mercredi 30 août 2006

Péripéties de la soirée


Un soir de la semaine dernière que j'écoutais CBC Radio One à ma cabane, advint l'émission Between the Covers, type d'émission que nous n'avons pas sur le réseau français mais que j'aime bien parfois écouter. Un narrateur nous fait la lecture d'un livre. J'écoute aussi sporadiquement BBC Radio 4 où l'on retrouve plusieurs lectures de fiction et même des radiothéâtres très bien. C'est selon mon humeur aussi. Toujours est-il qu'avait commencé la semaine dernière une nouvelle lecture étalée sur quatre semaines, d'un livre par Will Ferguson, Happiness TM, lecture dont je suis devenu un auditeur captif. Le lecteur, Ron Halder, prête sa voix au livre de Ferguson de façon magistrale.
Il s'agit de l'histoire loufoque d'Edwin De Valu qui travaille pour une maison d'édition, Panderic, qui publie surtout des livres de recettes et de conseils dans divers domaines: comment maigrir, comment faire du fric, etc. Le patron de la boîte est un baby boomer détestable dans la cinquantaine, totalement dépourvu de morale comme le sont les éditeurs de ce type, tout comme le sont certains éditeurs scolaires qui ne sont là que pour faire du fric en respectant les directives du ministère de l'Éducation. Ni plus. Ni moins.
Je suis captivé par l'histoire, par le côté cynique envers la vanité des uns et des autres, par les anecdotes et les péripéties par lesquelles doit passer Edwin de Valu pour publier le livre d'un certain Tupak Soirée, intitulé "What I learned on the mountain", une espèce de self-help book fourre-tout qui finira par changer le cours de l'Histoire et celle de tous ceux et celles qui le lisent, devenus des espèces d'illuminés, du concierge au pdg. L'éditeur Edwin de Valu veut le plus petit tirage pour ce qu'il considère un navet. Il est expédié aux librairies sans tambour ni trompette. Il finira par dépasser les... 45 millions d'exemplaires!
Ce soir je suis allé faire mon heure de bénévolat à la bibliothèque et m'en suis tout de suite allé à la cabane, muni d'une nouvelle lumière avec attelage que l'on se met sur la tête tels les mineurs. Arrivé là-bas, au bout des 8 km, et après avoir nourri les chats, je m'assis dans mon sofa-lit, en attendant l'épisode du soir par la lecture d'un roman de Tom Robbins publié en 1994, Half Asleep in Frog Pajamas, une autre histoire loufoque par un auteur américain déjanté mais brillant. L'épisode vint à l'heure dite. Je l'écoutai avec saveur.
Toutefois à la fin, la présentatrice, pour la première fois, ne mentionna pas qu'on pouvait réécouter les épisodes sur le site de l'émission comme elle le faisait depuis le début. Moi qui comptait là-dessus... C'est que je les enregistre aussi! Mais le hic est que si les épisodes ne sont pas disponibles au-delà de ce qui est sur le site, il me faudra les enregistrer en direct. C'est dans ces moments futiles que me sied particulièrement la grandeur du Canada:, j'ai le choix de l'enregistrer à partir de 20h43 jusqu'à 1h43 de la nuit, soit entre sa diffusion à Halifax et celle de Vancouver, ce qui me donne cinq occasions de pouvoir l'enregistrer. À la cabane bien évidemment j'écoute la diffusion de Montréal qui se termine à 23h... Alors j'ai dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et quitter la cabane vers 23h30 pour profiter des diffusions sur Calgary et Vancouver, les deux restantes.
J'enfourchai mon vélo, allumai ma lumière. Il faisait un gros 9ºC et le ciel était étoilé. Plus tôt dans la soirée j'avais pu rouler sans lumière malgré la nuit qui descendait. Mais cette fois, un essai de parcours sans lampe me convainquit vite de l'impossibilité de la chose: sur la route et tout autour, la nuit noire me répondait de sa présence. En arrivant à Hampden, un kilomètre plus loin, je fus happé par un brouillard à couper au couteau qui nappera ainsi ma route pendant plusieurs kilomètre. Ce n'est pas tant cela qui m'empêchera d'avancer mais plutôt l"état lamentable de la chaussée. Elle est sûrement mieux tout de même que doivent l'être les routes du Sud-Liban, après le pilonnage israélien.
En arrivant à Scotstown je surpris un chevreuil en bordure de la route. À la vitesse où je roule, il aurait amplement eu le temps de traverser, si tel avait été son choix. Il préféra rebrousser chemin et s'enfuir dans le champ. Je m'arrêtai et de mon phare éclairai dans sa direction. Je ne pus voir que deux yeux au loin à environ 50 mètres qui me scrutaient la lumière autant que moi je le surveillais. Puis comme je m'avançais vers lui, il se tira encore plus loin. Je repris la route pour encore apercevoir un autre chevreuil cette fois traverser la route sans demander son reste.
Et j'ai enregistré le 12e épisode de Happiness TM...

