y a pas trop de femmes dans ta vie, Moine?", s'enquéra-t-il sur un ton narquois. "Ah non! Même que la dernière fois que je suis passé à l'usine pour mon tune-up annuel, j'en ai profité pour me faire enlever la puce de l'amour", répondit-il tout de go, comme si cette question-là méritait une réponse servant à neutraliser la narquoiserie de l'autre. "Ah ben, dis donc! T'es au neutre toé, pis pas à peu près...".
Ne pas penser à l'amour dans mon cas, c'est être en amour. Et ce n'est pas un leitmotiv que celui de ne pas penser à l'amour. Penser à l'amour est une obsession, une construction de l'esprit comme toutes les autres. Faut faire des choix.
Je parle de l'amour avec quelqu'un/e. Je ne vois pas, je ne peux pas concevoir partager mon existence, intimement, constamment avec quelqu'un/e pour le moment. Ce n'est pas exclus. Ce n'est simplement pas possible dans les circonstantes présentes et jamais je ne fabriquerai de circonstances pour que cela s'inscrive dans mon parcours.
Ce n'est pas la question de ne pas vouloir faire de compromis, car c'est justement là le problème # uno. Si cela ne s'inscrit pas dans un parcours comme lubrifié dès l'abord, à quoi servirait-il de s'acharner à l'insérer, tel un condom trop petit à une queue trop grosse... Pensez à d'autres exemples si ça vous chante. (Du reste, celui-là est l'objet le moins érectile qui se puisse)
Je vis depuis des mois dans une espèce de bulle de sérénité extraordinaire. Aucun écueil ne vient la diminuer. Je me fous des écueils à vrai dire. Je me trémousse dans une espèce de belle sensation physique et mentale d'exister et cela me suffit amplement. Le partage est fortement souhaitable. Encore faut-il que cela soit possible. J'en reviens à ce que j'écrivais plus haut.
En tout cas, ce n'est certainement pas à cet hôtel que je trouverais, pas tant l'âme-soeur, que qui que ce soit qui ait quelque aspiration ethérée à exister. Je vis mon isolement avec beaucoup de légèreté, de préférence à échanger sur des lieux communs et des banalités qui me donnent envie de brailler comme une madeleine.

≡ ♀ ♂ ≡


Addendum
Osant l'analogie entre certains comportements des oiseaux et des représentants de l'espèce humaine, Listair Sinclair analyse le film Saturday Night Fever sous l'angle du mâle qui se montre le plus épatant, en l'occurence John Travolta qui monopolise la piste de dance.
(Enregistré dans le cadre de la rétrospective portant sur les disparus de 2006 à l'émission As it happens sur CBC Radio One, le 26 décembre 2006)
Écouter l'extrait (2 min.)
Incidemment, je ne serai sans doute pas l'oiseau mâle que choisiront toutes ces femelles qui font semblant de ne pas regarder les prestances des mâles qui, eux, ne tentent pas d'impressionner les femelles mais le font entre eux. Sauf qu'en bout de ligne celui qui d'entre les mâles aura su se montrer supérieur au reste de sa bande sera d'office celui qui pourra accoupler toutes les femelles. Tant mieux pour lui. Il faut dire que je ne suis plus dans ma prime jeunesse, époque où hélas j'avais peut-être parfois tendance à vouloir monopoliser la piste de danse et à aussi vouloir niquer toutes les femelles, par la bande...

Bell et ses services Étoiles: je préfère regarder le ciel


Il y a 25 ans, des factures de téléphone de 50 dollars par mois ne me provoquaient aucune angoisse. Le coût des interurbains était alors prohibitifs et sans échappatoire, du genre Vancouver - Montréal à 1,06 $/minute; la nuit à 46 ¢/minute. Alors tout juste avant 8h le matin, moment où le plein tarif prenait la relève, je téléphonais dans l'est du continent où il était près de 11h. La règle était simple: ne jamais téléphoner après 8h. Même à cela, parler 10 minutes avec taxe revenait à 5 $.
Depuis que j'ai quitté Montréal de nouveau, je reçois des factures de près de 100 dollars par mois ce qui m'irrite considérablement. J'ai décidé de mettre fin à cette tendance à la hausse. Mon objectif était de ramener mes charges mensuelles à un niveau plancher. Moi qui ai sauté sur l'ADSL, la haute vitesse dès que cela fut disponible il y a quelques années y met fin pour le moment en ne renouvelant pas l'abonnement annuel. Mes charges mensuels sont toujours compressibles. Là j'en suis à 210 $ tout compris. Je veux dire un toit avec toutes les charges incluses. C'est plus bas qu'à n'importe quel moment depuis 1977 et j'ai toujours internet...
C'est une victoire sur un coût de la vie de plus en plus étranglant. Je prends donc la tendence inverse à celle du flot courant de la vie "trendy" car, à ce petit jeu-là, on peut mourrir d'angoisse à ne pas être capable de suivre la mouvance matérialiste. Même Conrad Black qui offrait des parties de plusieurs dizaines de milliers de dollars a bien été obligé de diminuer son rythme de vie! Cela dit je ne suis pas chiche dans l'âme. Mais je ne vais pas céder sur les conditions de ma générosité possible. C'est la prochaine bataille pour laquelle je fourbis en ce moment mes armes.

