samedi 28 mai 2005

Fragrances des bois et tintamarre de grenouilles


À la brûnante, sous la brume et le crachin, je m'en suis revenu du village à vélo. Ce n'est vraiment que par des moyens lents que peuvent s'immiscer dans nos poumons et nos sens olfactifs ces indicibles fragrances des bois.
Seule cette brume exempte de tout vent porte dans chaque goutelette une dose infinitésimale de senteurs qui vous parcourent le corps et l'esprit avec une force enivrante que peu de parfumiers auraient le doigté de magiquement transposer en flacons.
Comme l'an dernier à une semaine près, réapparaissent dans la forêt et les clairières ces émanations de la nature qui forcent le recueillement, la gratitude et se conservent en soi sous une forme d'euphorie persistante.
Le long du chemin, les grenouilles savent apprécier sans vergogne ces pluies qui ne cessent. Dans les canaux qui longent le chemin et dans les bois, partout, ce sont des concerts tonitruants sans fin et composés de milliers de vocalises indiscrètes que seuls leurs congénères sauraient décrypter. Le seul message que l'on doit en saisir, c'est celui de la présence ici-bas de beaucoup plus que nous-mêmes, de tous ces êtres qui existent aussi autour de nous sans que nous puissions les distinguer dans la pénombre mais dont les chants n'ont de cesse de témoigner de cette présence constante.
Fragile terre que nous condamnons partout. Ici demeure un des derniers bastions des batraciens quasi-inviolés. Signe qu'ici la nature a encore une chance et à la sauvegarde de laquelle je me promets et nous tous devons nous promettre de contribuer.

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