J'ai déménagé ma culture
Samedi le 15 janvier 2005, 10h
Tel un escargot, le fond(s) de mes activités est demeuré sensiblement le même à la campagne. J'ai déménagé ma culture avec moi. On ne peut se fuir. Changer radicalement en une sorte de tabula rasa eût été un tant soit peu farfelu. La principale différence est l'ajout à cette culture de bien des aspects qui ne s'exprimaient que peu en milieu urbain: les travaux sur la maison, l'entretien du terrain sont en surcroît, un surcroît dont l'absence entamait mon enthousiasme, bien que je me sois employé à œuvrer manuellement dans mon petit espace rectangulaire montréalais.
L'hiver à la campagne a ceci de bien : elle oblige à un ralentissement du rythme. Dans la cité, aucune sensation de changements de rythme des saisons vient entamer l'ardeur: tout est linéairement pareil, à en devenir accaparant. Le jour n'est toutefois pas encore arrivé où je pourrais couper le cordon du boulot qui me relie à la ville : le travail est le même ici, consomme plusieurs heures par semaine, comme à la ville. La tendance sur ce plan est par contre déjà enclenchée avec ce travail à domicile. Le travail à l'extérieur dans une routine du 9 à 5 est désormais chose du passé. Terminé. Il s'agit là d'une donnée permanente, à moins que les conditions me sied sans compromis.
Je suis aussi venu ici que pour passer mon temps à réfléchir! Le regard clinique sur la société est celui-là. On pourrait même parler de regard hygiénique. Saturé du nombre incessant d'activités dans la ville, de bruits, de dérangements, d'interruption constante, de la difficulté de s'asseoir et de réfléchir.
Il ne s'agit pas de penser à vide tout de même! Je me suis abonné à certains magazines : (Harper's, The Atlantic Monthly, Parabola), à la sélection hebdomadaire du Christian Science Monitor et à un quotidien (Le Devoir) - en ligne, car par la poste c'est trop cher et trop lent. Je lis aussi des livres! Je lis en ligne, car je ne vais tout de même pas m'abonner à tout! Il y a désormais énormément d'études et de bons articles de fond, voire des articles académiques en ligne. Je suis de nouveau assez au courant de ce qui se passe au quotidien, après avoir tenté de ne pas m'informer pendant des mois. Mais je ne fais souvent qu'effleurer le quotidien. Il ne me touche pas, sauf pour quelques grands débats qui s'échelonnent dans la durée, jour après jour.
Il y a plusieurs façons d'être dans la durée. Chaque journée soulève son poids de poussière. Dans le brouhaha, on ne voit plus rien. J'aime le recul que procurent à la fois la distance physique et la distance psychique. Je tiens donc mordicus à ne surtout pas revenir à la ville. J'y ai tout de même vécu sans interruption pendant 28 ans!
Mes sujets de prédilection depuis plus de trente ans prennent le dessus désormais, moins sollicité que je suis par la ville et les déplacements. J'ai nommé les énergies alternatives, le rapport entre science et religion/spritualité. Dans ce dernier cas, il m'est devenu impératif de m'asseoir et de développer des thèses et, surtout, de lire beaucoup.
Nous avons une bibliothèque municipale! Pas mal pour un bled de 750 habitants. Elle n'est ouverte que 4 heures par semaine cependant. On peut y faire des prêts entre bibliothèque, ce qui est rassurant, étant donné qu'elle est bien peu garnie. A la mi-septembre, j'ai commandé Le rivage des Syrtes, de Julien Gracq. Ben, il vient d'arriver!!! Quelle performance!
J'écoute aussi la radio nommément VPR (Vermont Public Radio), France Culture, la BBC (en ligne) et CBC et... parfois Radio Canada, s'il s'y passe quelque chose de vachement intéressant.
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