Quelques remarques sur le “miracle” albertain
Vue d'une partie du site des sables bitumineux de l'Athabaska
Remarques au sujet de l'émission Indicatif Présent consacrée à l'Alberta et en direct d'Edmonton, vendredi.
Comme le prétendait la chanson de propagande d'Ottawa dans les années 70, “Le Canada fait notre force, c'est l'unité dans la diversité”.
On vit une époque formidable, écrivait Reiser. D'un côté on signe l'Accord de Kyoto sur les changements climatiques et, de l'autre, on te fait une pollution sans précédent, – peut-être la pire au Canada – pour fournir en pétrole synthétisé nos Voisins du Sud qui, eux, non seulement ne signent pas Kyoto mais, de surcroît, consomment des quantités insensées de ce pétrole qu'on leur vend et qui est LA cause première des changements climatiques. “The American way of life is not negociable”, disait déjà Papa Bush en descendant d'avion à Kyoto, il y a belle lurette.
Est-ce que ça s'appelle être putains ou mercenaires? À tous le moins tellement contradictoires que c'en n'est même plus risible. Plus à plat-ventriste que ça tu meurs. On en vient presque à devenir àquoibonniste, tellement c'est gros.
De toute façon, même si on était assez vertueux pour ne plus leur vendre de pétrole, nous ne pourrions même pas! Contrairement aux Mexicains qui ont été moins stupides, nous avons signé non seulement l'autorisation mais le droit à nos chers Voisins de venir s'approvisionner chez nous en ressources naturelles autant qu'ils le voulaient, selon leurs besoins, dans les deux ou trois Accords de libre-échange. Qui plus est, ces multinationales du pétrole sont à peu près toutes américaines ou leurs actionnaires le sont. On ne possède pas grand'chose dans l'fond. Juste le droit, nous aussi, de nous graisser la patte, les miettes au passage... et de nettoyer derrière eux, comme on fait avec les invités lorsqu'ils ont eu la gentillesse de quitter. Seulement là, c'est le gros party! Le dégâts vont être à l'échelle de l'enivrement des convives.
Mais étant donné que nous avons un premier sinistre et sa sinistre de l'environnement qui viennent tous les deux du fief des protagonistes, ce n'est pas demain la veille que nous pourrons même imaginer un rapport à l'existence autre que cette fourberie sans nom.
Tout baigne dans l'huile aussi pour les Autochtones qui n'osent plus naviguer sur ce cloaque qu'est devenu l'Athabaska, ni pour les poissons, ni pour le reste de la faune et de la flore. L'homme doit dominer les espèces, voire l'homme doit couper toutes les têtes qui dépassent et qui empêcheraient que le fête puisse continuer.
Et on s'en va tous comme des moutons en Alberta profiter de la manne. Ah, c'est tellement merveilleux! L'argent coule à flot et nous n'avons qu'à nous pencher pour s'en abreuver. Il pue l'huile. J'étais là à écouter l'émission et à me demander si je ne devais pas aller en Alberta moi aussi. Et puis j'ai fermé la radio et me suis mis à réfléchir. Je suis déjà allé en Alberta. J'y ai même vécu un bout de temps à une époque lointaine. J'ai eu des bons rapports avec des Albertains et des Albertaines que j'ai rencontré jusqu'au Yukon. Vraiment rien à dire. Ce sont des humains comme tout le monde. Y a des Albertaines que j'ai trouvé plus que sympathiques et que je n'oublie pas. Donc rien à voir avec une aigreur, des clichés. Je m'en prends à nos fucking contradictions. On ne peut pas éternellement mettre la poussière sous le tapis, bons sang! C'est ça pour moi le “miracle” albertain.
J'ai de bonnes et de mauvaises nouvelles pour vous. Les mauvaises nouvelles, c'est que les Martiens ont débarqué à New York et se sont installés au Waldorf Astoria. Les bonnes nouvelles, c'est qu'ils ne mangent que des sans-abri, de toutes les couleurs, hommes, femmes et enfants, et qu'ils pissent de l'essence.Kurt Vonnegut - Un homme sans patrie, Denoël, 2006
Entrevue avec Brian Pincott, président de la division des Prairies du Sierra Club, donne un aperçu de l'état de l'environnement en Alberta. Il parle de l'exploitation des sables bitumineux, de l'influence des problèmes environnementaux sur la santé des Albertains, des pluies acides et il fait part de ses commentaires sur la nouvelle ministre de l'Environnement du Canada, l'Albertaine Rona Ambrose.
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