Il y a ce gars que j'admire parce qu'il n'a jamais hésité à prendre des risques. Nos yeux se sont rencontrés il y a une bonne quinzaine d'années sur le pas du Lux, l'endroit branché parmi les branchés s'il en fut, un long regard sans parole qui était une réelle connexion. Robert Lepage me séduit par cette énorme capacité de travail de création. Les méandres de son parcours théatral sont labyrinthique à souhait. J'aurais pu et dû m'inscrire dans sa mouvance. Je l'ai fait à ma manière.
Mon appren/tissage est sacrement long et c'est sans doute le refus du médiocre qui me tient à l'écart. Face à des bonzes, il est mal venu de s'insérer sans avoir quelque chose minimalement d'intéressant à cracher. Je pense avor enfin mis le doigt sur cela qui précisément serait porteur. Ce projet qui dans son ensemble devrait permettre justement constituer le noyau dur de ma démarche. Ce qui est chouette c'est que cela m'occupera pour le reste de mes jours sans doute. De toute façon, le passage du temps m'échappe désormais complètement.
Sans doute est-ce ma forme physique inaltérée qui me permet de faire du trapèze et autres acrobaties à l'orée de mon demi-siècle, à encore m'asseoir sur ma tête littéralement, à mettre mes jambes derrière mon coup, à toucher le plancher avec mes poignets derrière mes pieds sans plier mes jambes. Il s'agit là pour moi de l'outil le plus précieux qui se puisse en ce bas monde: mon corps. Mon esprit itou bien sûr, car je vis dans la belle connection des deux. Jouissive.
À voir: Robert Lepage qui se livre un peu à Stéphan Bureau.

jeudi 14 décembre 2006

La vie, mode d'emploi


Compte tenu du temps que peut prendre une psychothérapie ou une psychanalyse, sans mentionner les coûts exhorbitants d'une telle démarche, il n'est pas dit qu'une tel exercice ne puisse être conçu par soi-même... devant un miroir. Cette auto-critico-analyse m'aura à tout le moins permis de cibler une thématique à laquelle je peux orienter le reste de mon existence, aussi gargantuesque soit-elle, d'autant plus que seul le projet - vu dans son ensemble - peut paraître gargantuesque.

Si l'on faisait la somme des activités d'une vie, en en connaissant le contenu à l'avance, nous reculerions devant les tâches à accomplir, tel un poste que l'on convoitait et qui nous rebute soudainement à lire la description de tâches qui n'en finit plus.
Ce projet comporte plusieurs obstacles, comme tous les projets, mais ce sont là autant de défis.

Par contre, je ne me fais pas à l'idée de revenir à la ville. J'ai une peur bleue de me retrouver face à tous ces zombies qui parlent dans leurs téléphones, en marchant, en mangeant, en chiant. On peut désormais s'asseoir au resto et parler à son/sa vis-à-vis par portables interposés, sans que cela provoque quelque surprise de la part des autres.Si ce n'est pas schizo, je ne sais pas ce que c'est. Voilà où on en est rendu.

Je suis parfaitement heureux d'avoir cesser d'évoluer, si ce comportement-là peut être targué d'évolué ou de civilisé. Ce sont les mêmes qui étaient intolérants à la fumée de cigarette qui imposent cet autre objet de compensation en lieu et place, comme si c'était plus "santé" de crever d'un cancer du cerveau plutôt que d'un cancer des poumons.
Les effluves secondaires du portable ne sont guère plus rassurantes. Je parle du rapport à l'Autre plus sûrement que des émissions d'ondes électromagnétiques. Voilà un spectacle qui me fout les j'tons. Y paraît que les repas en famille sont maintenant dotés de ces nouveaux blue-truc que papa et maman consultent en mangeant au grand dam des enfants. Bon, ben finalement on détrône la télé... On ne se parle toujours pas.