mardi 29 août 2006

John et Ernesto passeront en coup de vent ce soir


Ernesto est cool. Ici Fort Lauderdale, Floride, à l'instant. Il vente fort et de haut cela n'a pas l'air si terrible.

Rien si l'on compare à John, un oragan qui entre justement ce soir à Acapulco, après un long séjour dans le Pacifique.

Lui est gigantesque et risque de faire du dégât. En tout cas, vue par satellite, c'est pas trop rassurant.

Il faut dire que les températures de l'eau aux Tropiques sont incroyablement chaudes et frise les 30ºC. Il est donc à craindre que des ouragans se formeront à la pelleté durant les prochaines semaines. À gauche, on aperçoit ce qui est appelé le super-typhon Ioke qui se dirige sur le Japon.

lundi 28 août 2006

« Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »


Il existe sûrement un tas de gens qui sont aussi fana de Romain Gary qui je le suis. Il y a quelque chose de terrible dans l'écriture de Romain Gary, un fatalisme insupportable qui a failli venir à bout de moi. Pourtant ce n'est certainement pas cela qui retient l'attention à la lecture de ses œuvres. C'est plutôt une perception inouïe des êtres que très peu d'auteurs atteignent dans une écriture si implacable et veloutée. D'Émile Ajar, son autre pseudonyme, je ne connais que La vie devant soi qui est si beau. Le film qui en fut tiré, mettant en vedette Simone Signoret, est aussi un petit bijou.
Durant le mois d'août France Culture a une émission qui s'appelle Jeux d'archives, où l'on invite une personnalité à choisir dans les archives de la radio (INA) des choses à entendre qui l'ont marquées et à nous les faire partager.
Dimanche le 20, c'était Tzvetan Todorov qui se prêtait au jeu des archives pour nous faire entendre Romain Gary et discourir sur sa perception de l'auteur qu'il a connu en livre tardivement grâce à son épouse Nancy Houston qui a écrit un essai sur Romain Gary. Nous avons droit surtout à des extraits de deux des trois Radioscopies qu'il a fait avec Jacques Chancel sur France Inter. Ce sont sans doute les entrevues de Gary les plus justes qu'un homme peut donner sur lui-même.
L'émission Jeux d'archives et l'audio de l'entrevue.
L'intégrale de la dernière Radioscopie de 1978, rediffusée lors du suicide de Gary, en décembre 1980.
Pour télécharger changer l'extension .m3u en .mp3

dimanche 27 août 2006

Comtesse Betty de l'Abitibi, digne représentante de la lignée des Ouagala


Betty et moi vivons ensemble avec les autres chats depuis le siècle dernier. Digne représentante de la lignée des Ouagala, tribu qui en son temps fut composé de Ouagadougou, un superbe chartreux décédé en 1993 et de Gala, chatte espagnole (calico) perdue l'été dernier ici même dans la forêt. Betty est une meneuse, une leader. C'est la dominante mais elle a bon caractère. Elle avait deux sœurs et trois frères. Théo un gros rouquin faisait partie de ma bande et son frère semblable Rantanplan était le chat de ma fille. Puis Sarah toute grise ressemblait beaucoup à Betty par son poil et ses traits. Elle était chez une amie, mais elle aussi a décampé. Les deux autres m'avaient quitté dès leur jeune âge et je ne sais guère ce qu'ils sont devenus dans leur famille adoptive. Photo prise hier après-midi.

