mardi 20 février 2007

Lune des Glaces et des neiges


Photo prise hier soir par bikesnapper à Springfield dans le Missouri
Telle une goutte d'eau qui tombe
de la pointe d'une serpe
Vénus, aurait-on dit, s'y pendait.
À peine nouvelle
Sa lumière pâlotte dessinait toute chose
d'un fusain frisonnant
L'espace d'un moment
cette nuit-là
tout autour se dépêchaient de peupler le ciel
les étoiles
Car demain déjà elle dominerait
un peu plus,
Cornue
comme le taureau qu'elle traversait
Nul n'aurait su dire
si d'aventure
son croissant mimait un sourire.

Photo prise par WinterWheat à Collegeville dans le Minnesota

mardi 13 février 2007

Entendu sur As It Happens, hier


Carol Off:
Suite à une initiative de Monsieur Hurley, pouvez-vous nous dire d'abord ce qu'est au juste le Choeur de complaintes de Birmingham?
Michael Hurley:
Bien, l'idée de base a été imaginée par deux artistes de la IKON Gallery et ils ont songé à mettre sur pied un choeur de complainte en mettant des annonces sur le web en essayant de faire en sorte que quiconque puisse contribuer en ajoutant la leur et en venant la chanter et quand ils en ont eu suffisamment, ils ont pris contact avec moi pour utiliser l'ensemble de ses plaintes. les mettre en musique et faire pratiquer le choœr.
(...)
Bien, on m'a remis les plaintes et les gens qui les font et c'était ma tâche de réaliser le vidéo que avez vu sur YouTube, faire pratiquer le chœur et moi qui les accompagnait au piano.

Carol Off:
Et comment pouvez mettre cela en musique? Avez-vous un modèle avec lequel vous pouvez travailler?

Michael Hurley:
Non, pas du tout.

Carol Off:
Ce n'est pas comme un chœur grec...

Michael Hurley
J'ai juste imaginé une sorte de mélodie pop qui plaît, qu'il est plaisant d'entendre. Il s'agissait juste de combiner les différentes plaintes pour les rimes et s'insérer dans un choeur. C'est pourquoi il fallait un musique qui s'y prête.

Carol Off:
Et dites-moi avec quelles genres de plaintes il vous fallait travailler.

Michael Hurley
Bien, la panoplie était incroyable. Cela allait du négligeable "J'ai soif" jusqu'à la plus importante plainte à propos de la présence des soldats britanniques en Irak. Un panoplie très diversifiée.

Carol Off:
Bonté divine... Et comment y parvenez-vous

Michael Hurley:
Oh, simplement en les faisant rimez, peut-être en changeant quelques mots parce que vous avez de courtes complaintes comme "J'ai soif" avec de plus importantes en termes de mots.

Carol Off:
Et c'est la façon que l'on pense. Tantôt on est terrifié par la 3e guerre mondiale et la minute d'après on se demande ce que l'on va préparer pour le souper. C'est la nature humaine.

Michael Hurley:
Oui, c'est bon.

Carol Off:
Ainsi j'imagine que c'est dans le refrain que vous les mettez toutes ensemble.

Michael Hurley:
Vous voulez dire le chorus principale

Carol Off:
Oui

Michael Hurley:
Les plus courtes sont les plus faciles et le plus d'impact.

Carol Off:
Donc, maintenant que ceci a été montré sur YouTube...

dimanche 11 février 2007

Un rêve


Le soleil descendait sur la mer. Après le repas, je décidai d'aller de l'autre côté de False Creek, du côté de Fairview, afin de vérifier d'où provenait cet intense éclairage que l'on pouvait remarquer la nuit tombée.