Transposition de la carte du ciel du 12 dans le puits de lumière
Mardi soir, pour réellement la première fois, j'ai profité de mon puits de lumière pour regarder les étoiles au chaud. Cela faisait si longtemps que je voulais un puits de lumière pour justement faire cela. Ce sera désormais toujours dans mon décor mais en plus grand. J'ai pu facilement voir la petite ourse, la grande, Cassiopée, Andromède, Castor et Pollux, parmi tout ce qui scintille là-haut.

Parmi les bonnes nouvelles de la semaine


On a fait appel à Bao Xishun, un berger mongolien de 2m36 (7pi 9po) pour venir en aide à deux dauphins qui avaient malencontreusement avalé des morceaux de plastique. On avait bien tenté d'extraire ces corps étrangers des estomacs des bêtes par des moyens mécaniques, mais à chaque tentative les estomacs des dauphins se contractaient de telle sorte que la manœuvre devenait impossible.

L'homme qui on imagine facilement a des bras aussi long que des personnes est allé les récupérer directement dans les estomacs. Ces dauphins de l'aquarium de Fishun dans le nord-ouest de la Chine qui ne mangeaient plus et qui étaient déprimés, en ont été quitte pour une poignée de main hors de l'ordinaire de la part d'un spécimen inhabituel de l'espèce humaine.

Ils ont retrouvé l'appétit et la joie de vivre apparemment...
Parlant de l'espèce humaine

Une conférence avait lieu la semaine dernière à Londres, à l'Institut d'art contemporain au sujet de notre difficile adaptabilité aux rapides changements de notre civilisation. L'évolution se fait normalement sur une plus longues période que celle où nous courons constamment, happés par des nouvelles demandes de toutes sortes sur la capacité du corps humain. S'ensuivent des maladies de toutes sortes, des dérèglements, sans parler des changements climatiques.

L'androïde quant à lui/elle aura été fabriqué/e à la fin du XXIe siècle, notamment pour faire des tâches répétitives. En contrepartie d'une vision puissante pour le montage des composants d'ordinateurs, l'androïde lorsqu'il quitte son travail le soir, se promène en regardant les étoiles que sa vision lui permet de voir en une beaucoup plus grande quantité que les humains. Ainsi les androïdes n'auront jamais de permis de conduire, fascinés qu'ils sont par le firmament. La romance n'est pas programmée, sauf que le regard vers le ciel attendrit l'androïde. Lorsqu'un androïde mâle rencontre un androïde femelle et que cette dernière demande au premier: "Embrasse-moi", l'androïde mâle s'exécute sans poser de questions. Cela déclenche chez l'androïde femelle une réaction. Elle se retrouvera enceinte le soir-même et enfantera au petit matin d'un bébé androïde sans peau, dont on voit le squelette de métal. Effrayée, l'androïde femelle se dit que si l'humain apprend cela, les androïdes seront rappelés pour corriger ce défaut de fabrication, entraînant l'arrêt de la fascination envers les étoiles. Elle se tait et s'en va jeter son bébé androïde dans un dépotoir au sortir de la ville, avant d'aller travailler.
Écouter ou télécharger "Robot Baby", par Heather O'Neil

