jeudi 20 juillet 2006

Un mois dans l'été


Une toute petite partie du terrain à l'automne. Photogrammes tirés de films 8mm
Les étés de mon enfance n'ont pas complètement été détrônés par les suivants. Enfants, mes sœurs et moi avions droit à ce qui peut être encore considéré aujourd'hui comme à l'époque à l'égal d'un grand privilège: des étés à la campagne. Pas que nous vivions autrement en plein milieu de la ville mais que le lieu des vacances en était un de ce que l'on appelle communément, la villégiature. Ainsi, à partir de l'été 64 et pendant une décennie, les vacances scolaires se passeront sur les bords d'un lac, entouré de champs, de forêts, de rivières et de montagnes. Du dernier jour de l'école jusqu'au premier de l'année scolaire suivante, pendant deux mois et demi donc (du 21 juin au 6 septembre en moyenne), isolés dans la nature, il s'agira de se trouver des activités dignes d'assurer le contentement. Cela ne sera jamais été un problème puisque cet isolement, cette cache nous autorisait avant tout à exister hors la vue du voisinage qui était le lot du reste de l'année et que ce seul fait donnait des ailes.
Pratiquement laissés à nous-même les trois quarts du temps, tout était permis dans la limite des quantités disponibles et de la tolérance des uns et des autres. Quelle belle enfance et quelle liberté! Il y a assez de matières pour écrire quelque chose somme toute d'intéressants sous forme romancée. La réussite de cette aventure estivale passait aussi par les rapports qui nous avions avec nos voisins de chalets, des candidats quasi-parfaits pour l'animation réciproque de nos journées. J'avais mon équivalent en âge et mes sœurs de même. Inutile de faire ici la nomenclature des activités. Elles sont de l'ordre de l'enfance, ni plus ni moins. De surcroît, nous avions à notre disposition quelques 10 km²...

Je ne suis toujours pas sûr et demeure sceptique quant à ce que peuvent être des activités estivales pour des enfants dans des colonies de vacances, avec des moniteurs et des monitrices quand NOUS étions les moniteurs et le monitrices et que personne ne nous mettaient de balises autres que celles qu'occasionnaient des interventions sporadiques dans les cas les plus répréhensibles, ce qui n'arrivaient somme toute pratiquement jamais. J'aurais sûrement été profondément agacé d'avoir toujours quelqu'un·e sur le dos et d'être sous surveillance. Cette socialisation des vacances organisées est peut-être un bien pour un mal. Sûrement qu'elle forme la jeunesse pour s'intégrer dans une forme de société conforme. Je ne suis pas si sûr par contre qu'elle permette de former son propre imaginaire.
Il faudrait pour cela que je fasse le chemin inverse et que je passe dix années de camps de vacances et puisse comparer les résultats, ce qui restera à jamais hypothétique en ce qui me concerne. Rien de ce que j'en entends ne m'épate tant. Bien sûr, dans le meilleur des cas, les enfants auront droit à des visites guidées de la forêt et la connaissance de ce qu'on y retrouve en termes botaniques, géologiques, etc. On aura droit à des chants autour d'un feu, à l'observation des étoiles. Mais tout cela faisait aussi partie de nos vacances anarchiques, à la découverte par soi-même de ce qui forme notre univers. C'est un trésor que je chéris et je suis bien sûr redevable à mes parents de cette aventure-là, mais aussi aux voisins et ami·e·s qui en firent constamment partie.

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