samedi 26 août 2006

Les arts lézardés au hasard du bazar d'un bozo bizarre


Difficile de dire si j'aime davantage les arts et la littérature que les sciences et les techniques. Cela dépend. Peut-être un peu des deux car lorsque je m'intéresse aux arts c'est pour leur dénicher des parallèles en sciences et vice versa.
Très jeune, je voulais apprendre le piano, mais cela n'a pas été possible. La première raison est peut-être le manque de stimuli autour de moi dans ce sens. Ce n'est pas important. Je veux toujours mettre mes mains sur un piano et apprendre mais je ne serai aucunement un virtuose. Si je parviens seulement à exécuter une seule pièce valable de bout en bout, je serai déjà comblé. S'il me reste du temps, j'en ferai deux; un peu comme des primates que l'on mettrait devant un clavier d'ordinateur et à qui on donnerait l'éternité pour taper la bible...
Il en est de beaucoup de formes d'arts que j'ai tenté de pratiquer au cours des années sans pouvoir vraiment y consacrer le temps nécessaire: le dessin notamment.
Puis l'astronomie m'a fasciné dans ma jeune adolescence. Puis je suis passé à autre chose. Bref, c'est pas demain la veille qu'on va faire de moi un artiste accompli ou que je ferai de moi un artiste accompli.
J'ai fait du cinéma dès après l'astronomie. Cela a duré jusqu'à ce que le prix des films doublent du jour au lendemain. C'était déjà fort onéreux de payer l'équivalent de 4 euros pour 3 minutes il y a trente ans, en payer 8 devenait carrément de l'arnaque, surtout qu'à l'époque c'était pratiquement une demi-journée de travail! J'aurai tout de même produit 5 heures de films...
J'ai lorgné du côté de la photo de temps à autre pendant longtemps jusqu'à ce jour, il y a dix ans, où mon voisin du dessus est venu me vendre sa Canon AE-1 à un prix dérisoire parce que lui avait besoin de l'argent immédiatement pour des substances dont le manque rend dingue... À partir de ce moment-là, j'ai fait beaucoup de photos sur pellicule, plus d'un millier en quelques mois. J'étais totalement happé par le médium. Il y a deux ans j'ai fait le saut au numérique en me procurant une imprimante qui incluait l'objet en question.
C'est nettement dépassé maintenant mais je saurai m'en contenter jusqu'à sa mort car je n'ai pas les moyens de me procurer un modèle plus performant. Là encore, j'ai pris sûrement un millier de clichés depuis deux ans. Cependant, tant à Montréal qu'ici, j'ai une difficulté folle à sortir du paysage. Je fais dans le paysage... Mais cela commence à me barber... Bon, je vais sûrement en faire encore puisque j'aime ça, mais il est temps que je passe à autre chose ou alors que je redéfinisse mon rapport à l'image.
Ce n'est pas comme si je n'avais pas été, telle une pellicule, exposé aux œuvres des grands noms de la photographie au XXe siècle. Et mes petits pieds ne pourront que s'imbriquer dans les traces de ces géants. La photographie fait partie des arts multimédia grâce au numérique (scanner, appareil photo numérique) d'une part mais aussi à des logiciels tel Photoshop bien évidemment. Mais la photographie n'a vraiment pas attendu le numérique pour s'exprimer de diverses manières dans la transformation ou le traitement de l'image. Il y a aussi le pop-art qui a inspiré la photographie quand on regarde les œuvres de Roy Lichtenstein ou d'Andy Wharhol notamment. Leur rapport à l'image s'interpose à celui de la photographie. Le dépassement de ce que renvoit l'objectif, la désacralisation de la pureté et la transformation à l'infini pose la question de la perception.
Une jeune femme qui fut un temps ma conjointe il y a fort longtemps faisait des choses totalement inédites et admirables en photographie. Par rapport à moi, elle était précoce et géniale, mais il se pourrait qu'elle ait pu longuement séjourner dans des classes et des ateliers d'arts, ce qui ne fut pas mon cas. J'ai oublié de le lui demander...
Mon rapport aux arts, à la musique et à la littérature est tardif, car j'ai quitté l'école dès la fin du secondaire, en ayant l'impression que j'allais perdre mon temps dans ces institutions d'en-saignement en poursuivant vers le cégep, si je comparais à ce que je venais de vivre. Plus capable. Cela ne correspondait à rien à ce moment-là et il y avait une telle ignorance de tout ce qui est art à l'époque dans mon entourage que je n'aurais même pas su... J'en fais part sans frustration. Seul un prof de mécanique a eu l'intelligence de me transmettre la petite étincelle pour l'exploration et la réinterprétation du monde. Même pas un prof d'arts plastiques... En 13 ans d'école. Je crois avoir été patient.
Qu'importe! Dans le fond de mon petit moi-même, il y a toujours eu un désir fou de créer. Ci-dessus, une de mes premières tentatives de réinterpréter un paysage. Ce sont différentes formes du négatif, d'abord tel quel puis en retirant le bleu, le rouge et le vert en numérique. C'est un début. De surcroît, pas besoin d'être bien riche pour s'exprimer ainsi. Emily Carr faisait bien ses peintures sur du carton quand elle ne pouvait mieux...
Pour être classé parmi les génies en art, il faut apporter des innovations révolutionnaires à un art ou carrément inventer une nouvelle forme. C'est devenu un sacré défi en ce début de XXIe siècle où l'on a l'impression d'assister à une stagnation de ce côté. Cela me rappelle l'histoire de cette homme qui au XIXe siècle se serait demandé s'il ne fallait pas carrément fermé le Bureau des brevets puisque, selon lui, tout avait déjà été inventé...

