L'hiver du charpentier
Nous sommes finalement entrés dans l’hiver avec quelque retard, mais en grande pompe… à neige. J’ai passé pratiquement toute la semaine à la cabane, tantôt dans la neige, tantôt dans le froid, tantôt dans des températures printanières, tantôt de retour dans des froids sibériens.
Mardi soir vers 22h, avec un mercure qui se recroquevillait vers les – 25º C, je décidai de faire les 9 km qui me séparent de l’hôtel sous un vent du nord-ouest d’un bon 30 km/h en pleine face. C’est tout à fait mon genre de toute façon. À Montréal lors de la journée la plus brulante de l’été 2003, j’avais entrepris de refaire complètement mon jardin en charroyant des kilos de roches depuis les abords du chemins de fer jusqu’à chez moi, à bécher la terre argileuse et à créer des motifs avec ces roches issues de rejets de mines. Alors comme je suis extrémiste je me dois de consciencieusement maintenir le cap; avec ironie.
Le défi était de taille en ce mardi soir. La cause était loufoque. Je venais d’écouter Ideas sur CBC Radio One, sur l’histoire du fer comme composant industriel à Coalbrookdale. Certains trouveront que le sujet est hautement ennuyant. Tout sujet est hautement ennuyant si on le traite de sorte qu’il le soit. Par contre, tout sujet devient captivant si on en découvre ces clefs qui autorisent un traitement captivant. Il aura bien fallu que dans ce cas-ci c’ait été le cas puisque je décidai donc d’enfourcher mon vélo par un temps pareil. Bof, cela est moins pire que l’on pense. Il s’agit de bien s’habiller et d’être patient, car dans le vent et la neige soufflante, le roulement devient quelque peu laborieux. Pas très différent que de faire du ski somme toute. Et puis sur 9 km: pas un chat, pas un char!
Mon idée était donc de venir à l’hôtel pour en faire l’enregistrement lors d’une diffusion ultérieure le soir même. Ayant quitté la cabane vers les 22 h, j’arrivai un peu avant 23h à l’hôtel. Je ne sais même plus si j’ai eu le temps de l’enregistrer depuis la diffusion albertaine ou celle de la côte ouest. Toujours est-il que le pari avait été tenu.
De retour vers la cabane le lendemain, je constatai de nouveau que le chauffage s’était arrêté à un moment donné. C’est dire que l’idée du clou dans le conduit du gaz, bien qu’astucieuse, n’empêcherait pas ces arrêts, étant donné que mon seul moyen de réduire le débit de gaz demeurait la valve principale de la bonbonne de gaz propane. Las de cette situation, je mis à exécution le plan B qui lui allait devoir résoudre une fois pour toute cette interruption de l’arrivée du gaz au brûleur. La solution était une valve autonome. Après avoir pris des renseignements qui me confirmait le manque d’imagination du fabricant et autres concepteurs, je me procurai donc le matériel nécéssaire : un bout de tuyau de cuivre, deux collets et une valve à mazout. En toute dernière minute, alors que j’étais sceptique face à un type de valve de plomberie qui, j’en était certain, allait me donner du fil à retordre, Sylvie, commis à la quicaillerie me montra d’autre valve que je n’avais pas vu. Ce fut mon Eurékâ! C’était exactement ce que je cherchais.
Je suis donc retourné enthousiaste à la cabane pour, hélas, constater que le gaz était de nouveau coupé. Alors là, je me mis immédiatement au travail. Je coupai le tuyau coaxial de caoutchouc du gaz avec mes gros ciseau à tôle, coupai le tuyau de cuivre en trois, en limai les bouts. J’en vissai deux des extrémités à la valve et les autres bouts étaient du parfait gabarit de l’orifice de caoutchouc, pour s’y insérer exactement, ce que je ne pouvais savoir avant de couper, mais que j’avais évalué comme étant ce qu’il en serait. Je serrai les collets. Je remis la chaufferette à sa place, ouvris la valve de la bonbonne, allumai le gaz. Jusque là tout baignait. La seule manœuvre qu’il me restait à tester, c’était donc la nouvelle valve. Je la tournai dans le sens des aiguilles d’une montre pour diminuer le débit du gaz Cela fonctionnait. Je tournai dans l’autre sens pour en augmenter l’arrivée. Positif. Voilà le problème désormais réglé comme je le voulais : passer de 0 à 25 000 BTU au besoin, au lieu des 15 000 minimaux que m’autorisait le concept auparavant. Et puis une fois que la cabane fut chaude dans ses murs et son plancher, je mis le débit au plus bas. Même au plus bas, je crevai de chaleur durant la nuit, j’ouvris l’autre pièce. Il faut dire que la nuit était torride avec ses -10ºC.
Hier matin, samedi, alors qu’il faisait -22ºC, le chauffage au plus bas me gardait alors confortable au point d’être en camisole, à l’intérieur bien évidemment.
Contrairement aux apparences, ma semaine aura été pleine de rebondissements intéressants dont je ne peux ici parler!!! Je planifie lentement mais sûrement mon départ compliqué de la région, départ qui aura lieu au plus tard en début mai. Trois mois. Héhé! C’est pas long ça!
On a commencé le changement des lampadaires de rues. Ceux-ci offrent désormais un éclairage vers le bas seulement, ce qui favorisera l’observation des étoiles à l’Observatoire, tout là-haut au sommet de mont Mégantic et partout ailleurs en vérité. Cette pollution lumineuse est insidieuse et les changements d'éclairage devraient s’étendre à l’ensemble de l’Amérique de Nord, en ce qui me concerne. Je ne veux certes pas aller en politique, mais plus le temps passe, plus je crois qu’il me faudra trouver le moyen d’ajouter mon grain de sel à l’ensemble des inepties dans la gouvernance de cette société! Cette cause-là (celle de l'éclairage) est la cerise sur le sundae. C'est une cause de luxe pendant que le monde se transforme en bain de sang sous une épaisse couche de carbone!
Si vous allez ou êtes du côté de Paris, ne ratez surtout pas l’exposition sur les rapports entre Venise et l’Orient au Moyen Âge qui se déroule en ce moment et jusqu’au 18 février à l’Institut du Monde Arabe, derrière Jussieu. Pour en avoir un compte-rendu exhaustif, je conseille l’écoute de l’émission Culture d’islam (France Culture) que j’écoute en direct en même temps que j’écris ces lignes et que vous pouvez réécouter sur le site de l’émission ou la télécharger. L’exposition se déplace par la suite au Metropolitain Museum of Art à New York du 27 mars au 8 juillet 2006. L’exposition couvre mille ans de rapports entre Venise et l’Orient.
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