dimanche 3 décembre 2006

La nomadicité ou la mautadite cité


Il reste que j'en ai marre d'être ici. Je suis paralysé. Cela devient insupportable, surtout depuis que je me suis trouvé ce créneau dans lequel toutes mes expériences se combinent. J'ai besoin d'être entouré de gens avec lesquelles je peux interagir sur un pied d'égalité sans avoir à tout expliquer et obtenir une moue en échange.
Ironiquement, le gars qui me veut comme barman a tout de go soumis un commentaire à un aspect de mon projet et j'ai pu lui soumettre que j'avais déjà pris en compte cette possibilité. Je ne veux pas élaborer davantage ici pour le moment.
Il me faut tout de même me rapprocher d'un grand centre urbain. "Tu ne feras pas ça ici", m'avait dit l'autre, sachant pertinemment qu'un tel projet ne peut se concrétiser que dans un grand centre. Je suis obligé de faire des compromis grâce ou à cause de ce projet-là. Il faut vraiment que j'aie décidé que cela en vaut la chandelle. Plus je travaille sur le concept, plus je développe des dimensions nouvelles. C'est un projet de grande envergure et c'est vraiment ce qu'il me faut. Quelque chose qui me tienne en haleine pendant des années. Un logo c'est facile à faire. Dans ce cas, il s'agit d'un élément sur lequel je peux focaliser et me dire que cela va marcher. Ce n'est pas demain la veille que moi ou quiconque coupera un cordon d'inauguration.
Je suis (j'imagine...) en parfaite santé physique et mentale. Je suis juste têtu comme une mule, ce qui n'est pas pareil... Je suis très "énergisé" par ce projet. Je suis aussi encouragé par ce que je produis sur flickr et l'interaction avec les gens là-bas. J'ai toujours eu une grande difficulté à évaluer ma propre personne, bien que j'aie tout de même l'impression de posséder un minimum d'intelligence, de savoir-vivre, de créativité, etc. Et je ne vais pas tordre le coup de quelqu'un qui me traite d'imbécile. Je vais en rire la plupart du temps et tourner les talons car, à ce point, j'aurai mieux à faire.
Alors sortir de ce patelin est un projet en soit. Un véritable défi. C'est la démarche la plus importante pourtant. Cinquième déménagement en trois ans. Deux en 19 ans auparavant. Cela se fera peut-être très vite. Mais ce ne sera sûrement pas en direction de Montréal. Ici je suis équidistant à Montréal et Québec; 200 km dans les deux directions. C'est vers cette dernière direction que je vais me diriger, sans peut-être l'atteindre. Je veux peut-être juste m'en rapprocher et rester à la campagne. Ici, point de travail, point de transport. C'est nul pour moi. L'idée fondamentale est toujours celle d'éviter de sacrifier les chats. Alors je cherche un endroit où sans qu'ils soient nécessairement dans la maison, je pourrais marcher quelques mètres pour aller les voir, au lieu des 15 km aller-retour que je fais en ce moment, à vélo. Je ne me vois pas travailler à Sherbrooke (160 km aller-retour) matin et soir en montant dans la voiture de quelqu'un-e qui le fait déjà, rentrer à l'hôtel le soir et puis descendre à la cabane nourrir les chats, puis remonter à l'hôtel. Tous les jours de la semaine.

Pendant ce temps...


Depuis que je suis ici à l'hôtel, je fais des trucs pour améliorer mon séjour. J'ai peint le planfond jaune car la chambre était vert mur d'hosto et le plafond aussi. Insupportable. J'ai enlevé le tapis déchiré et déconfit, puis j'ai décapé le plancher... J'ai "décondamné" une fenêtre, réparé un carreau, posé la fenêtre double et l'ai peinte. J'ai changé les interrupteurs et la fiche au mur. Ce soir j'ai débouché le renvoi d'eau du lavabo en l'ouvrant pour enlever les gros morceaux de métal, etc. qui le bloquait et qui rendait mes expériences de lavage hardues. C'est une pièce qui ressemble à un appartement tout en un: bureau, salon, cuisine, salle à manger dans 14m². Faut l'faire. Il y fait carrément trop chaud, vers les 30ºC. Paraît qu'y a pas l'choix. C'est tout ou rien. Va pour tout. Alors j'ouvre la fenêtre pour laisser entrer le vent de -10ºC, histoire de ramener la température à quelque chose de plus confortable.

Je suis ici parce que le net est mon loisir et mon lien avec la "civilisation". J'ai pris un malin plaisir à travailler à modifier quelques photos hier. Lorsque j'étais à Montréal, je rêvais de pouvoir louer les grands panneaux publicitaires pour transformer la rue Van Horne en galerie d'art, car je crois que c'est la rue et le secteur où il y a le plus grand nombre de ces panneaux au km² à Montréal. Puis le château d'eau... Magnifique pièce d'une époque un peu révolue. C'est un objet fétiche qui mériterait d'être classé.

Je suis allé voir les chats cet après-midi, histoire de les nourir et de vérifier le chauffage. Puis je suis tombé sur cet arbre déraciné. C'est la deuxième fois en un mois que j'ai un tel spectacle d'arbres déracinés. C'est que le terrain est un plancher de roches. Les racines n'ont aucune chance de se rendre en profondeur. Alors elles s'étalent et lorsque l'arbre est trop gros, arrive ce qui arrive. Il reste que le sol assure la coexistence de dizaines d'espèces de mousse, lichens, plantes dans une symbiose ravissante qui m'émeut à chaque fois. C'est fou que le vent d'hier ait déraciné cette épinette. Je ne m'attendais pas à cela et j'en suis un peu triste. Si l'arbre ne faisait pas quelques 10 mètres de hauteur, je tenterais de le remettre droit, mais là, c'est impossible.
C'est l'une des raisons pour lesquelles je voulais déplacer la cabane qui était en quelque sorte coincée entre deux épinettes que je soupçonnais tout de même d'être sujettes à ce scénario. Heureusement, l'arbre est bien tombé. S'il était tombé sur la cabane toute proche, j'avoue que j'aurais été passablement découragé. À tout le moins, la cabane, elle, est bien construite et n'a subi aucun dégât.