dimanche 28 janvier 2007

Parcours du combattant


Cela a commencé par un mal de tête qui allait s'amplifiant. C'est la première fois que je me mets à réfléchir à cette donne: la localisation du mal de tête. C'est que cela m'arrive si peu souvent. Un mal de tête par cinq ans depuis que j'existe... Celui-ci était localisé dans le lobe frontal. Le mal ressemblait à une torture où lentement les membres sont étirés par un tourniquet dont la fonction serait de ramener deux bouts de courroies vers lui. Cette fois, il s'agissait des deux hémisphères que l'on semblait tirer l'un vers l'autre à la convergence de ce point que l'on nomme le troisième oeil et qui chez certaines femmes hindous est peint en rouge. Alors ce tourniquet tirait, tirait et j'entendais presque comme les craquements d'un voilier de bois dont les morceaux de charpente se frotte au gré des vagues...
Je décidai que je ne pouvais plus rien faire d'autre que de me coucher. Il était raisonnablement tard et ce ne fut pas très difficile de m'y soumettre. Pourtant, une heure plus tard, je devins convaincu de l'origine de ce mal de tête, car jusque là je n'en était guère sûr. Mon estomac donnait des signes de guerre intestine. Puis vint le moment que je craignais. Le calcul fut juste bon. Je me levai, mis mes bottes sans les lacer, mon monteau et mon chapeau. Je fis glisser la porte miroir pour sortir de la pièce et entrer dans l'autre. J'eus le temps de la refermer puis ouvris la porte principale et la refermer de même tout en descendant ce qui fait office d'escalier. J'avançai un peu et j'en fus quitte dès ce moment... pour évacuer mon souper.
Les maux de tête ne sont pas toujours logés aux mêmes endroits. J'ai finalement reconnu celui-ci car ce sont principalement ceux-là qui m'habite; si peu. Je ne saurais expliquer le pourquoi de cette indigestion, autrement que d'en attribuer la recette à de maivaises combinaisons alimentaires. C'était la première fois qu'une chose pareille m'arrivait la nuit à -27ºC. Je fus extrêmement content d'avoir mis manteau et chapeau avant de sortir.

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Depuis deux semaines je vis principalement à la cabane. J'y écoute la radio et j'y lis ou parfois écris quelques lignes et je réfléchis beaucoup. C'est jouissif. Cela m'évite d'être devant l'ordinateur, ce qui m'est pratiquement imparable lorsque je suis à l'hôtel. Pas que je perde du temps devant l'ordi car en plus d'écouter les radios qui me sont souvent accessibles que par l'internet, je lis, fais des recherches, écris ou télécharge des photos sur flickr. J'ai une activité au village et c'est pour cela que je ne rentre pas à l'hôtel à quelques 15 km, ce qui à vélo par -20º et moins deviendrait un peu contraignant. Le vélo aura aussi contribué grandement à restreindre mes aller et venus car la chaîne s'est brisée deux fois. La deuxième fois, j'allai au garage pour poser un rivet d'acier pour m'assurer de la solidité du maillon, car comme dit métophiriquement le dicton, une chaîne n'a la force que de son maillon le plus faible. Pour ajouter aux plaisirs de l'hiver à vélo, une couronne de billes du pédalier et bien sûr la vis qui la retenait ont déclaré forfait. J'en aurai été quitte cette fois pour transformer la cabane en garage et prendre les morceaux manquants sur un autre vélo que j'avais et qui, fort heureusement, avaient les gabarits correspndants de l'autre.
Il fait trop chaud à l'hôtel, au point où je dois ouvrir la fenêtre par -20º et même faire fonctionner le ventilateur pour faire s'engouffrer l'air glacial! J'ai déjà signalé cela mais je parle dans le vide. À la cabane, je contrôle mon chauffage. Il a fait pas loin de -30º cette semaine au dehors, mais un confortable 20 ou 21º au dedans, un écart presque suffisant pour faire s'envoler la cabane! 50º d'écart... Pour cela, il est bien évident que je brûle plus de gaz, mais cela demeure somme toute fort raisonnable. Le gaz est beaucoup moins polluant que le bois et j'ai peine à répéter à chaque fois à ceux et celles qui me demandent pourquoi je ne chauffe pas au bois que cela m'est tout simplement inpraticable dans les circonstances. J'aime l'odeur du bois qui brûle bien sûr mais ce sera pour une autre fois, dans un autre endroit. Il y a deux hivers je chauffais au bois. C'était une grande maison qui je chauffais ainsi sans cesse, interrompant constamment ce que je faisais pour aller chauffer le poêle. Je ne trouvais pas cela extrêmement palpitant ni tant efficace.

Cette semaine, il y a eu cette émission d'Ideas sur le devenir des musées ou sur les musées de l'avenir। C'était en fait une conférence donnée par un critique du New Yorker,Adam Gopnik dans le cadre de la première édition des Eva Holtby Lecture du Royal Ontario Museum. À un moment donné Gopnik déclare “We want to avoid the 'museum as mall, that is a place of pleasure in its cheapest form.” En temps normal, j'aurais sans doute été tout à fait d'accord avec lui. Mais il appert justement que cette assertion a justement déclenché chez moi l'effet inverse, à savoir que le type de démarche muséale dans laquelle je m'engage rejoint exactement l'idée du centre d'achat à l'américaine, que l'on appelle donc en anglais le "Mall", pour Shopping Mall. Il s'agit ici justement d'exarcerber le sens du shopping mall, endroit qui en Amérique du Nord est devenu un lieu de rencontre autant que d'achat, sinon plus. Les jeunes se retrouvent au shopping mall, de même que les vieux que l'on retrouve là assis parfois de l'ouverture à la fermeture des lieux, un des seuls endroits où les retraités désargentés ou peu riches se retrouvent pour briser l'isolement dont ils sont "victimes". Cela peut être triste à constater. Par contre, donner un sens autre au centre d'achat en profitant au maximum de l'aspect des cases que constitue les espaces normalement consacrés aux différentes boutiques ou grandes surfaces afin justement d'y faire valoir les objets est un bon mandat en soi. Et puis, plus tôt, dans la même émission, il y a eu la série de Nora Young qui débutait: "By design: The politics of everyday objects".

Parlant de centre d'achats, ceux-ci se retrouvent principalement en banlieue bien évidemment. Parmi les évocations de ces espaces et de ce qui s'y passe, je mentionnerais la pièce d'Eric Bogosian, “subUrbia” que j'ai lu il y a fort longtemps. C'était pour le moins destroy mais fort juste. Puis celle-ci devint un film qui respecte sensiblement le propos de la pièce. Celle-ci est joué constamment partout en Amérique du Nord. C'est l'histoire de jeunes qui vont s'entredéchirer aux abords d'un centre d'achat. La pièce a été traduite en français sous le titre “Urbanités”, ce qui me donne immédiatement de l'urticaire et me met en état d'apoplexie. Il serait franchement plus à propos de l'intituler “Banlieuseries” ou “Banlieusarderies”. Ce serait vachement plus proche du propos de la pièce que le pompeux “Urbanités”.

Et puis il y a ce vidéo d'Avril Lavigne, Complicated, qui montre bien le côté Destroy potentiel des jeunes dans les centres d'achats, qui y vont parce qu'ils n'ont, semble-t-il, rien à faire de mieux dans leurs banlieues blafardes.

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