vendredi 29 décembre 2006

Le pari


Parmi les sources auxquelles je peux me référer pour bâtir mon projet de musée, il y a bien entendu le CNAM et son musée des arts et métiers. Ce musée-là offre un savoir-faire de premier ordre. Sa démarche ressemble bien à ce que je cherche à créer, à tout le moins en partie.

Page de l'Encyclopédie
J'ai aussi l'intention de faire un usage substantiel de l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert, dont les planches sont un trésor iconographique qui permet notamment d'établir déjà une nomenclature d'objets sur lesquels il faut se pencher, ne serait-ce que pour l'établissement de leur évolution dans l'espace et dans le temps, cependant qu'une grande quantité des choses à voir dans l'Encyclopédie ne font plus partie de nos vies pour diverses raisons, notamment les développements de nouvelles techniques tant de fabrication des objets par des machines-outils ou simplement de leur remplacement par d'autres plus performants. Il n'en demeure pas moins que l'enjeu ici est justement de retracer l'évolution des objets depuis leur origine jusqu'à nos jours.

Autant l'on se réfère encore aujourd'hui aux philosophes grecs, histoire de tenter de ne pas tout répéter, autant est-il utile de montrer le comment et le pourquoi de l'existence de la myriade d'objets, histoire de ne pas réinventer la roue et de se demander pourquoi, justement, la roue n'était pas d'usage dans des contrées et au contraire omniprésente dans d'autres. Et ce n'était pas que les gens n'étaient pas aussi intelligents ici ou là.

Montre Breguet, Nº 4802
Tiré du Dictionnaire culturel des sciences (Seuil/Regard, 2001)

Ironiquement, c'est l'observation de mes nombreux chats à une certaine époque qui m'ont éveillé au besoin ou à son manque. Les chats sont pragmatiques. La fission nucléaire ne les intéresse pas, on s'en doute. Mais au fur et à mesure que la nécessité les y obligent, ils penseront à des méthodes nouvelles pour obtenir ce qu'ils veulent. Ainsi vont les hommes.

Je fais le pari ainsi qu'il ne faut pas perdre de vue qu'avant le i-pod il y a eu toute une évolution de l'objet sonore, depuis le paléolithique. Ce n'est qu'un exemple mais qui est substantiel, celui de la transmission. Je dresse le constat que les enfants et les adolescents, sans parler des adultes sont dans la plupart des cas ignorants de tout un monde d'objets et de leur usage. Ce n'est pas la nostalgie qui m'anime, mais bien plutôt la sensation qu'on ne peut vivre sans connaître un minimum de ce qui nous fabrique, de cela qui fabrique nos existences. En cas de catastrophe majeure, il serait de même utile d'avoir appris au préalable un minimum d'usage hors de la sphère informatique qui ne sera alors d'aucune aide pour survivre. Enfant, j'ai observé mon entourage utiliser maints objets, ce qui m'a été plus qu'utile par la suite. Aujourd'hui, en contexte urbain notamment, la coupure est net d'avec la genèse des choses.

Mais au-delà de l'objet et de sa technogenèse, il y a l'approche postmoderne en art qui détourne l'objet de son usage premier pour en faire un objet sans sens ou sans le sens auquel on l'associe. Pensons à la pipe de Magritte qui n'en est plus une ou à l'urinoir de Marcel Duchamp. Depuis les collages en 3-D de Max Ernst et autres créateurs, l'objet change de vocation dans les tableaux. Cette dimension-là aussi s'inscrit dans une réflexion sur la valeur et le sens.

À la maison mauve à Vancouver en 1982
Photo: Pascal Schimmel-Hallé

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