Incidemment le rapport entre arts et sciences a fait l'objet de quelques ouvrages, dont le volumineux Dictionnaire culturel des sciences (Regard/Seuil) publié en 2001 et auquel ont contribué une centaine d'universitaires. On peut lire le passage suivant, sous la rubrique Delaunay (Robert), écrite par Georges Roque philosophe et historien d'art au CNRS: "À la différence d'artistes tels que Mondrian, Malevitch ou Kandinsky, ses œuvres naissent encore de l'observation de la réalité, de sorte que les historiens d'art ont en général négligé son apport fondamental à l'abstraction, théoriquement exempte de tout lien avec la représentation des apparences du monde visible" (...) "Il est (...) l'un des premiers à avoir fait prédominer l'organisation des couleurs entre elles sur la représentation du monde extérieur. Pour ce faire, il s'est appuyé sur les travaux de certains savants, tel Rood et Chevreul (...) en particulier sur le contraste simultané des couleurs.

jeudi 24 août 2006

Scotstown - East Angus et retour ± 70 km

Je me suis payé une petite balade à vélo hier après-midi. J'ai quitté à 13h30 et j'étais de retour à 18h30, avec quelques arrêts.

Il s'agit d'un parcours pas très tendre, surtout que le vent que j'avais contre moi soufflait en constance à environ 30 km/h, ce qui, à vélo, vous te ralentit l'allure. Parfois le macadam n'est qu'un patchwork alors qu'ailleurs la surface a été refaite. Des côtes longues et escarpées, des accotements à plus de 10 cm en contrebas du bitume, de lancinantes languettes de chemin avec des degrés pernicieux rendent la randonnée ardue. Les noms des municpalités - Scotstown, Bury, East Angus - témoigne du passé anglophone. On se fait livrer The Record, devenu au fil des ans un quotidien "communautaire", une feuille de chou. Bury est étonnant. Le village y est fort joli, avec une belle architecture, une fierté, un sentiment d'appartenance se manifeste dans l'aménagement des propriétés. Ce sentiment d'appartenance n'est vraiment pas le propre des communautés francophones. Le parcours est en vert sur la carte cliquable.

East Angus doit sa fortune à l'industrie du bois notamment. Ici l'Hôtel de Ville et le monument au combattants anglogphones et francophones morts en Belgique, peut-être victimes du gaz moutarde des Allemands, "Ypres to Mons", lit-on sur le flanc de la base du monument.

Point de coq au beffroi de l'Hôtel de Ville, mais un pigeon qui indique tout de même la direction des vents à cette heure de l'après-midi. Un vrai.

Photo sombre de la gare d'East Angus qui ne sert plus à des fins de transport depuis belle lurette. Mais au lieu de la démolir comme on fait encore à certains endroits, elle a été récupérée à des fins d'accueil touristique.