Je me rendis alors compte qu'il s'agissait d'un parc que l'on éclairait ainsi. Les pauvres ne voulaient pas se rendre dans les parcs des riches. Alors on avait aménagé là un parc pour les pauvres. Comme tout le monde sait les pauvres sont méchants... Il fut ainsi décidé d'installer un éclairage si intense que personne ne ressentirait quelque plaisir que ce soit à y flâner après le coucher du soleil. Je me dis que cela manquait vraiment d'imagination.
Puis je continuai ma promenade et me retrouvai dans la campagne de l'État de New York. Là j'aboutis à une maison de campagne dont l'hôtesse était charmante. Elle m'invita à entrer et me joindre à la conversation qui avait déjà cours entre elle et ses convives.
Soudainement, dans un pot, une plante se mit à croître et à croître, tant et si bien qu'elle finit par me survoler, moi qui était à l'autre bout de la pièce. L'un de ses grandes feuilles avaient deux yeux, un nez, un bouche. L'hôtesse de la maison s'exclama:"Eh bien, je crois qu'elle vous aime bien!" Je ne fus pas pour autant impressionné outre mesure par cette plante qui quittait son pot pour venir me saluer. Je me levai puis sortis de la maison un instant, pour tirer un sèche. Lorsque je revins, la plante avait regagné son pot et se retouvait de nouveau submergée dans l'eau, en forme de boule.

