lundi 30 mai 2005

Hommage d'André Malraux
à Le Corbusier


Couverture du numéro de janvier-février 1987 de la revue italienne Casabella entièrement consacrée à Le Corbusier
Le Corbusier est sans nul doute l'architecte qui aura le plus marqué les esprits au XXe siècle, d'autant plus que dans l'histoire, très peu d'architectes ont pu franchir la barre de la légende. Et pourtant, ce siècle-là ne manque pas de personnalités, pour ne par dire de personnages, du monde de l'architecture qui ont laissés des traces indélibiles. Que l'on pense à Mies Van der Roe, Walter Gropius, Frank Lloyd Wright et Robert Foster, Jean Nouvel, Rem Koolhass, Frank Gehry et tant d'autres. Le Corbusier les a tous du reste inspirés et pour certains cette inspiration leur aura servi à ni penser ni construire comme lui! Le Corbusier avait ce malheureux côté fasciste dans les excès de son architecture et, s'il avait réussi à faire tout ce qu'il voulait, on vivrait dans un monde beaucoup plus concentrationnaire. Il reste que certains des ensembles qu'il a conçu de même que certains des immeubles seules sont des joyaux qui survivront aux siècles.
Parmi les quelques 4 heures de propos par Le Corbusier que j'ai pu accumuler, il y a cet hommage d'André Malraux, alors ministre de la Culture en France, aux obsèques de Le Corbusieur le 1er septembre 1965 dans la cour carré du Louvre. Malraux, comme il l'a toujours fait dans ses hommages, se surpassent. Cet hommage qu'il rend là est à coup sûr grandiose. Écoutez-le(ou téléchargez-le) (10m30s)

samedi 28 mai 2005

Fragrances des bois et tintamarre de grenouilles


À la brûnante, sous la brume et le crachin, je m'en suis revenu du village à vélo. Ce n'est vraiment que par des moyens lents que peuvent s'immiscer dans nos poumons et nos sens olfactifs ces indicibles fragrances des bois.
Seule cette brume exempte de tout vent porte dans chaque goutelette une dose infinitésimale de senteurs qui vous parcourent le corps et l'esprit avec une force enivrante que peu de parfumiers auraient le doigté de magiquement transposer en flacons.
Comme l'an dernier à une semaine près, réapparaissent dans la forêt et les clairières ces émanations de la nature qui forcent le recueillement, la gratitude et se conservent en soi sous une forme d'euphorie persistante.
Le long du chemin, les grenouilles savent apprécier sans vergogne ces pluies qui ne cessent. Dans les canaux qui longent le chemin et dans les bois, partout, ce sont des concerts tonitruants sans fin et composés de milliers de vocalises indiscrètes que seuls leurs congénères sauraient décrypter. Le seul message que l'on doit en saisir, c'est celui de la présence ici-bas de beaucoup plus que nous-mêmes, de tous ces êtres qui existent aussi autour de nous sans que nous puissions les distinguer dans la pénombre mais dont les chants n'ont de cesse de témoigner de cette présence constante.
Fragile terre que nous condamnons partout. Ici demeure un des derniers bastions des batraciens quasi-inviolés. Signe qu'ici la nature a encore une chance et à la sauvegarde de laquelle je me promets et nous tous devons nous promettre de contribuer.

jeudi 26 mai 2005

Il y a des jours comme ça...


Femme allongée sur les bords du lac sans nom - Saint-Feréol, 1974
La journée d'aujourd'hui fut particulièrement difficile, sans doute l'une des plus difficiles depuis que je suis ici… Avec quelle conviction suis-je venu m'installer ici? Celle de recommencer à zéro…
Le mois de mai particulièrement moche que nous subissons ici contribue à me rendre très déprimé. Les feuilles sont à peine sorti des arbres, il fait encore relativement froid. Pourtant, ce n'est pas qu'il ne peut pas faire beau et chaud puisqu'au début avril je suis aller à vélo au village en simple chandail. Il faisait alors près de 20º. Mais des journées de 20º, il n'y en a eu que deux ou trois tout ce temps! Le mercure est rarement monté au-dessus de la barre du 10! Le ciel est constamment nuageux ou presque. Mais c'est le propre de toute la côte est aussi, de la Nouvelle Écosse à l'État de New York, une zone de nuage qui colle constamment là, tournant continuellement en rond, un peu comme l'an dernier et l'année précédente, etc. Drôle de phénomène atmosphérique qu'il est difficile d'associer à quoi que ce soit à vrai dire. Reste que cela pèse sur les esprits les plus joviaux comme moi qui jusqu'à présent ne s'en faisait pas trop pour la température.
L'altitude fait en sorte que les températures sont plus fraîches mais c'est vraiment à se demander si ce climat printanier de merde des dernières années est là pour rester indéfiniment, ce qui rendrait la vie misérable, comme elle l'est aussi pour ces gens dans les Maritimes qui essuie des pluies diluviennes depuis le début du printemps, retardant les semences, endommageant les terres, les bâtiments, etc.

lundi 23 mai 2005

Sur les pistes, tolère...


J'ai récemment repris goût à l'écriture de lettres après avoir quelque peu abandonné la pratique il y a une bonne dizaine d'années. Je crois que c'est l'isolement qui permet ce retour-là. Ne pas confondre avec l'ennui, car ce mot n'a pas voulu s'associer à ma démarche…
C'est un article dans le New York Times cet hiver qui m'a redonné envie de m'y remettre. Après tout, j'ai toujours une boîte pleine de lettres, réponses à mes envois, une quantité inouïe de mots que les ami-e-s ont couché sur le papier par le passé.
Le courriel ne remplacera jamais la texture d'une lettre que l'on sait écrite à la main, avec cette espèce de petite énergie qui en accompagne la lecture. Et puis il y a le timbre, l'enveloppe, etc. Ici en plus il y a la "boîte à mail", sur le bord du chemin avec son petit drapeau. Pour combien de temps encore va-t-il tenir celui-là? Je parle du courrier livré et pris à domicile… L'an dernier, il y avait le pain et les œufs à domicile. Il ne reste désormais que la Poste…
J'ai pris les devants un peu. J'ai commencé aussi à envoyer des courriels qui pouvaient très bien passer pour des lettres personnelles un fois imprimées par le récipiendaire. C'est plus long mais plus joli aussi.

samedi 7 mai 2005

La guerre comme chorégraphie...


Goran Tomasevic - Reuters
Je ne voudrais pas être cynique mais lorsque j'ai vu cette photographie, je n'ai pu m'empêcher d'y voir une occasion en or de devenir chorégraphe! Ma première création serait une performance à grand déploiement par une troupe de danseurs, sous des musiques modernes arabes et israéliennes, beaucoup de percussion, des voix de minarets, et des bruits d'explosions. Il y aurait un grand écran à l'arrière avec des images de ruines et une projection en plongée verticale de ce sol de gravier que l'on voit sur la photo. Cette photographie plus que tout autre récemment me fait vraiment penser à une chorégraphie…