Sur le chemin du retour, j'ai pris quelques photos. Il faisait carrément froid. Ces bêtes ont longuement concerté mon arrêt. Elles semblaient revendiquer quelques choses et j'ai dû leur expliquer que je n'étais que de passage...

Je me suis arrêté un peu au retour. Les quelques 60 km que j'avais déjà parcouru me prenait dans les jambes. J'ai arraché cette annonce sur un poteau à environ 5 km d'East Angus. Je me suis rendu compte que j'avais perdu mon "triangle" qui je te mets dans le derrière du vélo, histoire d'être visible de très loin. Cet écriteau qui annonce le "Lancaster Fair" qui aurait lieu le dernier week end d'août à Lancaster, New Hampshire, a ceci de particulier: je l'ai trouvé à l'entrée d'un long chemin de 11 km dans les forêts, 11 km au bout desquels se trouve un site d'enfouissement. J'ai trouvé singulier que l'annonce d'une foire au New Hampshire fasse l'objet d'une annonce précisément là et pas ailleurs. Je demeure avec l'impression que des camions du New Hampshire viennent vider les déchets de l'État chez nous. Je n'ai pas eu le temps de rester pour regarder les plaques. Ah oui! J'ai retrouvé mon triangle sur le chemin du retour :-)

Je me suis assis dans l'herbe sur le bord de la route...

...pour regarder le paysage.
Au bout d'un quart d'heure, je me suis relevé et suis reparti.

Je ne me suis que peu arrêté pour regarder des choses qui m'inspiraient...

...parmi lesquelles se trouvent bien sûr l'église anglicane de Canterbury qui n'a pas l'air très fréquentée, bien que le terrain soit entretenu.

À partir de là, je fais une pause et me demande toujours quelle direction prendre dans la vie car, à vélo c'est tout simple. Je ne me serais guère trompé.

mardi 22 août 2006

Au centre du monde, au milieu de nulle part

Il y a des revers à être isolé. Cela dépend des envies qui parcourent nos veines. Cet isolement m'est à la fois bénéfique et ...maléfique. Maléfique est un peu exagéré, mais c'est le contraire de l'autre...

Ce qui rend pénible l'isolement... c'est l'isolement! Ha!Ha!Ha! Dans une ville de 3 millions d'habitants, on finit toujours par trouver des gens avec qui on correspond, mais dans un bled de 700 têtes de pipes, les chances s'amenuisent et cette absence de partage peut devenir d'une grande lourdeur et prendre beaucoup trop de place.

Je tends la perche plus souvent qu'à mon tour pour sortir du cadre du lieu commun, du banal. C'était bien prévisible tout ça et je le savais en partant. C'est la raison pour laquelle j'avais pris mes jambes à mon cou il y a 30 ans, en quittant mon village natale. Donc pas de surprise, juste une déception, une grimace, un sourire en coin.

Je ne vois pas comment je ferais le chemin inverse pourtant: retourner à la ville. La seule pensée génère une peur immense. Se construire à partir de rien, je parle de mon existence autant que du lieu physique à bâtir est un défi de tous les instants. Je n'en suis toujours qu'à avoir établi les balises de ce que ne sera pas cette construction. C'est un processus d'une lenteur épuisante. Je suis pris au piège de mon propre scénario. Et y a pas d'issue facile. Je pourrais regarder le répertoire de la classification nationale des professions que cela ne m'avancerait à rien. Je ne veux plus être salarié nulle part. Je ne veux plus être l'exécutant de qui que ce soit, à salaire, dans une shop, dans un bureau, ponctuel et tout.
Je préfère désormais donner mon temps et mes énergies gratuitement à des œuvres communes qu'à être payé à me tracasser sur les projets des autres. Cependant, je choisis avec mon cœur, l'emballement que me procure une interprétation du monde et le rapport que les gens entretiennent avec l'univers. La marchandisation du monde, le mercantilisme mur à mur ne vont pas me chercher.

