samedi 26 août 2006

Les arts lézardés au hasard du bazar d'un bozo bizarre


Difficile de dire si j'aime davantage les arts et la littérature que les sciences et les techniques. Cela dépend. Peut-être un peu des deux car lorsque je m'intéresse aux arts c'est pour leur dénicher des parallèles en sciences et vice versa.
Très jeune, je voulais apprendre le piano, mais cela n'a pas été possible. La première raison est peut-être le manque de stimuli autour de moi dans ce sens. Ce n'est pas important. Je veux toujours mettre mes mains sur un piano et apprendre mais je ne serai aucunement un virtuose. Si je parviens seulement à exécuter une seule pièce valable de bout en bout, je serai déjà comblé. S'il me reste du temps, j'en ferai deux; un peu comme des primates que l'on mettrait devant un clavier d'ordinateur et à qui on donnerait l'éternité pour taper la bible...
Il en est de beaucoup de formes d'arts que j'ai tenté de pratiquer au cours des années sans pouvoir vraiment y consacrer le temps nécessaire: le dessin notamment.
Puis l'astronomie m'a fasciné dans ma jeune adolescence. Puis je suis passé à autre chose. Bref, c'est pas demain la veille qu'on va faire de moi un artiste accompli ou que je ferai de moi un artiste accompli.
J'ai fait du cinéma dès après l'astronomie. Cela a duré jusqu'à ce que le prix des films doublent du jour au lendemain. C'était déjà fort onéreux de payer l'équivalent de 4 euros pour 3 minutes il y a trente ans, en payer 8 devenait carrément de l'arnaque, surtout qu'à l'époque c'était pratiquement une demi-journée de travail! J'aurai tout de même produit 5 heures de films...
J'ai lorgné du côté de la photo de temps à autre pendant longtemps jusqu'à ce jour, il y a dix ans, où mon voisin du dessus est venu me vendre sa Canon AE-1 à un prix dérisoire parce que lui avait besoin de l'argent immédiatement pour des substances dont le manque rend dingue... À partir de ce moment-là, j'ai fait beaucoup de photos sur pellicule, plus d'un millier en quelques mois. J'étais totalement happé par le médium. Il y a deux ans j'ai fait le saut au numérique en me procurant une imprimante qui incluait l'objet en question.
C'est nettement dépassé maintenant mais je saurai m'en contenter jusqu'à sa mort car je n'ai pas les moyens de me procurer un modèle plus performant. Là encore, j'ai pris sûrement un millier de clichés depuis deux ans. Cependant, tant à Montréal qu'ici, j'ai une difficulté folle à sortir du paysage. Je fais dans le paysage... Mais cela commence à me barber... Bon, je vais sûrement en faire encore puisque j'aime ça, mais il est temps que je passe à autre chose ou alors que je redéfinisse mon rapport à l'image.
Ce n'est pas comme si je n'avais pas été, telle une pellicule, exposé aux œuvres des grands noms de la photographie au XXe siècle. Et mes petits pieds ne pourront que s'imbriquer dans les traces de ces géants. La photographie fait partie des arts multimédia grâce au numérique (scanner, appareil photo numérique) d'une part mais aussi à des logiciels tel Photoshop bien évidemment. Mais la photographie n'a vraiment pas attendu le numérique pour s'exprimer de diverses manières dans la transformation ou le traitement de l'image. Il y a aussi le pop-art qui a inspiré la photographie quand on regarde les œuvres de Roy Lichtenstein ou d'Andy Wharhol notamment. Leur rapport à l'image s'interpose à celui de la photographie. Le dépassement de ce que renvoit l'objectif, la désacralisation de la pureté et la transformation à l'infini pose la question de la perception.
Une jeune femme qui fut un temps ma conjointe il y a fort longtemps faisait des choses totalement inédites et admirables en photographie. Par rapport à moi, elle était précoce et géniale, mais il se pourrait qu'elle ait pu longuement séjourner dans des classes et des ateliers d'arts, ce qui ne fut pas mon cas. J'ai oublié de le lui demander...
Mon rapport aux arts, à la musique et à la littérature est tardif, car j'ai quitté l'école dès la fin du secondaire, en ayant l'impression que j'allais perdre mon temps dans ces institutions d'en-saignement en poursuivant vers le cégep, si je comparais à ce que je venais de vivre. Plus capable. Cela ne correspondait à rien à ce moment-là et il y avait une telle ignorance de tout ce qui est art à l'époque dans mon entourage que je n'aurais même pas su... J'en fais part sans frustration. Seul un prof de mécanique a eu l'intelligence de me transmettre la petite étincelle pour l'exploration et la réinterprétation du monde. Même pas un prof d'arts plastiques... En 13 ans d'école. Je crois avoir été patient.
Qu'importe! Dans le fond de mon petit moi-même, il y a toujours eu un désir fou de créer. Ci-dessus, une de mes premières tentatives de réinterpréter un paysage. Ce sont différentes formes du négatif, d'abord tel quel puis en retirant le bleu, le rouge et le vert en numérique. C'est un début. De surcroît, pas besoin d'être bien riche pour s'exprimer ainsi. Emily Carr faisait bien ses peintures sur du carton quand elle ne pouvait mieux...
Pour être classé parmi les génies en art, il faut apporter des innovations révolutionnaires à un art ou carrément inventer une nouvelle forme. C'est devenu un sacré défi en ce début de XXIe siècle où l'on a l'impression d'assister à une stagnation de ce côté. Cela me rappelle l'histoire de cette homme qui au XIXe siècle se serait demandé s'il ne fallait pas carrément fermé le Bureau des brevets puisque, selon lui, tout avait déjà été inventé...

Incidemment le rapport entre arts et sciences a fait l'objet de quelques ouvrages, dont le volumineux Dictionnaire culturel des sciences (Regard/Seuil) publié en 2001 et auquel ont contribué une centaine d'universitaires. On peut lire le passage suivant, sous la rubrique Delaunay (Robert), écrite par Georges Roque philosophe et historien d'art au CNRS: "À la différence d'artistes tels que Mondrian, Malevitch ou Kandinsky, ses œuvres naissent encore de l'observation de la réalité, de sorte que les historiens d'art ont en général négligé son apport fondamental à l'abstraction, théoriquement exempte de tout lien avec la représentation des apparences du monde visible" (...) "Il est (...) l'un des premiers à avoir fait prédominer l'organisation des couleurs entre elles sur la représentation du monde extérieur. Pour ce faire, il s'est appuyé sur les travaux de certains savants, tel Rood et Chevreul (...) en particulier sur le contraste simultané des couleurs.

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