vendredi 19 mai 2006

L'imaginaire coloré sous un ciel gris


Palace Gate, Quebec looking down Mountain Street, by Cockburn James Pattison (1779-1847).
Library and Archives Canada, Acc. No. R9266-146 Peter Winkworth Collection of Canadiana
Je suis minimaliste gargantuesque (encore un oxymoron). Je veux dire par là que j'ai parfois des moments jouissifs dans la journée pour des petits riens. Ce matin Monique m'appelle de la bibliothèque municipale pour me dire que deux des livres que j'ai fait venir en PIB (Produit intérieur brut ou Prêt entre bibliothèques?) sont arrivés. Samedi dernier dans Le Devoir, on parlait de Jacques Marchand que je ne connaissais que vaguement et qui vient de publier un autre roman. On a alors mentionné ses précédents ouvrages dont une étude sur Claude Gauvreau qui lui avait valu des menaces de mort à l'époque. Intéressant, me suis-je alors dit. Premier livre.
L'autre jour je parlais à quelqu'un et lui mentionnais des scènes dans Tintin et L'étoile mystérieuse où le capitaine Haddock, faisant le modeste, ne souhaitant qu'une "larme" de scotch dans son verre d'eau minérale. Attendant les yeux fermés que l'on lui verse la boisson éthylique, la main sur le verre afin de s'assurer de la modération de la dose (tout en souhaitant ardemment le contraire), la “goutte” de scotch finit par déborder de la coupe volumineuse sur laquelle il inscrira peu après ses lèvres. Je voulais scanner ce passage car je le trouve fabuleux.
Puis Maude est arrivée avec des victuailles et des livres. Deux ouvrages que je ne connaissais pas et qui m'inspirent grandement: un essai de Luc Bureau, alors professeur de géographie à l'université Laval qui a pour titre “Entre l'Éden et l'utopie - Les fondements imaginaires de l'espace québécois”, paru chez Québec Amérique en l'an de grâce 1984. Le livre contient aussi des feuilles d'érables ramassées un automne et déposées là, entre le pages, peut-être par la première acquisitrice du livre en 1985. Incidemment un autre livre que j'ai commandé en PIB est justement sur ce thème de l'imaginaire: le “Dictionnaire des lieux imaginaires” d'Alberto Manguel et Gianni Guadalupi est coédité par Actes Sud et Leméac. Il est paru en 1998 et depuis ce temps je souhaite vraiment y jeter un œil. Celui-là je l'attends.
La seconde publication qu'elle m'a apportée est très singulière, voire assez rare car sûrement tirée à peu d'exemplaires. Il s'agit de la republication d'un ouvrage de James Pattison Cockburn, officier de l'armée britannique cantonné à Québec au début du XIXe siècle qui parut de façon anonyme en son temps sous le titre “Quebec and Its Environs: Being a Picturesque Guide to the Stranger”. On a établi qu'il s'agissait d'un ouvrage réalisé par Cockburn par un examen des croquis qu'il contenait. Cockburn est tout de même très connu de ceux et celles qui connaissent cette époque de l'histoire du Québec et du Canada. Cockburn utilisait donc ses temps libres d'officier de l'Armée britannique à peindre des aquarelles et à faire des croquis des paysages. Il n'était pas le seul de la garnison à ainsi occuper ses loisirs et la chose n'était pas inhabituel chez les officiers supérieurs de l'armée britannique. Ce petit catalogue accompagnait une exposition qui avait lieu au Agnes Etherington Arts Centre de l'université Queens à Kingston, du 10 septembre au 22 octobre 1978.
Bien détaillés, les croquis et aquarelles sont toutefois petitement reproduits ici. Ce qui frappe tout de même est la justesse et le réalisme du trait de Cockburn. Il n'essaie pas de trop enjoliver la réalité des lieux et lorsqu'on est familier avec Québec, on reconnaît vite les espaces et les immeubles qu'il a croqué, il y a plus d'un siècle et demi.
Un autre aspect auquel je songe en regardant les reproductions est celui que celles-ci ne précèdent que d'une décennie tout au plus l'avènement de la photographie. Le dessin, le trait est pratiquement annonciateur de la photographie, par son réalisme. C'est très étrange.
Maude m'a ensuite offert le petit déjeuner au resto de l'hôtel et nous sommes allés à une vente de garage sur la 257 vers Gould, aux confins de la municipalité. Il y avait là de belles brocantes et antiquités et quelques livres dont des titres que je n'ai pu m'empêcher de repêcher...

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