Alors je dois vraiment faire marcher la petite cervelle, siège de l'intuition y paraît. Lire, observer, écouter. Ensuite le cerveau entre en action. Il passe au tamis l'enthousiasme généré par une idée, un concept, une trouvaille pour la ramener à sa substantifique moelle. Si ça tient le coup, on poursuit, sinon on passe à autre chose. Les critères sont de tous ordres: faisabilité, viabilité, notamment. Pour le moment rien, à part des projets grandioses, infaisables. L'exercice est à la fois amusant et épuisant. Je n'y peux rien, je suis comme ça. Si j'étais autrement, ce serait simplement différent. Je ne pense pas être si différent toutefois que bien des gens qui passent par les mêmes processus, quitte à aller consulter un psy ou un orienteur. Je ne crois pas en avoir besoin car je ne crois pas avoir de problème psy, ni n'ai besoin d'être "orienté".

Il est donc certain que je me dirige vers un travail d'artisan. Le mot est un générique car il pourrait s'agir tout aussi bien du travail du bois que du mot. Ou les deux. Je suis un modèle à la fois manuel et automatique. En ce moment l'automatique ne fonctionne que durant mon sommeil et la reste du temps, c'est sur le mode manuel que fonctionne l'individu. Je n'ai pas le problème des Airbus que l'on ne peut faire tourner sur un dix sous parce que l'ordi de bord ne le permettrait pas. J'aime les extrêmes. Il n'est pas dit que je ne me retrouverai pas à vivre à New York un de ces quatre. Pour le moment, il y a bien évidemment loin de la coupe aux lèvres. Ici je suis équidistant à Montréal, Québec et l'Atlantique, c'est-à-dire nulle part...

mardi 15 août 2006

Günter Grass ou L'érosion de la notion de modèle


Günter Grass, par Thomas Müller/Focus
Rarement voit-on les hommes montrer leur garde-robe à leurs copains, comme le font les femmes entre elles. Dans le cas qui nous intéresse, la curiosité d'un monsieur en train de fouiner dans le placard de Günter Grass et qui aurait découvert au fin fond de celui-ci un uniforme SS aurait sans doute engendrée auprès de son hôte la question: "Qu'est-ce?". La révélation foudroyante qu'a livrée Günter Grass à propos de son passé nazi en aura catatonisé plus d'un. Ce n'est pas tant qu'à l'âge de 17 ans en 1944, on l'ait enrôlé dans la Waffen SS (régiment qui plus tard sera condamné à Nuremberg à titre d'organisation criminelle) mais le fait que Grass se révèle sur le tard, après avoir exhorté et admonesté pendant des décennies les Allemands à se purger de leur passé nazi. Le mal que provoque Grass se situe plus sur le plan symbolique que sur le plan politique ou littéraire. Considéré comme le plus grand écrivain et poète contemporain en Allemagne, Günter Grass joui(ssai)t jusqu'à présent d'une espèce d'aura, de statut particulier autant chez lui qu'à l'étranger. Cette révélation sur le tard par le lauréat du prix Nobel de la littérature 1999 fragilise une fois de plus la notion de role model dans nos sociétés.
Né en octobre 1927 à Danzig (aujourd'hui Gdansk) dans la partie la plus orientale de l'Allemagne d'alors, aujourd'hui polonaise, Grass, conscrit comme tous les jeunes de son âge, avait choisi le corps des sous-mariniers, mais on l'enrôla dans la Waffen SS. Cette espèce d'unité formée en 1933 ne faisait pas partie de l'armée pour ainsi dire mais du parti nazi et était reconnue pour sa brutalité et sa cruauté. Jusqu'à présent, Grass connu comme un soldat des forces anti-arérienne et fait prisonnier par les Américains porte cette révélation au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung dans une entrevue vendredi dernier. Certains y voit là une espèce de blitz publicitaire avant la sortie de son autobiographie en septembre.
À la fin de 1944, la Waffen SS en voie de déconfiture ne tatouait déjà plus ses recruts de leur type sanguin sur l'avant-bras. Ainsi Grass put s'en retirer avec son secret.
"Il faisait partie de la division blindée 'Frundsberg' dont la dernière mission qui n'eut pas lieu était de libérer Hitler", avance Michæl Jeismann dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Du haut de ses 17 ans, Günter Grass dit surtout avoir voulu se libérer de la pesanteur familial. Ce n'est qu'au procès de Nuremberg qu'il prit conscience de ces choses auxquelles on associait la Waffen SS dans les déclarations que fit alors le leader des Jeunesses hitlériennes, Baldur von Schirach.
Le principale reproche que l'on fait à Günter Grass dans toutes les sphères de la société allemande, c'est d'avoir attendu si longtemps pour faire cette révélation, alors que durant toutes ces années, il se présentait comme le porte-étendard de la morale allemande en exigeant de tous la vérité. Furieux contre Günter Grass, Lech Walesa, citoyen de Gdansk, ex-président de Solidarność et ex-président polonais souhaite que Grass remette volontairement sa citoyenneté d'honneur de Gdansk.
Lire une sélection des commentaires en anglais dans ce digest de la presse allemande.