samedi 3 février 2007

Le dérapage d'Hérouxville


Carpe diem, hein?
En hiver, les routes sont glissantes et les capotages toujours possibles dans les campagnes québécoises, surtout quand les campagnes se font supposément préventives. Le cas d'Hérouxville - municipalité de 1 301 âmes - m'a laissé bouche bée lorsque j'en ai entendu le récit le week end dernier. Je me suis d'abord demandé quelle mouche avait piqué les membres du conseil municipal d'Hérouxville. Dans l'histoire du Québec, il y a peu de cas d'excès de zèle des élus municipaux, ne serait-ce que pour réparer les routes ou abolir la prière qui introduit encore aujourd'hui la réunion du conseil municipal dans le tiers des hôtels de ville du Québec. Le dernier cas d'excès de zèle de ce type dont je me souviens, c'est celui de l'invocation de la Loi sur les mesures de guerre par Pierre Elliott Trudeau en octobre 1970, à la demande du premier ministre du Québec d'alors, Robert Bourassa, et du maire de Montréal, Jean Drapeau, en vue de contrecarrer une « insurrection appréhendée », avec toutes les conséquences qui s'ensuivirent; une autre réaction dans l'ignorance.
Ce qui est plus ou moins bon signe ici c'est que contrairement à ce que j'aurais cru, lorsque les bon citoyens regardent la télé ou écoutent la radio, ils écoutent ce qu'on y dit. Là s'arrête l'aspect positif pourtant car, comme le laissait savoir Salim Haouari sur le blogue d'Anne-Marie Dussault: “La radio des milles collines ce n'est pas seulement à Kigali qu'elle existe.” En effet, mais il est fort improbable que l'on prendra ici les machettes pour tuer ceux et celles qui ne sont pas bons comme nous, mais ce que les Américains appellent "a pre-emtive strike" a eu lieu au Québec, dans une municipalité qui sans doute n'a comme seul loisir que de regarder la télé. Trop, sûrement. Je connais des gens qui croient encore que les pubs à la télé, c'est de l'information et qui achètent les produits annoncés à la télé parce qu'ils ont passés à la télé et que donc ça doit être bon. La télé n'est pas la réalité. Ni même la télé-réalité n'est la réalité. À part les anecdotes, les infos télé et radiodiffusée ne sont jamais là pour parler de LA réalité mais d'une infime partie de celle-ci choisie en fonction des besoins de la télé et de la radio comme média qui veulent d'abord vendre un produit et qu'une nouvelle donnée a la particularité d'attirer l'attention voulue. C'est plate d'avoir à écrire ça en 2007.
Cela me rappelle une anecdote de l'humoriste Mary Walsh qui racontait que lorsque le câble est arrivé à Terre-Neuve avec des émission de Détroit, il a fallu qu'elle calme sa grand-mère qui croyait qu'il y avait des émeutes dans le village.
J'aime particulièrement la réplique d'Ouamer Madjid d'Alger: “Nous sommes un couple algérien qui fait des démarches pour immigrer au Canada. Nous voulions nous installer au Québec après avoir connu le pire des terroristes islamistes. Cependant, nous sommes atterrés d’apprendre qu’à Hérouxville, il est maintenant interdit de lapider les femmes, de les brûler vives et de les exciser et il est défendu de porter le voile dans les lieux publics. Ça existe donc chez vous! Nous n’arrivons pas à y croire! Nos amis et Immigration Canada nous ont donc trompé sur la réalité du Québec. Nous allons peut-être rester en Algérie, au moins ici personne ne lapide les femmes, personne ne les brûle vives et personne ne les excise. C’est loin de notre culture et ma femme n’a jamais été obligé de porter le foulard.
Il difficile de trouver du boulot pour les immigrants et difficile de se faire une vie, je veux bien, c’est peut-être le chemin nécessaire pour mériter la liberté dans une société tolérante mais si c’est pour se retrouver en face des intégristes, merci on va aller voir ailleurs.”
Voilà en tout cas une formidable façon d'accueillir les gens chez soi: “si tu rentes icitte...” Il y avait cette pancarte au Yukon au début d'un sentier qui se perdait dans les bois. Cela disait: "This road only goes to my place. So if you don't know me, fuck off”.
Bon, trève de plaisanteries. Le Québec est supposément désormais une société laìque, à part bien sûr le tiers des municipalités où l'on récite encore la prière pour introduire les délibérations du Conseil municipal. J'ai d'ailleurs assisté à des séances de conseils municipaux où l'on récite une prière. C'est à la fois pathétique et d'une hypocrisie innommable. Dans le cadre d'une société laïque, les institutions publiques sont supposées être dépouvues de références à des éléments de religion, histoire de respecter les convictions de chacun. Il faudrait inclure aussi le salon bleu de l'Assemblée nationale. Bon, il y a donc des exceptions... On est mal parti. Il faudrait d'abord faire le ménage dans nos propres institutions avant de vouloir imposer à quiconque...
Et puis si l'on accepte les t-shirts avec des têtes de mort, des anneaux dans tous les trous du corps, je ne vois pas pourquoi le voile crée problème, car il est bien connu que ce sont au moins chez les ados autant de signes d'une appartenance à un groupe autre que le groupe normé. Autrement, faudra m'expliquer cette intolérance.
Cela dit, il se peut qu'il faille imposer des limites. Mais lesquelles? Je ne veux même pas parler ici de l'édit d'Hérouxville qui est ridicule et dangeureux. C'est donc peut-être l'une des premières fois sinon la première fois que l'on utilise un pouvoir municipal de réglementer, alors qu'il n'y a pas de problème à l'horizon et qu'il ne risque pas d'y en avoir. En tout cas du genre de ceux qui y sont énoncés. On aurait tout autant pu élaborer un édit qui proscrit la violence conjugale à la maison (incluant l'interdiction de tuer son épouse), le bizutage dans les écoles, la circulation en VTT sans "muffler" sur les routes publiques. Ben non! Ca fait partie de notre belle culture! Franchement, ça déconne là! Le pire dans tout cela, qui m'effraie, me décourage et me convie à peut-être partir, ce sont les résultats de sondage que montre évidemment fièrement sur son site la municipalité.
On pourrait tant qu'à être dans cette veine offrir aux autres pays d'émettre des ordonnances envers les Québécois/e/s qui sortent de leur province à cesser de blasphémer sur la place publique, de se crier d'un bout à l'autre des corridors ou ailleurs, de se vètir décemment, d'ètre polis lorsqu'ils demandent quelque chose aux gens, disant "s'il vous plaìt" et "merci", juste un comportement minimalement respectueux des autres à l'extérieur, bref de ne pas avoir l'air totalement arrogants.
Comme j'ai déjà écrit, dans une centaine d'années, selon les prévisions, il ne restera environ qu'un million de Québécois dit de souche, sur une population d'environ 15 millions d'habitants. Les souches seront donc vachement minoritaires. Si les Québécois se trouvent si brillants avec la conservation de leur culture et qu'ils pensent un peu plus loin que leur nez, ils pourraient peut-être commencer à être sérieux et être un peu plus gentils envers ceux et celles qui assureront la perrennité de leur soi-disant culture, autrement elle disparaîtra et si c'est aussi édifiant que ce que nous envoie par la tête Hérouxville, ce ne sera pas une grosse perte pour l'humanité