Péripéties de la soirée
Un soir de la semaine dernière que j'écoutais CBC Radio One à ma cabane, advint l'émission Between the Covers, type d'émission que nous n'avons pas sur le réseau français mais que j'aime bien parfois écouter. Un narrateur nous fait la lecture d'un livre. J'écoute aussi sporadiquement BBC Radio 4 où l'on retrouve plusieurs lectures de fiction et même des radiothéâtres très bien. C'est selon mon humeur aussi. Toujours est-il qu'avait commencé la semaine dernière une nouvelle lecture étalée sur quatre semaines, d'un livre par Will Ferguson, Happiness TM, lecture dont je suis devenu un auditeur captif. Le lecteur, Ron Halder, prête sa voix au livre de Ferguson de façon magistrale.
Il s'agit de l'histoire loufoque d'Edwin De Valu qui travaille pour une maison d'édition, Panderic, qui publie surtout des livres de recettes et de conseils dans divers domaines: comment maigrir, comment faire du fric, etc. Le patron de la boîte est un baby boomer détestable dans la cinquantaine, totalement dépourvu de morale comme le sont les éditeurs de ce type, tout comme le sont certains éditeurs scolaires qui ne sont là que pour faire du fric en respectant les directives du ministère de l'Éducation. Ni plus. Ni moins.
Je suis captivé par l'histoire, par le côté cynique envers la vanité des uns et des autres, par les anecdotes et les péripéties par lesquelles doit passer Edwin de Valu pour publier le livre d'un certain Tupak Soirée, intitulé "What I learned on the mountain", une espèce de self-help book fourre-tout qui finira par changer le cours de l'Histoire et celle de tous ceux et celles qui le lisent, devenus des espèces d'illuminés, du concierge au pdg. L'éditeur Edwin de Valu veut le plus petit tirage pour ce qu'il considère un navet. Il est expédié aux librairies sans tambour ni trompette. Il finira par dépasser les... 45 millions d'exemplaires!
Ce soir je suis allé faire mon heure de bénévolat à la bibliothèque et m'en suis tout de suite allé à la cabane, muni d'une nouvelle lumière avec attelage que l'on se met sur la tête tels les mineurs. Arrivé là-bas, au bout des 8 km, et après avoir nourri les chats, je m'assis dans mon sofa-lit, en attendant l'épisode du soir par la lecture d'un roman de Tom Robbins publié en 1994, Half Asleep in Frog Pajamas, une autre histoire loufoque par un auteur américain déjanté mais brillant. L'épisode vint à l'heure dite. Je l'écoutai avec saveur.
Toutefois à la fin, la présentatrice, pour la première fois, ne mentionna pas qu'on pouvait réécouter les épisodes sur le site de l'émission comme elle le faisait depuis le début. Moi qui comptait là-dessus... C'est que je les enregistre aussi! Mais le hic est que si les épisodes ne sont pas disponibles au-delà de ce qui est sur le site, il me faudra les enregistrer en direct. C'est dans ces moments futiles que me sied particulièrement la grandeur du Canada:, j'ai le choix de l'enregistrer à partir de 20h43 jusqu'à 1h43 de la nuit, soit entre sa diffusion à Halifax et celle de Vancouver, ce qui me donne cinq occasions de pouvoir l'enregistrer. À la cabane bien évidemment j'écoute la diffusion de Montréal qui se termine à 23h... Alors j'ai dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et quitter la cabane vers 23h30 pour profiter des diffusions sur Calgary et Vancouver, les deux restantes.
J'enfourchai mon vélo, allumai ma lumière. Il faisait un gros 9ºC et le ciel était étoilé. Plus tôt dans la soirée j'avais pu rouler sans lumière malgré la nuit qui descendait. Mais cette fois, un essai de parcours sans lampe me convainquit vite de l'impossibilité de la chose: sur la route et tout autour, la nuit noire me répondait de sa présence. En arrivant à Hampden, un kilomètre plus loin, je fus happé par un brouillard à couper au couteau qui nappera ainsi ma route pendant plusieurs kilomètre. Ce n'est pas tant cela qui m'empêchera d'avancer mais plutôt l"état lamentable de la chaussée. Elle est sûrement mieux tout de même que doivent l'être les routes du Sud-Liban, après le pilonnage israélien.
En arrivant à Scotstown je surpris un chevreuil en bordure de la route. À la vitesse où je roule, il aurait amplement eu le temps de traverser, si tel avait été son choix. Il préféra rebrousser chemin et s'enfuir dans le champ. Je m'arrêtai et de mon phare éclairai dans sa direction. Je ne pus voir que deux yeux au loin à environ 50 mètres qui me scrutaient la lumière autant que moi je le surveillais. Puis comme je m'avançais vers lui, il se tira encore plus loin. Je repris la route pour encore apercevoir un autre chevreuil cette fois traverser la route sans demander son reste.
Et j'ai enregistré le 12e épisode de Happiness TM...
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