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lundi 14 août 2006

Femme mentale

Une neuropsychiatre de San Francisco avance que les différences entre le cerveau des femmes et celui des hommes sont tout à fait évidentes et le plus tôt nous le comprendrons, le mieux ce sera.

Par Joe Garofoli, rédacteur au San Francisco Chronicle
Les idéaux féministes de Louann Brizendine ont été forgés dans les années 70. La neuropsychiatre de l'université de Californie à San Francisco est consciente que certains passages de son nouveau livre "The Female Brain", peuvent sembler politiquement incorrect.
Il en va de ces passages concernant la façon qu'a une femme financièrement indépendante de parler de la recherche de l'âme-sœur, mais lorsqu'elle rencontre un partenaire potentiel, son cerveau inconsciemment cherche à mesurer le portefeuille de l'autre. Il en va aussi des ces passages où sont décrits les maux qui accompagnent une femme qui retourne au boulot et ne peut plus obtenir son "high" hormonal qui accompagne l'allaitement de son enfant.
Les femmes ont fait un grand bout de chemin vers l'égalité ces dernières cinquante années, mais pour Brizendine, diplômée de Yale, 53 ans, ses recherches démontrent que le cerveau humain est toujours façonné par des nécessités de l'Âge de pierre.
Le cerveau de l'homme et de la femme ont des architectures et des composants chimiques différents, avance Brizendine. Le plus tôt les femmes - et ceux qui les aiment - accepteront et apprécieront comment ces différences neurologiques façonnent le comportement féminin, le plus vite nous pourrons nous entendre.
Commençons avec la raison pour laquelle les femmes préfèrent parler de leurs sentiments, alors que les hommes préfèrent méditer sur le sexe.
Les femmes ont une autoroute de huit voies pour analyser les émotions, alors que les hommes ont une petite route de campagne", écrit-elle. Les hommes par contre, ont une piste d'aéroport pour réfléchir sur le sexe alors que les femmes ont un petit aérogare près de là pour les petits avions et les jets privés.
Discerner les instincts biologiques des influences de la vie quotidienne constitue une passion sans borne dans la vie de Brizendine et forme le cœur de son livre. "The Female Brain" collige plus de 1000 études scientifiques dans les champs de la génétique, des neurosciences moléculaires, de l'endocrinologie fœtale et pédiatrique, et à propos du développement neurohormonal. Il est aussi grandement inspiré par son propre travail à la Clinique Hormones et Humeurs des adolescentes et des femmes qu'elle a fondée à l'université de Californie à San Francisco, il y a 12 ans. C'est la seule clinique psychiatrique du genre [aux États-Unis] avec une telle emphase.
"Le cerveau d'un homme est sans doute plus gros, mais le foyer de la formation des émotions et de la mémoire est plus gros chez la femme, tout comme les connections du langage et de l'observation des émotions chez autrui." De surcroît, la "réalité neurologique" chez la femme est de beaucoup plus profondément affectée par les charges hormonales qui fluctuent au cours de son existence.
Lire la suite en anglais dans le San Francisco Chronicle du 6 août dernier...

