mardi 22 août 2006

Au centre du monde, au milieu de nulle part

Il y a des revers à être isolé. Cela dépend des envies qui parcourent nos veines. Cet isolement m'est à la fois bénéfique et ...maléfique. Maléfique est un peu exagéré, mais c'est le contraire de l'autre...

Ce qui rend pénible l'isolement... c'est l'isolement! Ha!Ha!Ha! Dans une ville de 3 millions d'habitants, on finit toujours par trouver des gens avec qui on correspond, mais dans un bled de 700 têtes de pipes, les chances s'amenuisent et cette absence de partage peut devenir d'une grande lourdeur et prendre beaucoup trop de place.

Je tends la perche plus souvent qu'à mon tour pour sortir du cadre du lieu commun, du banal. C'était bien prévisible tout ça et je le savais en partant. C'est la raison pour laquelle j'avais pris mes jambes à mon cou il y a 30 ans, en quittant mon village natale. Donc pas de surprise, juste une déception, une grimace, un sourire en coin.

Je ne vois pas comment je ferais le chemin inverse pourtant: retourner à la ville. La seule pensée génère une peur immense. Se construire à partir de rien, je parle de mon existence autant que du lieu physique à bâtir est un défi de tous les instants. Je n'en suis toujours qu'à avoir établi les balises de ce que ne sera pas cette construction. C'est un processus d'une lenteur épuisante. Je suis pris au piège de mon propre scénario. Et y a pas d'issue facile. Je pourrais regarder le répertoire de la classification nationale des professions que cela ne m'avancerait à rien. Je ne veux plus être salarié nulle part. Je ne veux plus être l'exécutant de qui que ce soit, à salaire, dans une shop, dans un bureau, ponctuel et tout.
Je préfère désormais donner mon temps et mes énergies gratuitement à des œuvres communes qu'à être payé à me tracasser sur les projets des autres. Cependant, je choisis avec mon cœur, l'emballement que me procure une interprétation du monde et le rapport que les gens entretiennent avec l'univers. La marchandisation du monde, le mercantilisme mur à mur ne vont pas me chercher.

Alors je dois vraiment faire marcher la petite cervelle, siège de l'intuition y paraît. Lire, observer, écouter. Ensuite le cerveau entre en action. Il passe au tamis l'enthousiasme généré par une idée, un concept, une trouvaille pour la ramener à sa substantifique moelle. Si ça tient le coup, on poursuit, sinon on passe à autre chose. Les critères sont de tous ordres: faisabilité, viabilité, notamment. Pour le moment rien, à part des projets grandioses, infaisables. L'exercice est à la fois amusant et épuisant. Je n'y peux rien, je suis comme ça. Si j'étais autrement, ce serait simplement différent. Je ne pense pas être si différent toutefois que bien des gens qui passent par les mêmes processus, quitte à aller consulter un psy ou un orienteur. Je ne crois pas en avoir besoin car je ne crois pas avoir de problème psy, ni n'ai besoin d'être "orienté".

Il est donc certain que je me dirige vers un travail d'artisan. Le mot est un générique car il pourrait s'agir tout aussi bien du travail du bois que du mot. Ou les deux. Je suis un modèle à la fois manuel et automatique. En ce moment l'automatique ne fonctionne que durant mon sommeil et la reste du temps, c'est sur le mode manuel que fonctionne l'individu. Je n'ai pas le problème des Airbus que l'on ne peut faire tourner sur un dix sous parce que l'ordi de bord ne le permettrait pas. J'aime les extrêmes. Il n'est pas dit que je ne me retrouverai pas à vivre à New York un de ces quatre. Pour le moment, il y a bien évidemment loin de la coupe aux lèvres. Ici je suis équidistant à Montréal, Québec et l'Atlantique, c'est-à-dire nulle part...

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