dimanche 5 novembre 2006

L'émulation du voisinage


Il y a à coup sûr un décalage monstre entre moi et l'environnement immédiat de cet hôtel: ses habitants. Nés sur la même planète, il appert que nous n'en interprétons pas le séjour ni de la même manière, ni sous le même angle, ni dans les mêmes registres. Cela n'a rien à voir avec un statut social car je n'en ai pas plus qu'eux et elles. Cela tient au sensible.
Voilà deux années et demi que je suis hors Montréal. J'en suis fabuleusement et à jamais ravi. Cela m'aura permis d'aller au bout de mes idées folles et de me casser la margoulette dans le processus. Je suis indéniablement un casse-gueule, un stunt man. Cela m'aura aussi permis de décanter assez systématiquement ce qui est un échec et ce qui est une expérience, car la peur de l'échec est le refus de l'expérience.
J'aurais pu m'épargner les malheurs qu'ont entraînées bien des choses que j'ai fomenté jusqu'à présent, depuis que j'existe puisque, dans la plupart des cas, l'échec pointait à l'horizon et j'en étais conscient. Inexorablement, la chrysalide alla percuter la flamme. Qu'est-ce à dire? Il m'est totalement impossible de comprendre la nature de mon engouement à échouer! C'est l'expérience qui compte. Elle fait fi des ouï-dires, des quant-à-soi et autres impressions altières qui jalonnent mon parcours, tel le passage d'une limace.
Le cheminement toujours sûr me fait fuir. Je ne vois pas l'intérêt de facilement réussir. Il y manquera toujours quelques chose. Je crains la finalité. Les images que me renvoient le dehors sont celles de la réussite. Il est sûr que ces images exercent un immense pression, mais la réussite de l'Autre n'est pas le reflet de l'Autre. Elle est un commentaire, une promotion. À bon escient sans doute. Mais l'on ne parle pas des échecs des autres ou très peu. Par respect. Pourtant pour une réussite, il y a souvent dix échecs. Il ne s'agit pas ici de dénigrer la réussite mais de décanter la propagande. La réussite des autres me stimule tout de même.
Les idées de création cogitent dans la caboche, à n'en pas douter. Mais le saut dans l'inconnu que représente la mise en marche d'un processus auquel se tenir n'est pas au rendez-vous. Il faut bien avoir quelque chose de sensé, de différent ou d'original à apporter qui s'insèrent dans l'ambiance du moment ou qui s'en extirpe de façon magistrale. Bref, je ne suis pas si kamikaze que j'en ai l'air. Il n'y a ni ligne d'arrivée ni rien à percuter. Que l'idée alchimique du processus de la recherche de l'or dans le plomb.
Parmi les idées qui me parcourent, il y a celle d'un one-man show sans décor autre qu'éclairages et sons. Il s'agit d'exprimer le parcours d'un individu à partir des différents sons qui traversent son chemin au quotidien. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. La scénarisation exige beaucoup de réflexion, ne serait-ce que pour éviter de tomber dans ce qui me hante constamment: le kitsch. En tout cas, il s'agit pour moi d'utiliser des heures d'enregistrement stéréo faites dans les rues de Paris, il y a longtemps.
Dans le même veine, j'avais déjà écrit l'an dernier à propos d'une photo de Reuters

Goran Tomasevic - Reuters
Je ne voudrais pas être cynique mais lorsque j'ai vu cette photographie, je n'ai pu m'empêcher d'y voir une occasion en or de devenir chorégraphe! Ma première création serait une performance à grand déploiement par une troupe de danseurs, sous des musiques modernes arabes et israéliennes, beaucoup de percussion, des voix de minarets, et des bruits d'explosions. Il y aurait un grand écran à l'arrière avec des images de ruines et une projection en plongée verticale de ce sol de gravier que l'on voit sur la photo. Cette photographie plus que tout autre récemment me fait vraiment penser à une chorégraphie… 7 mai 2005
Voilà que cette photo me hante de nouveau, seul dans la cabane à lire et à cogiter sans but. A tout le moins, on ne pourra pas dire que je broies du noir, seul dans mon antre. Il ne faut vraiment pas me connaître... Je pense que ce m'éloigne à jamais de la faune de cet hôtel réside justement dans le type de démarche qui nous différencie. Il semble que l'on prenne un malin plaisir à se contrarier et à se confronter constamment sur des choses auxquelles je n'accroche pas. en un conflit permanent entre les uns et les autres, à l'état brut. Pas besoin d'aller au Moyen Orient pour voir à l'oeuvre les pires aspects de la nature humaine.

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