dimanche 13 août 2006

Travail intermittent de pluie

Vendredi soir, je me suis couché vers 21h... une rareté. Il fallait que je sois dans un état second. Je peux compter sur les doigts d'une main ces fois où je me suis couché à une telle heure depuis que ma maman m'autorise à dépasser cette heure couvre-feu. Cela a eu pour conséquence naturelle que je me levai très tôt samedi matin. Deux thermomètres n'ont pas su me donner la mesure exacte de la température. L'un indiquait 1℃ et l'autre 5℃. J'aurais plutôt tendance à lorgner du côté du plus bas. Cela peut se confirmer par la température que marquait à midi celui qui indiquait 5℃ au petit matin. À 12h30 en fait, celui-là indiquait une température de 9,5℃. Après tout, nous ne sommes qu'au mois d'août! Ce genre de températures accompagnées de pluies intermittentes n'allait pas trop m'enthousiasmer. J'étais là pour continuer à peindre la toiture. Hélas! Il a bien fallu se rendre à l'évidence: je n'allais pas réussir à peindre. Oh, j'ai tout de même réussi à le faire entre 10h30 et midi, alors que dardait péniblement le soleil, mais une ondée que je voyais s'approcher allait m'obliger à déguerpir du toit avec tous mes outils, à dévaler l'échelle, aider en cela de M qui me libéra les mains dans la descente afin que je retourne là-haut récupérer le reste. La pluie s'avançait et M qui était entrée depuis en avait oublié le linge sur la corde dont le séchage était impératif. Je le lui rappelai. Je ne pouvais, moi, retirer ce linge, avec mes doigts encore barbouillés de peinture. Elle se précipita et je lui fournis le panier. La pluie tombait maintenant à grands seaux. Elle poussa un gémissement car l'eau de pluie s'affalait terriblement galciale.

La seule grâce qui me fut accordée fut celle de pouvoir m'émouvoir devant le spectacle du lever du soleil. Dehors dès avant l'aurore, les étoiles encore scintillantes avec la lueur solaire arquée à l'horizon, le ciel d'alors n'annonçait qu'une journée superbe. Tel un bonnet de nuit un nuage recouvrait le sommet du mont Saint-Joseph.

Puis les première lueurs du soleil apparurent en rose.

Lorsqu'il fut assez haut au-dessus de l'horizon, commença alors l'évaporation de la forte rosée sur la végétation en un spectacle en mouvance constance jusqu'à n'y plus rien voir à 100 mètres.



Plus tard vers les 8h les nuages firent leur apparition à l'horizon accompagnés d'un noroît frigorifique.En début d'après-midi, le soleil reviendra mais le froid persistera. La pluie allait de nouveau à tout moment recommencer. F décida que je n'allais pas retourner là-haut pour peindre et m'offra d'aller me reconduire à La Patrie. Là-bas, je causai un moment avec C à propos de la côte ouest canadienne où nous avons tous deux vécu à la même époque. Je saluai L et fis mes compliments sur l'allure de la maison dont le clin de bois est décapé par son compagnon. L et J ont fait face à la même musique en voulant teindre l'extérieur alors que le pluie allaient les en empêcher. Je me rendis à la quincaillerie récupérer un autre contenant de décapant. Là je discutai à l'extérieur avec D à propos du Hezbollah... Nos regards croisés sur ce qui se passe correspondent, avec cette perspective socio-historique qui met en cause l'Angleterre avec la Déclaration Balfour de 1917, parmi les causes premières du conflit, la guerre de six jours, aussi la mainmise sur le pétrole du Moyen Orient par les Britanniques à l'époque, etc. Mais cela ne peut se réduire à ces seules moments. L'origine du conflit est un inextricable puzzle. Dans l'état actuel des choses, nous ne parviendrons jamais à bout des conflits dans la région parce qu'il n'y a pas la volonté que cela survienne. En bout de ligne, il ne serait pas idiot de renommer la région Testostéronie...

Je continuai ma route vers ma cabane et Scotstown. Je notai que pour une rare fois, les vaches étaient couchés dans la prairie. Les nuages avançaient si rapidement que je n'eus le temps deprendre la photo qu'au moment où le soleil venait de s'éloigner du troupeau.

Plus loin, je ne pus m'empêcher de photographier ce grand champ en jachère où croissent en masse les verges d'or avec en avant-plan dans l'eau, les quenouilles.

Après avoir nourri les chats et être resté avec eux, je me dirigeai vers l'hôtel à 7 ou 8 km au nord. La pluie m'obligea encore à revêtir l'imper sur la route et comme elle s'éloignait vers la montagne, le soleil revint. Ici c'est l'opposé de la vue du début, l'autre versant, le nord-ouest, tandis qu'au début c'est du versant sud-est que sont prises les photos. Les agrandir en cliquant dessus à chaque fois